[Covid-19] Témoignages d'éleveurs Bovins viande du Limousin
Les conseillers du réseau d’élevage Inosys Bovin Viande du bassin Limousin ont recueillis les avis d’éleveurs après la mise en place du confinement. Leur quotidien est forcément perturbé mais ce sont désormais les impacts de la crise en cours et surtout à venir sur la vente de leurs animaux qui les préoccupent.
Les conseillers du réseau d’élevage Inosys Bovin Viande du bassin Limousin ont recueillis les avis d’éleveurs après la mise en place du confinement. Leur quotidien est forcément perturbé mais ce sont désormais les impacts de la crise en cours et surtout à venir sur la vente de leurs animaux qui les préoccupent.
Pour mieux connaître l’état d’esprit des éleveurs allaitants de la zone Limousine les conseillers du réseau d’élevage Inosys Bovin Viande du bassin Limousin, ont interrogé une dizaine d’éleveurs de cette zone quelques semaines après la mise en place du confinement. « De façon assez unanime, les éleveurs nous ont raconté que la crise sanitaire « n’avait finalement pas eu trop d’impact sur le travail du quotidien ». A la mi-mars, ils étaient déjà bien occupés à préparer la sortie des animaux au pâturage, ce qui constitue toujours un pic de travail et se rajoute aux tâches habituelles comme l'alimentation, la surveillance, les soins aux bêtes. » explique un compte-rendu de cette enquête téléphonique mis en ligne sur le site de l’Institut de l’élevage.
Premiers chantiers d'ensilages
Petit point positif du confinement, certains éleveurs ont souligné le changement de contexte dans lequel ont eu lieu les premiers chantiers d’ensilage d’herbe, lesquels sont globalement plus précoces que d’habitude compte tenu de la météo de début de printemps. « Des chantiers d’autant plus faciles à conduire que les agriculteurs ont moins à se soucier des automobilistes sur les routes. » Mais de souligner également la perte de convivialité entre les éleveurs au moment de la réalisation de ces travaux collectifs. « Le repas, c’est chacun dans son coin ! » et souvent dans le tracteur. « c’est forcément moins convivial, mais l’entraide reste la priorité ». « Finalement, comme le confinement aura eu le mérite d’annuler toutes les réunions ainsi que les passages des techniciens ou commerciaux, beaucoup nous ont avoué, un peu moqueurs, qu’ils se sont sentis jusqu’à présent plus efficaces dans leur travail, car moins dérangés. » soulignent les conseillers dans leur compte-rendu.
Bobos soignés à distance
Côté santé des troupeaux, « les vétérinaires continuent de se rendre en général dans les exploitations pour les interventions urgentes : avec la fin des vêlages de printemps, les gros problèmes sont toujours possibles (vêlages difficiles, retournement de matrice, …). Pour les « petits bobos du quotidien », un coup de fil et le diagnostic est posé à distance.
Le suivi technique des cheptels demeure évidemment d’actualité mais le confinement complique la réalisation de certains travaux. « Pour Bovins Croissance, les passages des techniciens, d’abord complètement interrompus, redémarrent avec précaution : le pointage étant plus facile à gérer que la pesée qui nécessite la présence de l’éleveur. » Ce même confinement complique les achats de différents intrants pourtant nécessaires aux soins des animaux.
Des systèmes de drive ont été mis en place par les entreprises pour que les exploitants viennent chercher ce dont ils ont besoin. Les éleveurs reconnaissent que désormais, « il faut davantage anticiper les achats ». Par exemple, l’un d’entre eux raconte la procédure pour aller récupérer des médicaments : « c’est un peu folklorique : il faut passer commande au téléphone. Comme on ne peut plus rentrer dans le cabinet, il faut attendre que la secrétaire ouvre la porte, et dépose les produits sur le seuil ».
Bientôt la déclaration Pac
Avec l’arrivée des gros travaux de récolte des fourrage le suivi du matériel et surtout la crainte de ne pas pouvoir disposer de pièces de rechange dans les bons délais est une inquiétude majeure.
Il en est de même pour la déclaration Pac. Les éleveurs interrogés appréhendent un engorgement des rendez-vous et l’impossibilité de respecter les délais. « Plusieurs Chambres d’agriculture ont anticipé le problème en proposant de réaliser des déclarations par téléphone, d’autres s’apprêtent à accueillir à nouveau dans les bureaux, avec des précautions renforcées (gel hydro-alcoolique, masque et respect de distances entre conseiller et agriculteur lors des rendez-vous, vitre plexiglass, …). » souligne le compte-rendu de cette enquête téléphonique.
Quid de la conjoncture à venir pour le bétail
Le souci majeur à venir concerne la commercialisation du bétail. « Si les cours se maintiennent pour les meilleurs animaux, une plus forte segmentation provoque une baisse généralisée des cotations." De plus, avec le choc économique provoqué par le confinement généralisé, ils sont nombreux à redouter un marché durablement déprimé. "Si, à la crise sanitaire s’ajoute une crise économique, alors le chômage repartira à la hausse d’où un risque d’engorgement des marchés si la consommation et les achats des ménages reculent dans la durée." soulignent les conseillers. « Il faudra voir à la longue. Les cours de la viande bovine sont toujours à la remorque en économie », résume un éleveur. Une vision pessimiste contrebalancée par des petites lueurs d’espoir sur le développement de la vente directe ou des drives fermiers : « j’espère que ces habitudes vont perdurer dans le temps après la crise ».