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Bâtiment d’élevage : « Nous avons modernisé et agrandi une ancienne stabulation pour améliorer notre confort de travail »

Le Gaec Chassang, dans le Cantal, a opté pour la modernisation et l’agrandissement d’une ancienne stabulation. Le projet entrait dans le cadre du parcours à l’installation du fils, Pierre Alain. Les travaux engagés visaient en premier lieu à améliorer les conditions de travail des éleveurs, mais ils répondent aussi aux besoins actuels en termes de bien-être animal et d’environnement dans un contexte de changement climatique.

Pierre Alain Chassang a rejoint le Gaec de ses parents, Martine et Gérard, en 2015. Situés à Paulhenc, dans le Cantal, ils élèvent ensemble 115 mères de race salers. En 2020, en plein confinement, le fils décide de moderniser une ancienne stabulation en bois semi-ouverte, initialement prévue pour loger 60 vaches.

À partir du bâtiment existant, une extension a été construite pour augmenter la capacité d’accueil à une centaine de bovins. Vincent Charbonnel, conseiller spécialisé bâtiment à la chambre d’agriculture du Cantal a accompagné le projet pour rendre l’outil de travail le plus fonctionnel possible.

Donner une seconde vie au bâti existant

Désormais, une aire de couchage paillée accueille les vaches et les veaux dans des espaces séparés. Elle côtoie une aire d’exercice sur caillebotis de plus de 1 000 m2. Le projet a nécessité la création d’une fosse à lisier sous caillebotis de 564 m3, profonde de 2 mètres. Longeant la fosse sous caillebotis, la façade exposée sud-est est ouverte, prolongée d’une table d’alimentation sous auvent au sol en béton surfacé. Une aire de stockage pour les fourrages a trouvé place au bout du bâtiment, à côté d’une zone de contention extérieure.

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 La structure du projet est en bois, comme les bardages et les portes. Des éléments de polycarbonate apportent la lumière nécessaire à l’ambiance du bâtiment et animent les façades. La couverture est en tôle d’acier. « Au-dessus du caillebotis, nous avons installé le local technique, en mezzanine », relève Pierre Alain, qui apprécie grandement cet emplacement en hauteur.

« Nous avons opté pour la séparation des effluents d’élevage alors qu’avant, nous étions en aire paillée intégrale », ajoute le jeune éleveur. « Cette solution présente un intérêt double : elle limite la consommation de paille pendant la période hivernale et au printemps, elle permet l’apport de lisier derrière les premières coupes de foin, évoque le spécialiste Vincent Charbonnel. D’un point de vue agronomique, quand la fosse à lisier présente un volume assez conséquent comme c’est le cas ici, cette option mérite d’être considérée pour épandre aux périodes végétatives et réduire l’usage d’engrais chimiques. »

Faire des contraintes une opportunité

Un travail d’excavation dans la structure existante a été réalisé pour la création de la fosse, qui s’étend sous toute l’aire sur caillebotis. La forte pente du terrain a nécessité un travail important de terrassement pour la mise à niveau. « Finalement, la contrainte de la déclivité a nécessité d’adapter le projet de départ », précise Pierre Alain. En effet, le plan initial était pensé en tenant compte d’une nature du terrain identique sur toute la surface du bâtiment. « Quand nous avons gratté pour l’extension, nous nous sommes aperçus qu’à deux, trois mètres près, le type de sol n’était plus du tout pareil », reprend-il. 

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Les exploitants découvrent une veine argileuse alors que le reste du terrain est en schiste. « Il a fallu que nous procédions à un enrochement, et là Vincent, notre conseiller, a revu les plans en quatrième vitesse. » Le bâtiment est repensé moins large et plus long. « C’est mieux. Ça nous fait un petit bâtiment dans le grand. Nous avons fait un couloir au milieu, qui sert pour sevrer les femelles à l’automne. » Pierre Alain a financé les travaux en partie par 42 % de subvention PCAE. « Nous avons pu atteindre ce taux de subvention grâce à la modulation JA. 228 000 euros d’emprunt sont restés à ma charge. J’ai eu la chance de lancer le projet de construction au moment où les taux d’emprunt étaient abordables et les prix des matériaux n’avaient pas encore augmenté », confie Pierre Alain.

Combiner bien-être animal et confort de travail

Les travaux engagés ont conduit à l’arrêt de l’hivernage de nombreux bovins à l’attache en étable traditionnelle. « L’idée était de rassembler le troupeau mère et de concentrer les vêlages sur un seul site, tout en améliorant le confort des animaux », résume Vincent Charbonnel. « Je voulais réunir les vaches en stabulation et garder les étables entravées éventuellement pour le renouvellement » précise Pierre Alain. 

Les éleveurs souhaitaient cependant ne pas exploser les coûts pour le paillage : « 10 kg de paille par jour et par vache selon la durée de l’hiver, ça peut faire une grosse note », remarque Gérard. L’aire d’exercice sur caillebotis répond à cette attente. L’aire paillée est curée une fois dans l’hiver et une fois au mois d’août. « Le volume diminue bien de moitié. Ça fait moins de fumier à transporter, souligne Pierre Alain. Ce sont aussi des économies de trajet et de carburant. »

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Outre le confort de travail et le bien-être animal, Vincent Charbonnel note que le choix d’un bâtiment ouvert répond aux normes environnementales et climatiques. « Aujourd’hui, selon la zone géographique où se situe un projet, le choix des bâtiments semi-ouverts, même en zone de montagne, devrait être une éventualité. Les vaches supportent mieux d’être entre 0 et 5 degrés plutôt que d’être enfermées dans une stabulation à 25 degrés où le renouvellement d’air peut s’avérer insuffisant. » 

Le bâtiment, qui profite d’une bonne exposition, est à l’abri du vent et garantit ainsi deux ou trois degrés supplémentaires par rapport à la température extérieure. Les parcs à veaux se situent sur la partie arrière. « Tant que les températures ne passent pas en dessous des 8 °C, l’eau des bacs d’abreuvement ne gèle pas », remarque par ailleurs Gérard.

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La surface de vie par animal a aussi fait un bond, passant de 6 à 12 m2. « Les vaches sont bien plus paisibles, évoque Gérard. Il faut les voir en hiver, lorsqu’il n’y a pas une vache debout. » Qui dit confort des vaches dit meilleure production. Depuis la modification du bâtiment, les éleveurs assurent avoir gagné en GMQ sur l’hiver. « Le contrôle de performance nous a permis de quantifier le gain obtenu à environ 200 grammes par jour », évalue Pierre Alain. Sur la période hivernale en bâtiment, les veaux mâles atteignent 1 280 g par jour et les femelles 1 207 g, avec pour seul complément du foin à volonté. « Avant, en aire paillée intégrale, les vaches avaient tendance à se souiller la mamelle, les veaux tétaient moins bien, nous relevions davantage de mammites sur les mères », poursuit-il.

Martine remarque que le troupeau est aussi plus calme depuis que les veaux sont séparés de leurs mères la journée et la nuit. Elle apprécie la réduction de temps et de pénibilité. Bien que Gérard et Martine aient l’âge de partir à la retraite, ils restent pour le moment parce qu’ils aiment ce qu’ils font. Mais si leur fils était amené à travailler sans eux, « il arriverait à faire ce qu’il a à faire seul ou bien simplement avec une petite aide à côté », conclut Martine.

Vincent Charbonnel, conseiller spécialisé bâtiment à la chambre d’agriculture du Cantal

« Aujourd’hui, moderniser les bâtiments pour un jeune qui s’installe, c’est indispensable »

 

 
Vincent Charbonnel, conseiller spécialisé bâtiment à la chambre d’agriculture du Cantal
« Les bâtiments d’élevage doivent répondre aux normes réglementaires, aux attentes de la société et des consommateurs, mais leur structure doit aussi être pensée de façon à assurer la qualité de vie du jeune qui s’installe. Dans certains cas, projeter une installation sur une exploitation sans la moderniser, c’est courir le risque de voir le repreneur se renfermer sur lui-même et qu’il finisse par jeter l’éponge dans cinq à dix ans. Il est primordial que les jeunes arrivent à bien adapter leur outil de travail, à gagner du temps et du confort pour avoir une vie sociale comme tout le monde. Alors que le nombre d’UGB par UTA a tendance à augmenter, la modernisation des bâtiments d’élevage est un enjeu incontournable. L’avantage de ces projets-là, c’est qu’ils réunissent tout : le confort de travail, le bien-être animal et les mises aux normes environnementales et climatiques. »

Fiche élevage

115 mères inscrites au herd-book Salers
180 ha de SAU, dont 95 % de prairies naturelles
90 % en IA, le troupeau est conduit en race pure
Les éleveurs vendent des reproducteurs mâles et femelles et jouissent d’une belle reconnaissance pour la qualité génétique de leur troupeau

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