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FNB : « Les promesses gouvernementales annoncées en début d’année pour l’élevage bovin ne sont pas tenues »

Dans l’attente pressante de la nomination du ministre de l’Agriculture, la Fédération nationale bovine a réitéré les dossiers prioritaires pour l’élevage bovin, confronté à des crises graves. Les manifestations agricoles de ce début d’année avaient découlé sur une série d’engagements du gouvernement Attal, dont beaucoup restent en suspens.

vaches allaitantes de race salers suitées au pré dans la Somme
La nomination du nouveau Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire se fait attendre alors que les éleveurs bovins ont besoin de solutions financières urgentes en lien avec les crises climatique et sanitaire actuelles.
© S.Bourgeois

« Nous espérons que le nouveau gouvernement, une fois formé, se mettra rapidement au travail, car des dossiers majeurs pour l’élevage bovin sont pour l’heure en attente », indique Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine (FNB) lors d’une conférence de presse organisée à Paris ce mardi 10 septembre.

La prise en charge des pertes liées aux maladies vectorielles jugée insuffisante

L’un des plus urgents est d’ordre sanitaire. « Le gouvernement Attal avait promis de définir une vraie stratégie pour lutter contre les maladies vectorielles. Or, nous nous apercevons que nous devons sans cesse monter au créneau pour obtenir la commande de doses de vaccins », s’agace le président. C’était le cas pour le sérotype 3 de la fièvre catarrhale ovine (FCO) dès le début de l'été mais ça l’est aussi actuellement pour la maladie hémorragique épizootique (MHE). D’après le syndicat, seules 2 millions de doses vont être mises à disposition d’ici mi-septembre alors qu’il en faudrait 20 millions pour protéger l’ensemble du cheptel souche bovin français (en comptant deux doses par animal).

« Ce n’est pas normal qu’on soit obligés de mettre la pression pour obtenir des commandes massives de vaccins », indique Patrick Bénézit, président de la FNB.

Au-delà de la disponibilité des vaccins et de la logistique qui s’accompagne pour que chacun y ait accès suffisamment tôt, c’est l’indemnisation des pertes directes et indirectes qui fait défaut. « Au total, une enveloppe de 100 millions d’euros, cofinancée par l’État et le FMSE (1), avait été débloquée pour couvrir les pertes directes et indirectes des élevages touchés par la MHE, qui concernait environ 5 % du cheptel bovin français. Mais ça n’a pas suffi à prendre en charge l’intégralité des dégâts subis par les éleveurs », constate Patrick Bénézit.

L’anticipation par le vaccin est la bonne solution.

Le président de la FNB alerte sur la nécessité d’activer la réserve de crise européenne pour avoir des moyens financiers à la hauteur des pertes. « L’anticipation par la vaccination des troupeaux reste la bonne solution. Plus il y aura d’animaux protégés en amont, moins il y aura d’indemnisations à débloquer après coup », poursuit-il.

À moyen terme, le syndicat espère des avancées significatives dans le cadre de la loi de santé animale européenne. « Si les vaccins contre les maladies vectorielles, ou à défaut les PCR, étaient reconnus à l’échelle des différents États membres, les échanges commerciaux seraient bien plus fluides. »

Un indice satellitaire défaillant pour mesurer les pertes de production en herbe

Parmi les autres dossiers chauds, le syndicat s’inquiète à nouveau des défaillances de l’indice satellitaire Airbus pour mesurer les pertes de production dans le cadre de l’assurance prairies. « La grande majorité des éleveurs, confrontés à une pluviométrie excessive, se retrouvent avec des fourrages de qualité très dégradée, voire non récoltables dans les zones inondées », rapporte Cédric Mandin, secrétaire général de la FNB.

Or, « nous savons que la mécanique indicielle ne fonctionne pas en cas d’excès d’eau ou encore d’épisodes de grêle », se désole Patrick Bénézit. Pour permettre un recours, seule une expertise de terrain peut faire foi.

Ce dernier pointe par ailleurs le manque de transparence de l’État qui s’était engagé à partager les indices aux éleveurs trois fois par an et qui, à date, n'ont toujours pas été dévoilés pour l’année en cours. Quant à l’observatoire de la pousse de l’herbe qui devait être consolidé, les relances restent là encore sans réponse.

Les prix appliqués en viande bovine restent inférieurs aux coûts de production

Autre source d'inquiétude, « les niveaux de prix pratiqués en viande ou dans le maigre ne sont toujours pas à la hauteur des coûts de production. » Actualisés pour le premier semestre 2024, les indicateurs de prix de revient s’établissent à 6,20 euros par kilo de carcasse pour une vache charolaise de type R =, à 6,78 euros pour une génisse R +, à 6,00 euros pour un jeune bovin U- et à 4,10 euros le kilo vif pour un broutard de 400 kg.

« La contractualisation ne peut s’appliquer sans une prise en compte réelle des coûts de production, conformément aux EGA », martèle Patrick Bénézit.

Retrouvez le détail des indicateurs de référence « coût de production et prix de revient » pour les gros bovins de type viande ici

Plus largement, le président de la FNB attend de réelles avancées sur la reconnaissance des modèles agricoles durables dont font partie les ruminants. « Cette reconnaissance doit être accompagnée d’une véritable cohérence politique », reprend Patrick Bénézit, qui pointe les tentatives actuelles de signature de l'accord de libre-échange avec le Mercosur, totalement délétère pour la filière bovine.

(1) Fonds national agricole de Mutualisation du risque Sanitaire et Environnemental

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