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En élevage bio : 100 % d’IA sexée femelle et un maximum de vêlages à deux ans

Chez Adeline et Yohan Baudouin dans les Deux-Sèvres. Avec la conversion vers l’agriculture biologique, la conduite de la reproduction des Blondes et des Parthenaises est en pleine restructuration. L’objectif est de vendre un maximum de jeunes femelles de boucherie dans cette filière.

À Fenioux, dans les Deux-Sèvres, Adeline et Yohan Baudouin ont entamé la conversion de leur élevage à l’agriculture biologique en novembre 2018. Depuis déjà un certain nombre d’années, toutes les reproductrices sont inséminées, une grande partie des génisses vêlent à deux ans, et la conduite est très cadrée. Une étape supplémentaire vient d’être franchie vers l’optimisation économique des UGB présentes. « Nous avons défini, par rapport à notre parcellaire et système fourrager, l’objectif de 100 vêlages par an et toutes les femelles nées sur l’élevage seront élevées jusqu’au premier vêlage. » lls conservent l’équilibre actuel entre 80 % de Blondes et 20 % de Parthenaises. Jusque-là, les mâles étaient engraissés en jeunes bovins. Bien que l’élevage soit complètement autonome pour leur engraissement, grâce notamment à la culture de maïs et de soja (non irrigué) qu’ils font toaster, ainsi qu’à des associations pois triticale, et des fourrages récoltés sur leurs prairies multiespèces, Adeline et Yohan Baudouin ont décidé d’arrêter l’engraissement des mâles. « La vente de jeunes femelles de boucherie en filière bio valorise beaucoup mieux notre travail. Et nous tenons à jouer la logique de filière, en vendant un maximum d’animaux en bio. » Ainsi, ils ont décidé d’inséminer toutes les reproductrices avec de la semence sexée femelle.

Le projet qui commence à être mis en place est de conserver une seule période de vêlage de deux mois à l’automne, correspondant à une mise à la reproduction sur six semaines. Les génisses de 15 mois qui ne sont pas pleines à l’issue de cette période seront remises à la reproduction à 21 mois, pour vêler au printemps à l’âge de 30 mois. Elles seront ensuite systématiquement mises à l’engraissement afin de ne pas développer de groupe vêlant tous les ans à cette période. Et leurs filles par contre réintégreront le circuit pour arriver à un premier vêlage à l’automne à 30 mois.

100 vêlages prévus et 90 femelles de boucherie vendues par an

« Nous prévoyons, pour assurer nos 100 vêlages dans la période impartie, de mettre 160 femelles à la reproduction chaque automne. Les 80 premières pleines seront conservées pour vêler, et nous arrêterons les inséminations », explique Adeline Baudouin. « Cela donne beaucoup de souplesse au système. » Toutes les vaches qui ne sont pas gestantes après deux inséminations – les deux étant réalisées avec de la semence sexée femelle — iront aussi systématiquement à l’engraissement.

Ainsi, cet automne 2018, ont été inséminées 35 primipares, 29 génisses de 21 mois et 19 génisses de 15 mois. Après six semaines de mise à la reproduction, 83 d’entre elles sont pleines et 10 vides. « Au total, nous avons utilisé 1,75 paillette par femelle mise à la reproduction et 1,64 paillette par femelle gestante », annonce Yohan Baudouin. Des résultats tout à fait honorables. Pour les primipares, le résultat est meilleur qu’escompté avec 1,6 paillette au total (et 1,51 paillette par vache pleine). « Le résultat le moins bon est celui des génisses de 21 mois, mais je sais qu’elles ont manqué un peu d’énergie dans leur ration cet été (1,8 paillette par génisse pleine). Pour les 15 mois, cela a vraiment bien marché car on est à 1,26 paillette utilisée par génisse pleine. »

1,75 paillette par femelle mise à la reproduction

Le surcoût d’une paillette sexée femelle est d’environ 30 euros par rapport à la semence conventionnelle. Il faut commander à l’avance toutes ses paillettes et le « retour gratuit » n’existe pas. Statistiquement, il naîtra bien quelques mâles, car le taux de fiabilité annoncé est autour de 90 %. « Ces quelques mâles seront vendus broutards au sevrage. » Adeline et Yohan Baudouin apprécient que depuis cette année, en race Blonde, des paillettes contenant 4 millions de spermatozoïdes au lieu de 2 millions sont proposées par Auriva. L’élevage est situé sur la zone desservie par la coop de mise en place Evolution.

Les éleveurs ont investi cette année dans un détecteur de chaleurs (sense time). Cent cinquante colliers sont nécessaires ici, ce qui représente un certain investissement. « Nous pensons que cela a participé à optimiser les résultats de l’IA cette année. Et je suis complètement déchargé mentalement de la surveillance des chaleurs. Les résultats sont bons et c’est d’un confort incomparable » raconte Yohan Baudouin. Les éleveurs essaient de ne pas inséminer sur la première chaleur, et vérifient grâce au monitoring que la femelle est bien cyclée avant d’appeler l’inséminateur. Aujourd’hui, ils utilisent pour les Blondes les cinq taureaux proposés par Auriva en semence sexée femelle. « Ils sont plutôt complets, avec des qualités maternelles, donc ils répondent à nos besoins », explique Adeline Baudouin. Deux d’entre eux sont adaptés aux génisses, et vont aussi sur des vaches un peu mixtes. « On choisira le taureau en fonction des origines pour contrôler la consanguinité. Ensuite, il n’y aura pas beaucoup de questions à se poser. » Tous les ans sont proposés un ou deux nouveaux taureaux en semence sexée pour l’instant. Les éleveurs tablent sur le fait que ce marché va se développer, si d’autres éleveurs se lancent comme eux.

Pour l’heure, Adeline et Yohan Baudouin jonglent entre les stocks de fourrage « conversion bio » et « pas conversion bio » pour arriver à la certification bio en deux ans au lieu de trois, et optimisent le nombre de bêtes qui seront prêtes à vendre pour cette échéance. Ils ont encore plein de projets en tête pour améliorer leur système d’élevage, à commencer par la mise en place de dérobées et du pâturage tournant dynamique.

 

 

Moins de vêlages et plus de produit

"À nombre d’UGB présents équivalent, ce système permet de réduire le nombre de vêlage et de dégager davantage de produit", explique Yohan Baudouin. Au lieu de vendre 55 femelles de boucherie à 2 750 euros et 55 mâles à 900 euros, c’est-à-dire réaliser 200 750 euros de produit, les éleveurs vont vendre 90 femelles à 2 750 euros. Avec 247 500 euros, le produit en plus est évalué à 46 750 euros. Des charges supplémentaires sont engagées, pour la semence sexée et surtout pour l’augmentation de la surface en cultures au détriment de la surface en prairies, pour produire les rations d’engraissement. "Le bilan est largement positif." Le nombre de primes ABA est réduit mais davantage de primes pour les cultures bio seront touchées. Le fait de baisser le nombre de vêlages allège la charge de travail et réduit la pression sanitaire dans les bâtiments. Le suivi du troupeau peut être encore plus précis. Il faudrait également chiffrer l’avantage apporté par la semence sexée sur l’accélération du progrès génétique et le fait que le troupeau reste jeune. Dans le cas de cet élevage, le passage à la semence sexée a d’autre part financé, avec la décapitalisation des vaches, le départ en retraite du père de Yohan Baudouin, tout en permettant une recapitalisation très rapide ensuite.

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