Origine et adaptation locale Une variété occitane qui a failli disparaître
Une feuille conservée dans un herbier de 1954 archivé au domaine de Vassal de l'Inrae, a permis d'identifier le cépage retrouvé à Villaudric. © IFV Le
bouysselet a été redécouvert en 2008, à Villaudric, en Haute-Garonne, grâce au domaine de la Colombière qui a signalé la présence de plusieurs pieds d’un
cépage blanc dans une exploitation voisine, sur une parcelle
préphylloxérique . Une découverte intriguante dans ce vignoble de l’appellation fronton dédié aux rouges ou rosés. Son analyse génétique ne le reliant à aucun cépage de la collection nationale de Vassal, c’est une feuille conservée dans un herbier de l’Inrae de 1954 qui a permis de retrouver sa trace. Elle s’était perdue en 1975, lorsque le VDQS
(1) de villaudric a laissé la place à l’AOC fronton. Le bouysselet a été inscrit en 2016 sur la liste A du
Catalogue des variétés de vigne et classé. Grâce à l’état sain des pieds retrouvés, il a pu être multiplié. Il est planté aujourd’hui localement sur près de 20 hectares, selon Frédéric Ribes, président de l’appellation
fronton qui évoque un
« engouement » .
« Il n’a pas de sensibilité particulière au mildiou ou à l’oïdium . En revanche, ses grappes compactes le rendent vulnérable au botrytis » , souligne Olivier Yobrégat, ingénieur agronome à l’IFV. Parmi les maladies du bois, il craint notamment l’esca.
(1) Appellation délimité de qualité supérieure
Phénologie et caractéristiques agronomiques Maturité tardive et acidité
Le bouysselet débourre sept jours après le chasselas. Il présente des feuilles orbiculaires, qui vont d'entières à trilobées. © IFV C’est un
cépage au port dressé, relativement productif. Le site
plantgrape.fr estime qu’une
taille longue permet un potentiel de production
« correct » . Sa maturité est tardive.
« Sur des terroirs chauds qui dégradent l’acidité, lui la tient » , pointe Olivier Yobrégat. Les
sols pas trop pauvres, ni trop drainants lui conviennent.
« Il a besoin d’être confortable » , résume Diane Cauvin du domaine de la Colombière, qui le cultive, avec son conjoint Philippe Cauvin, sur désormais 3 hectares. Ils le mènent en
guyot simple . Compte tenu de sa replantation dominante en
surgreffage avec des
sélections massales , les vignerons évoquent avec prudence sa phénologie. Il semble toutefois qu’il n’aime pas la
sécheresse .
Potentialités œnologiques Des vins amples et qualitatifs
Le monocépage du domaine de la Colombière est positionné en haut de gamme. © La Colombière Alcool, acidité, tanins sont trois caractéristiques du
cépage .
« Il donne du volume avec une bonne base acide. Au-delà de son histoire, il a un vrai intérêt technique , apprécie Olivier Yobrégat.
C’est un cépage de bouche avec une capacité à l’élevage sur lies ou en fûts. » « Le bois lui va bien » , confirme Diane Cauvin. Il titre en général entre 13 et 14,5 % vol. Il se prête à différents types de vinification. À la Colombière, il est vinifié en
monocépage ou en
assemblage avec chenin et sauvignon.
« Au départ, on ne pensait pas que ce serait bon tout seul » , se remémore la vigneronne.
« C’est un vin contrasté, on a un peu d’alcool et des notes qui peuvent être de fruits cuits, safranées, épicées, de pâte de coing, miellées, de citron mûr, de pomme, un pH de 3,15 et beaucoup de minéralité , décrit-elle.
Il ne faut pas le boire trop tôt. » Les tanins issus de sa peau épaisse incitent à des infusions très douces si l’on envisage un vin de macération. Le domaine l’a tenté également en
pétillant naturel avec du macabeu et du chardonnay ou encore en oxydatif du fait de sa parenté avec le savagnin. La construction d’une AOC à partir de ce cépage est lancée dans le Frontonais.
carte d’identité Origine Haute-Garonne
Couleur blanc
Surface cultivée en France 18 ha en 2023 (source : FranceAgriMer)
Issu d’un croisement entre savagnin et le plant de cauzette
Pas encore de clone agréé