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100 % logettes et zéro paille pour les femelles d’élevage

Au Gaec Beybot, en Corrèze, tous les animaux d’élevage sont hivernés dans des stabulations associant logettes et couloirs raclés. Ce principe sera étendu l’an prochain au bâtiment d’engraissement des vaches de réforme.

Avant d’opter pour des stabulations associant logettes et couloirs raclés, la quasi-totalité des lots du Gaec Beybot étaient en plein air intégral. Avant de construire, Fabrice Beybot s’était fixé quelques priorités. « Je voulais un bâtiment fonctionnel où une personne ait la possibilité de travailler seule dans de bonnes conditions, en retenant le principe du libre-service pour limiter le temps passé à affourager. Je voulais également un coût de fonctionnement réduit, en acceptant pour cela d’avoir un investissement initial plus important. » Avec une exploitation située à Saint-Fréjoux, à côté d’Ussel, dans le Nord-Est de la Corrèze, la consommation en paille a été analysée de près. « Je me suis vaguement posé la question d’une pente paillée mais je me suis vite rabattu sur les logettes. Ici, la paille c’est, selon les années, autour de 80 centimes le kilo rendu. Tarifs que je considère comme prohibitifs s’il faut en mettre 8 à 10 kilos par vache par jour. Mes beaux-parents sont producteurs laitiers avec un bâtiment à logettes. Cela m’a donné des idées. De toute façon, pour avoir une stabulation libre vraiment économe en paille, je ne vois pas d’autres solutions que la logette. Sur ce volet, comme sur la gestion de la ressource en herbe et du pâturage, les éleveurs allaitants gagneraient à analyser de près le fonctionnement des systèmes laitiers. »

Deux stabulations identiques de 63 places

Fabrice Beybot a, dans un premier temps, réalisé des esquisses du plan souhaité et en a discuté avec Jacques Bois, technicien bâtiment à la chambre d’agriculture. « On a revu ensemble différents détails. Les deux stabulations ont été construites en 2007, exactement sur le même modèle, et mises en service à l’automne 2008. » Chacune héberge 63 vaches suitées réparties en trois lots de 21 têtes. L’une a bénéficié d’une extension sur sa longueur pour les deux lots de génisses de renouvellement (24 têtes chacun), toujours sur ce même principe logette + couloir raclé. « Je n’utilise pas un gramme de paille pour les vaches et mes deux lots de génisses. Juste un peu pour les cases à veaux et les cases de vêlage. Mais, comme le gros des naissances a lieu en février et mars, les besoins sont limités". Un bâtiment économe en paille l’est aussi en temps de travail. Pas de paille à stocker, pas besoin de pailleuse et pas besoin non plus de curer puis épandre le fumier. Le lisier est épandu en début de printemps. « Quand je m’y mets vraiment, les 950 m3 de la fosse sont vidés en trois jours. » Quant aux cases à veaux, situées en enfilade à l’arrière des bâtiments, elles sont paillées manuellement. Ce qui permet par la même occasion de bien surveiller leurs occupants. « Avec du vêlage de fin d’hiver, mes parcs à veaux ont la bonne dimension. Ils seraient un peu justes si j’optais pour du vêlage d’automne. Mais, actuellement, ce n’est absolument pas mon intention. » Elles sont curées en fin d’hiver avec une chargeuse compacte de type Bobcat de location.

Des vêlages en logette surveillés de près

Toutes les vaches vêlent en logettes. « Au début, je les rentrais dans le parc de vêlage, mais elles étaient inquiètes et se préparaient mal. Depuis qu’elles restent entre copines, je trouve que cela se passe mieux. » Elles sont en revanche surveillées de très près depuis la maison avec une caméra multidirectionnelle équipée d’un puissant zoom. Le positionnement des deux rangées de logettes a d’ailleurs été réalisé pour voir l’arrière des vaches et non leur tête avec la caméra. Le rail de cette dernière se situe au-dessus de la ligne de râteliers. « Dès que le vêlage est imminent ou que le veau est né, je descends, même la nuit, pour isoler le veau avec sa mère dans la case de « vêlage ». C’est une habitude à prendre. Ça ne me dérange pas dans la mesure où avec la caméra, je ne me lève pas pour rien. » Hormis pour quelques génisses, la plupart des vêlages se déroulent sans grande difficulté et les veaux prennent vite l’habitude d’aller dans leur parc, dans la mesure où il n’y a que là qu’il y a de la paille. Certains se couchent aussi souvent à l’extrémité de la logette, juste sous la tête de leur mère.

Les hivers qui ont suivi la mise en service, les logettes étaient garnies de sciure achetée localement, à raison d’environ un kilo par logette tous les quinze jours. Mais, entre le marché du pellet qui a fait grimper le prix de la sciure, le travail pour épandre cette dernière et l’impact sur la qualité du lisier, le choix a été fait d’investir dans un tapis. « C’est cher mais confortable, et ça semble inusable. » Après avoir raclé les rares bouses qui tombent à l’extrémité des logettes, les racleurs sont mis en route deux fois par jour. « Mais uniquement lorsque je suis dans le bâtiment. Je ne veux prendre aucun risque avec les veaux. »

Le racleur bloqué par le gel

Avec une exploitation à 800 m d’altitude, les périodes de gel prolongé sont un motif d’inquiétude. Il est courant en cours d’hiver que les racleurs soient gelés le matin. Le raclage est alors, si possible, réalisé en fin d’après-midi. En 2012, le thermomètre est descendu à -20°C plusieurs nuits consécutives. « Les vaches n’étaient pas plus sales pour autant car les bouses gelaient au fur et à mesure. En revanche, quand le dégel est arrivé, j’ai été obligé de tout racler avec le tracteur. Cela reste un mauvais souvenir mais il ne m’est arrivé qu’une fois en dix ans. Si je devais refaire ces bâtiments, je ne modifierais quasiment rien. J’élargirais peut-être d’un mètre les cases des veaux à l’arrière du bâtiment. J’opterais aussi probablement pour une fosse de stockage pour chaque bâtiment. » Actuellement il n’y en a qu’une, avec à l’extrémité de chaque stabulation une pré-fosse de petite capacité régulièrement vidée au bulldozer dans la fosse de stockage, laquelle a une capacité de 1 000 m3 et permet de tenir un hiver entier si ce dernier n’est pas trop humide. Pour les mois à venir, l’ambition est de réaliser une petite stabulation pour la finition des réformes avec, alors, des cases de cinq, mais toujours en retenant ce principe logettes + couloir raclé.

Sur le net

Retrouvez notre diaporama consacré aux logettes du Gaec Beybot sur notre site bovins-viande.reussir.fr

Combien ça coûte ?

Le coût de la construction de ces deux stabulations (hors extension pour les deux lots de génisses) a été de 430 000 € en 2008 au moment de leur construction, soit 3413 € par vache.

27 % de ce montant concernait des travaux de maçonnerie, 32 % la charpente (en bois) et la couverture et 10 % les tubulaires. Une partie des travaux ont été réalisés en autoconstruction.

Du foin en libre-service

Qu’elles soient en fin de gestation ou suitées, les vaches ont une ration qui repose uniquement sur du foin. Il est en permanence disponible dans les râteliers en libre-service, conçus pour n’être regarnis qu’une fois par semaine. Même chose pour les deux générations de génisses. Ces dernières bénéficient également d’un kilo de concentré par tête par jour. Difficile de faire plus économique en temps d’affourragement, dépense en gasoil et usure du tracteur ! « Il m’arrive de rester pratiquement une semaine sans démarrer de moteur, du moins pour les soins aux animaux. Ce que j’aime, c’est suivre mon troupeau. Je suis un éleveur, pas un conducteur de tracteur. Mon système d’affourragement est adapté aux vêlages de fin d’hiver avec des vaches qui n’ont pas de gros besoins en bâtiment », souligne Fabrice Beybot. Sauf incident climatique, la première coupe est récoltée en foin et les regains sont pour partie enrubannés et réservés en priorité aux deux lots de génisses. Pas question non plus de chercher à grossir le format des animaux, avec le risque induit d’accroître les besoins d’entretien et de dégrader les qualités d’élevage. La plupart des vaches pèsent de 400 à 430 kg carcasse au moment de la réforme, et les taureaux sont achetés en conséquence en visant davantage les épaisseurs que les hauteurs. Les auges en libre-service sont réapprovisionnées en début de semaine avec des bottes rectangulaires (80x80) de 300 kg positionnées tout le long du bâtiment.

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