Accroître l’origine « France » dans la RHF
Bien des hommes politiques ne sont guère cohérents entre leurs discours et leurs actes. L’approvisionnement des restaurants de collectivités en est un exemple.
Le débouché de la restauration hors foyer concerne 300 000 tonnes de viande bovine par an, soit 20 % des 1,5 million de tonnes consommées en France chaque année. C’est, de plus, un secteur pour lequel les tonnages sont en progression, compte tenu de l’évolution des habitudes alimentaires. « C’est aussi sur ce créneau que l’on trouve la plus forte proportion de viandes importées. 80 % de la viande bovine consommée dans les circuits de la RHF est de l’import », rappelait Emmanuel Bernard, vice-président d’Interbev Bourgogne à l’occasion d’une table ronde organisée sur ce sujet lors des journées « Charolaises » organisées fin août 2014 à la ferme du Marault.
Pour leurs approvisionnements, les cantines des collectivités procèdent à des appels d’offres. À cause de leurs tarifs compétitifs, les gestionnaires de ces cantines donnent souvent priorité aux produits importés. On en arrive à avoir des cantines scolaires ou des restaurants administratifs situés en régions d’élevage qui sont approvisionnés par de la viande bovine qui a parfois fait des milliers de kilomètres entre l’élevage et l’assiette.
Des marges de progression considérables
Or ce sont souvent des élus qui président ces cantines de collectivités. Très en verve en tribune devant un micro lorsqu’il s’agit de défendre la cause de l’élevage local, le discours n’est pas toujours en phase avec les actes lorsque le même élu reprend sa casquette de gestionnaire de collectivité. « Il est important de leur rappeler leurs responsabilités. Il y a dans les circuits de la RHF des marges de progression considérables pour la viande française », rappelait Emmanuel Bernard.
Régis Taupin, éleveur dans la Nièvre et président de « Charolais de Bourgogne » a mis en avant cette démarche, laquelle concerne 1600 éleveurs bourguignons, 5 chevilles et 5 OP pour 500 tonnes de viande vendues l’an dernier en collectivité. Une démarche qualifiée « d’exemplaire ».
Autre exemple dont il a été question lors de cette table-ronde, celui de Sicaba dans l’Allier, petit abattoir de statut coopératif spécialisé dans les produits label et bio. « Nous sommes tout à fait capables d’approvisionner la restauration collective. Nous fournissons d’ailleurs plusieurs cantines scolaires », a précisé Luc Mary, son directeur. Et de reconnaître que si la crise de 2001 avait été à son époque une bonne opportunité pour développer les parts de marché, il a fallu batailler pour les conserver. « Il faut travailler de façon contractuelle. Une opération de mise en place d’une viande française de qualité dans une collectivité ne doit pas juste servir à donner une caution ponctuelle pour rassurer les parents à un instant donné, puis nourrir le reste de l’année les enfants avec de la viande importée. »