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Conforter les disponibilités en bois issu des haies

Utilisateur de bois pour chauffer sa maison et « pailler » une partie de ses animaux, Gérard Vernis laisse « monter » la plupart de ses haies pour conforter les disponibilités en bois de son parcellaire.

À Franchesse, au cœur du bocage bourbonnais, la petite route qui conduit au domicile de Gérard Vernis est bordée de haies épaisses où, en cette fin d’été, le rouge vif des baies d’aubépine contraste avec le vert profond des feuilles de noisetiers. « J’ai toujours été soucieux de conserver les gros arbres présents le long des haies en veillant à préserver les jeunes tiges destinées à venir les remplacer », souligne Gérard Vernis, à la tête d’un élevage charolais inscrit avec 60 mères conduites en bio depuis 2010. Mis à part la vente de quelques reproducteurs, ses mâles sont castrés et vendus finis entre 36 et 40 mois. « En 2008, je suis allé en Normandie où j’ai rencontré des éleveurs déjà bien avancés sur cette valorisation du bocage. Cela m’a ouvert les yeux », souligne celui qui est également maire de son village. Les ressources en bois sont importantes dans ses parcelles. « Sur les 118 hectares de mon exploitation, il y a 15 kilomètres de haies et mes parcelles font en moyenne 5 hectares. » Deux ans plus tard, simultanément à la conversion bio, une chaudière à plaquettes vient se substituer à l’ancienne chaudière au fioul. Elle datait de l’ancien propriétaire et avait été installée quand ce combustible était encore bon marché. « Les sécheresses m’ont ensuite incité à démarrer le recours aux plaquettes pour le 'paillage'. Au début, je tâtonnais un peu sur les épaisseurs et les quantités, mais la technique est désormais rodée. Je réserve la plaquette litière pour toutes mes génisses et les lots de bœufs hivernés dans deux stabulations libres de 200 et 600 m2. Mes 60 vaches en vêlages centrés sur février sont toutes hivernées à l’attache. »

Désormais, à côté des 25 à 30 m3 de plaquettes utilisées pour chauffer les 150 m2 de la maison et l’eau, quelque 80 m3 sont utilisés pour le « paillage ». C’est appréciable dans la mesure où la paille de l’exploitation est, météo oblige, de plus en plus souvent utilisée additionnée de mélasse pour garnir les râteliers utilisés en été et en automne. Ce besoin en plaquettes avoisinant 100 à 120 m3 par an a incité Gérard Vernis à faire faire un diagnostic de la ressource disponible. Réalisé en 2014, il faisait à l’époque état de 3,7 km de haies basses, 5,8 km de haies basses ponctuées d’arbres, 450 m d’alignement d’arbres, 5 km de haies stratifiées hautes avec, pour compléter, une vingtaine de gros arbres isolés au milieu des parcelles. Le diagnostic a mis en évidence des disponibilités immédiatement mobilisables d’environ 720 m3, en grande partie issues des branches basses de gros chênes complétées par quelques rares haies hautes, prêtes à être exploitées.

Laisser monter les haies

Pérenniser et surtout conforter la ressource a incité Gérard Vernis à changer radicalement son fusil d’épaule pour l’entretien de son bocage. « Jusqu’en 2012, je taillais toutes les haies au carré comme c’est classiquement réalisé sur le secteur. Cela me prenait plus d’une semaine par an. » Décision a donc été prise d’arrêter de les broyer sur leur dessus en dehors des sorties de parcelles pour des questions de sécurité. Les haies ont donc « monté » et les essences dont elles sont composées ont favorisé ce phénomène. À côté des aubépines et des pruneliers, il y a selon les linéaires abondance d’érables champêtres, de noisetiers accompagnés de quelques chênes et frênes qui ne demandaient qu’à prendre de la hauteur. Côté clôtures, toutes les haies sont bordées de chaque côté par un fil électrifié. « Les deux premières années cela continue à demander des passages réguliers d’épareuse pour contenir la ronce. Mais quand la haie prend de la hauteur, elle lui fait de l’ombre. La ronce perd donc en vigueur ce qui permet d’espacer les entretiens. Les deux ou trois premières années, certaines tiges de noisetiers tendaient à se coucher sur la clôture électrique les lendemains de neige ou de tempête. C’est désormais moins vrai. Et quand je fais la tournée de surveillance, j’ai toujours avec moi mon 'gouillard' pour couper quelques tiges rebelles. » Mais une fois que la haie a pris de la hauteur, le temps consacré à son entretien est sensiblement réduit tandis qu’en croissant en hauteur et épaisseur les tiges qui la composent confortent la ressource en bois tout en piégeant du carbone. Les bovins apprécient également la meilleure efficacité printanière et automnale de ces coupe-vent comme de leurs ombrages. Ces haies offrent aussi davantage de feuillages comestibles à compter de la fin de l’été. Ce sera peut-être un atout si les années à venir continuent à être semblables aux quatre précédentes. « Je n’ai pas constaté d’évolution pour le rendement de la vingtaine d’hectares de céréales à paille que je cultive chaque année pour finir mes animaux. En revanche, il y a beaucoup plus d’oiseaux. L’hiver, ils ont toujours quelque chose à manger." La volonté de Gérard Vernis est aussi de conforter la présence des essences mellifères. « Je suis apiculteur amateur avec une dizaine de ruches. »

Saule têtard et agroforesterie

Pour conforter la ressource en bois et capitaliser du bois sur pied, Gérard Vernis a réalisé quelques plantations. Il a d’abord replanté une haie au milieu d’une parcelle en incluant dans cette dernière, noyers, merisiers et alisiers. En 2012, il a également opté pour de l’agroforesterie sur une prairie de 3 hectares un peu excentrée et utilisée seulement pour faire du foin avec là aussi principalement des feuillus précieux : lignes d’arbres espacées de 25 mètres avec un arbre tous les 10 mètres sur la ligne. Il a ensuite planté le long d’un ruisseau un alignement de saules blancs qui seront conduits en têtards. "J’ai récupéré les plançons chez un voisin et je les ai plantés tous les 10 mètres en faisant un trou d’un bon mètre à la barre à mine, comme on le ferait pour des peupliers. Pour les saules, la production de bois compte, mais je l’ai fait aussi pour le coup d’œil." Les résultats sont encourageants mais ces plantations souffrent des sécheresses récurrentes. « C’est triste et un peu décourageant. » Les chevreuils particulièrement abondants sur le secteur ont aussi bien abîmé plusieurs de ces jeunes arbres.

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