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Noreen Lanigan de Bord Bia
Brexit : l’Irlande inquiète mais toujours conquérante

Face à la sortie prévue du Royaume-Uni de l’Union européenne, l’Irlande compte continuer à faire ce qu’elle a toujours fait : exporter du bœuf et diversifier ses marchés.

Noreen Lanigan, directrice France-Belgique de l’agence Bord Bia dont le rôle est de faire l’intermédiaire entre les fournisseurs agroalimentaires et horticoles et leurs clients existants et potentiels. Son objectif est de promouvoir leurs produits et de développer de nouveaux marchés pour les fournisseurs.
© DR
Comment réagit l’Irlande suite au vote en faveur du Brexit ?

Noreen Lanigan - Nous sommes bien entendu inquiets par les choix qui pourraient être faits suite à l’annonce du Brexit. Le Royaume-Uni est notre premier client en ce qui concerne le bœuf. Il représente 50% de notre marché export en 2016 d’où une légère inflexion par rapport à 2015 (52 %), conséquence de la fluctuation de la livre sterling. Cependant, on exporte 90 % de notre production de bœuf. On a déjà dû gérer bien d’autres situations compliquées. Le Royaume-Uni n’est pas notre seul marché. En 2016, nos exportations ont augmenté de 5 % en volumes et n’ont baissé que de 1 % en valeur. Elles devraient d’ailleurs continuer à s’accroître du fait de l’augmentation de la production laitière et des naissances de veaux (estimation à + 5 %).

De plus, il peut se passer plusieurs années avant de ressentir des conséquences. Pour l’instant, il n’y a que des incertitudes. La vie continue. C’est pourquoi, on essaie de mettre en place un maximum de choses en amont et de trouver des solutions.

Comment ont évolué les prix aux producteurs ces derniers mois ?

N. L. - Le prix pour les producteurs irlandais a baissé de 5 % en 2016. Sur les premiers mois de 2017, la diminution a été moindre : - 2 %. Toutefois, cette baisse a été nettement plus importante pour les producteurs du Royaume-Uni puisqu’elle s’est élevée à 14 %, resserrant ainsi l’écart de prix entre bœuf irlandais et bœuf anglais.

L’Irlande compte-t-elle mettre en place une nouvelle stratégie export ?

N. L. – Notre stratégie de positionner le bœuf irlandais sur du haut de gamme et de diversifier nos marchés reste d’actualité. Notre force est également d’éclater les muscles. Et cela ne va pas changer. Nous sommes très actifs, industriels, Bord Bia et Ministère de l’agriculture. On voyage beaucoup pour essayer de ré-ouvrir les marchés encore fermés depuis la crise de l’ESB. Suite au Brexit, le nombre de ces visites a peut-être augmenté mais notre politique n’a pas changé. Nous venons d'ailleurs d'ouvrir (2e trimestre 2016) deux nouveaux bureaux, un à Varsovie et l'autre à Singapour, pour intensifier notre développement en Europe de l'Est et en Asie du Sud-Est.

Notre objectif depuis longtemps est d’ouvrir des marchés même si on ne les cible pas à l’export dans l’immédiat. Cela nous permet de rebondir rapidement. On peut citer l’exemple du marché russe, débouché conséquent pour le porc irlandais. À sa fermeture, l’export de porcs n’a pas chuté car on a replacé nos volumes vers des marchés ouverts qu’on ne visait pas auparavant.

Quels marchés allez-vous principalement cibler ?

N. L. – Quand on a une stratégie haut de gamme, on positionne les volumes les plus importants là où le prix est attrayant. Voilà pourquoi le marché anglais, qui demande principalement génisses et jeunes bovins, est intéressant. On travaille aujourd’hui sur l’ouverture de marchés hors UE. La baisse des exports vers le Royaume-Uni a été compensée par une augmentation des expéditions vers les pays tiers (qui représentent 5 % de nos exportations de boeuf en 2016 comparé à 2 % en 2015). La part de nouveaux clients à l’international va continuer de prendre une place de plus en plus forte. Sur le marché européen, on est déjà bien établi et c’est un marché ouvert. On essaie de percer sur des débouchés moins matures (comme l'Allemagne par exemple) grâce à un club de chefs internationnaux entre autres, au nombre de 89 pour l’instant et, ambassadeurs de notre produit. Certes la France est un pays intéressant (second marché après le Royaume-Uni) mais on se rend bien compte que dans l’immédiat ce n’est pas le marché sur lequel on doit se focaliser pour augmenter les volumes.

L’ouverture du marché américain pour la viande bovine européenne représente-t-elle une opportunité ?

N. L. – Ce marché est accessible depuis trois ans pour les muscles en provenance d’Irlande. Et l’est maintenant également pour le haché. Les prix ayant baissé là-bas, il représente un intérêt moindre actuellement. On n’écarte pas pour autant cette destination. On dispose déjà d’accréditations et d’un système en place. On a par ailleurs été les premiers en Europe à obtenir des autorisations d’accès en Chine où l’on bénéficie déjà d’un corps diplomatique et de commerciaux.

Continuer à diversifier nos marchés

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