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Les vendanges en palox allient qualité et faible pénibilité

Récolter ses raisins en palox est l’option retenue par ces quatre viticulteurs. Ils mettent en avant le respect des raisins, la facilité de manipulation et la simplicité d’organisation des chantiers, qu’ils soient manuels ou mécaniques.

Certains vident directement les seaux dans les palox, tandis que d'autres emploient des hottes.
Certains vident directement les seaux dans les palox, tandis que d'autres emploient des hottes.
© J.-F. Vaillant

Jean Dietrich, vigneron au domaine Achillée, à Scherwiller, dans le Bas-Rhin

« Les palox permettent de respecter les raisins, de ne pas les triturer »

Jean Dietrich, vigneron au domaine Achillée, à Scherwiller, dans le Bas-Rhin« Les palox permettent de respecter les raisins, de ne pas les triturer »
Jean Dietrich, vigneron au domaine Achillée, à Scherwiller, dans le Bas-Rhin« Les palox permettent de respecter les raisins, de ne pas les triturer » © J. Dietrich
« Sur le domaine, nous avons 27 hectares de vigne, avec tous les cépages alsaciens, et 8 hectares de fruitiers. Ces derniers sont récoltés en palox, il nous a donc paru plus simple d’utiliser aussi les palox pour le raisin. Nous sommes en bio et biodynamie et ces apports en palox nous permettent de ramener du raisin sain et intègre au chai. Lorsque nous les vidons, il n’y a pas une seule goutte de jus qui tombe. Or c’est notre objectif car nous vinifions en nature. La bonne qualité de la matière première est primordiale.

Ce mode de récolte n’a que des atouts par rapport aux caisses. La qualité est la même mais la manutention beaucoup plus simple, tout est assisté par tracteur ou Fenwick. À la vigne, nous déposons les palox au sol dans un rang de vigne, dans la largeur dans les vignes larges, et en longueur dans les étroites, et nous les remplissons au seau. Puis nous avons un lève palettes sur le tracteur qui vient chercher les palox et en gerbe quatorze sur une remorque. Une fois au chai, nous disposons d’un retourneur sur le chariot élévateur, qui permet de vider la vendange dans les pressoirs ou dans les cuves. Pour les premiers, nous avons un genre de rail avec un entonnoir qui va d’un pressoir à l’autre et évite toute trituration. Au début du remplissage, on gonfle un peu la membrane du pressoir pour limiter la chute des raisins. Les pressoirs, de 52 hl, sont dimensionnés pour recevoir l’équivalent d’une remorque bien chargée.

Pour les seconds, nous n’égrappons rien, mais foulons aux pieds dans les palox. Les cuves de macération ont été dimensionnées pour que l’on puisse déverser le contenu des palox dedans via le chariot télescopique.

Les palox font 80x120, avec une hauteur totale de 60 cm mais utile de 35 cm. Ils sont ultrafaciles à laver. Un coup de Kärcher et en trois minutes, tout est parfait. Nous les stockons à l’abri du soleil. Ils ont 8 ans maintenant et sont encore comme au premier jour. Il faut faire attention à ne pas les percer avec les fourches mais c’est tout. Sur les soixante achetés, nous avons dû en percer trois. Mais ceux-là servent à vider le marc sous le pressoir, quand d’autres servent à la fin de la macération.

Le seul petit point noir pourrait être le stockage. Les palox s’empilent les uns sur les autres, mais contrairement aux botiches, ils ne s'encastrent pas les uns dans les autres. Cela prend davantage de place mais c’est très stable, donc on peut en empiler plusieurs. »

Jean-François Vaillant, viticulteur au domaine Les Grandes Vignes, à Thouarcé, dans le Maine-et-Loire

« Le travail avec des palox diminue la pénibilité »

Jean-François Vaillant, viticulteur au domaine Les Grandes Vignes, à Thouarcé, dans le Maine-et-Loire« Le travail avec des palox diminue la pénibilité »
Jean-François Vaillant, viticulteur au domaine Les Grandes Vignes, à Thouarcé, dans le Maine-et-Loire« Le travail avec des palox diminue la pénibilité » © J. -F. Vaillant
« Nous sommes en bio et biodynamie depuis environ vingt ans et élaborons des vins nature sans intrants, avec très peu de SO2. 80 à 90 % des surfaces sont vendangées manuellement. Jusqu’à peu, nous récoltions en petites caisses mais cela demandait beaucoup de manutention et générait de la pénibilité. Les palox étaient assez employés chez les producteurs de crémant de Loire, ce qui nous a incités à les tester.

Les chariots du domaine Les Grandes Vignes, à Thouarcé, permettent de regrouper quatre palox.
Les chariots du domaine Les Grandes Vignes, à Thouarcé, permettent de regrouper quatre palox. © J.-F. Vaillant
Nous avons troqué les cagettes pour des palox de taille palette europe (80x120) il y a trois ans. Nous n’avons observé aucun changement de qualité entre les deux contenants. On pourrait penser que cela génère des jus d’écrasement, mais nous ne récoltons pas de raisins surmûris donc au plus, il y a un ou deux litres de jus sur 300 kg de vendange. En revanche, pour les vendanges tardives, que ce soit de pourriture noble ou de passerillage, nous conservons des cagettes.

Les palox ne sont jamais en contact avec le sol, ce qui limite fortement leur salissure. À la vigne, ils sont disposés sur un chariot avec boggie à raison de quatre par appareil, tiré par des tracteurs. Nous avons fait réaliser ces chariots en acier galvanisé par un artisan local ; ils nous ont coûté 20 232 euros les six. Les palox, quant à eux, valent 122,65 euros net (prix 2023).

Les vendanges en palox limitent les triturations du raisin et la pénibilité liée à la manutention des caisses.
Les vendanges en palox limitent les triturations du raisin et la pénibilité liée à la manutention des caisses. © J.-F. Vaillant
L’organisation du travail est bien meilleure depuis que nous avons les palox. Avant, les coupeurs remplissaient très vite les caisses, il fallait toujours courir. Par ailleurs, il y a un gain de temps. Même s’il est difficile à évaluer, il est bien réel. Enfin, les cagettes se manipulaient à la main, tandis que là, il n’y a aucun effort physique à réaliser.

Une fois au chai, on transporte les palox avec un chariot élévateur muni d’un retourneur. Il bascule les baies sur une sauterelle équipée d’une trémie élargie à la réception.

Pour ce qui est de l’entretien, le nettoyage est très simple et rapide, un coup d’eau suffit. Les premiers, qui ont 3 ans, commencent à souffrir. On en a percé un ou deux par accident avec les fourches, mais je pense que sinon, ils peuvent facilement tenir dix ans. »

Renaud Pierson, viticulteur au domaine de Montgrignon, à Billy-sous-les-Côtes, dans la Meuse

« Il n’y a pas de perte de temps et c’est polyvalent quand on a de l’arboriculture »

Renaud Pierson, viticulteur au domaine de Montgrignon, à Billy-sou-les-Cotes, dans la Meuse« Il n’y a pas de perte de temps et c'est polyvalent quand on a de ...
Renaud Pierson, viticulteur au domaine de Montgrignon, à Billy-sou-les-Cotes, dans la Meuse« Il n’y a pas de perte de temps et c'est polyvalent quand on a de l'arboriculture » © R. Pierson
« Avec mon épouse, nous avons repris l’exploitation familiale de mon père et de mon oncle qui comprenait plus de 25 hectares d’arbres fruitiers et 10,5 hectares de vigne. L’exploitation était en vendanges palox depuis les années 1980. Avant, nous récoltions en belons, des genres de cuves ouvertes en bois, que l’on devait décharger à la fourche. Puis nous sommes passés aux palox pour les griottes et nous avons eu l’idée de vendanger aussi le raisin ainsi afin de faciliter le travail, de gagner du temps et de respecter davantage le raisin car il n’y a pas de gros tassements. Les palox peuvent aussi servir avec des vendanges mécaniques.

Ils ont plusieurs atouts par rapport à une benne. Lorsque celle-ci est pleine, on doit attendre, tandis qu’avec les palox, il n’y a pas de perte de temps. Cela évite d’avoir à investir spécifiquement pour une benne à vendange alors qu’on a les palox pour l’arboriculture. On peut mettre un couvercle s’il pleut, afin de ne pas diluer la vendange.

Les palox vieillissent bien. C’est quasi éternel si on fait attention à ne pas donner de coup de fourche. Ils sont gerbables à volonté ce qui fait qu’ils ne prennent pas trop de place au stockage. L’entretien est simple. Un nettoyage à l’eau et une désinfection rapide. On pulvérise le désinfectant, on laisse poser 10 minutes, on rince et c’est fait. »

Sébastien Michelas, du domaine Sébastien Michelas, à Mercurol, dans la Drôme

« C’est un outil flexible, qui simplifie l’organisation du travail »

Sébastien Michelas, du domaine Sébastien Michelas, à Mercurol, dans la Drôme« C’est un outil flexible, qui simplifie l’organisation du travail »
Sébastien Michelas, du domaine Sébastien Michelas, à Mercurol, dans la Drôme« C’est un outil flexible, qui simplifie l’organisation du travail » © S. Michelas
« Les palox ont beaucoup d’avantages. Je vendange 4 hectares à la main et une dizaine à la machine, mais les palox s’adaptent aux deux modes de récolte. À l’achat, ils coûtent moins cher qu’une benne à vendange et peuvent en outre avoir plusieurs usages en cave. Ils permettent d’être plus pointu et évitent de brasser ou triturer les raisins avec une pompe. Et surtout, ils fluidifient l’organisation du travail. Si, par exemple, le pressoir est plein pour les blancs, on peut mettre de la neige carbonique sur le dessus des palox, les fermer et les mettre au frigo en attendant. De même, si le pressoir est plein, on peut tout de même finir de vider la cuve en laissant le marc dans les palox, et nettoyer la cuve pendant que le pressoir tourne.

À la vigne, on dispose les palox sur une remorque fruitière qui passe sans problème dans nos vignes à 2,30 m. Au chai, on vide les palox directement dans les cuves ou le pressoir, sans passer par une pompe à vendange. Le brassage de la machine à vendanger est déjà bien suffisant. Avec des cuves assez hautes, les palox servent aussi lors du décuvage, ce qui évite là aussi d’avoir recours à une pompe. Ils peuvent aussi être utilisés pour les remontages ou pour vider le pressoir.

Le nettoyage est simple, mais facilité par un retourneur, qui permet d’égoutter le palox avec le chariot.

L’inconvénient des palox est qu’ils prennent de la place au stockage. On peut les gerber en hauteur, mais il faut pour cela disposer d’un bâtiment suffisamment haut. Par ailleurs, leur manutention nécessite plus de main-d’œuvre qu’avec une benne à vendange. Il faut des personnes pour mettre les palox sur la remorque, les décharger, les vider, les mettre au frigo ou dans le pressoir, les laver, etc. »

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