Comment évolue l’agriculture bio en Bretagne ?
Combien de nouvelles exploitations bio ont vu le jour en Bretagne en 2023 ? Et combien ont arrêté de se certifier, pour revenir en conventionnel notamment ? Le point avec les chiffres de l’observatoire régional de l’agriculture bio.
Combien de nouvelles exploitations bio ont vu le jour en Bretagne en 2023 ? Et combien ont arrêté de se certifier, pour revenir en conventionnel notamment ? Le point avec les chiffres de l’observatoire régional de l’agriculture bio.
Deux fois moins de nouvelles fermes bio en Bretagne qu’en 2016
Le nombre de nouvelles fermes engagées en bio en 2023 en Bretagne s’est élevé à 240 selon l’observatoire régional de l’agriculture biologique. C’est presque deux fois moins qu’en 2016 (432) et le chiffre le plus bas enregistré en 8 ans. Sur ces 240 fermes nouvellement certifiées bio seules 20% proviennent de la conversion de fermes conventionnelles alors que cette part était de 64% en 2016. En 2023, l’observatoire a aussi enregistré 178 arrêts de certification en bio en Bretagne, chiffre assez stable par rapport à 2022 représentant toutefois le plus haut jamais observé en Bretagne.
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Plus de productions végétales bio à forte valeur ajoutée et moins d’élevage bio
Agrobio 35, qui a révélé ces chiffres lors d’un wébinaire organisé le 10 octobre, a réalisé une étude auprès de ces 240 nouveaux engagés et des 178 fermes ayant arrêté la certification pour connaitre leur profil. Respectivement 48% et 44% d’entre eux ont répondu.
On observe une végétalisation de l’agriculture bio bretonne
« En 2023, on observe une végétalisation de l’agriculture bio bretonne. De moins en moins d’éleveurs s’engagent en bio », commente Sébastien Julliard, chargé d’études pour l’observatoire régional de l’agriculture biologique, au vu des résultats. Ainsi 67% des nouvelles fermes bio bretonnes sont spécialisées en productions végétales à forte valeur ajoutée (production légumière notamment), 16% élèvent des ruminants, 15% sont spécialisées en grandes cultures et 2% seulement sont des élevages de monogastriques.
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Un retour vers le conventionnel qui monte en puissance en Bretagne
Du côté des arrêts de certification bio, on observe une surreprésentation des élevages monogastriques qui représentent un quart des arrêts. « Ces arrêts concernent à 75% des élevages de poules pondeuses et toutes nous disent que leur intégrateur leur a demandé d’arrêter le bio pour passer en production sous label rouge », commente Sébastien Julliard.
Leur intégrateur leur a demandé d’arrêter le bio pour passer sous label rouge
Dans le détail, parmi les fermes ayant arrêté la certification bio, 40% des fermes maintiennent une activité agricole mais retournent en conventionnel (part la plus haute jamais observée depuis 8 ans), 30% partent à la retraite et 30% arrêtent leur activité hors retraite. En 2016 seuls 10% des arrêts concernaient le retour en conventionnel.
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La raison : le trop faible écart des prix entre bio et conventionnel
Alors qu’en 2020, 50% des agriculteurs qui se déconvertissaient évoquaient des problèmes techniques et 50% disaient ne plus avoir besoin de certification car commercialisant en direct, aujourd’hui la raison principale évoquée est « le trop faible écart des prix entre bio et conventionnel », explique Sébastien Julliard.
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1 hectare bio sur 3 transmis part en conventionnel
L’observatoire régional de l’agriculture biologique s’est aussi demandé ce que devenaient les hectares bio après le départ d’agriculteurs bio en retraite. Résultat : 55% sont transmis en bio et 33% partent en conventionnel. Cette part n’était que de 1 ha pour 30 en 2020 et 1 pour 9 en 2022. Un phénomène qui inquiète Agrobio 35. « En trois ans, le nombre d’hectares bio qui partent en conventionnel a été multiplié par 10 sans qu’on s’en rende compte », souligne Sébastien Julliard.
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Comment éviter l’évaporation de ces terres en bio ?
Pour contrer « l’évaporation de ces terres en bio » Agrobio 35 souhaiterait se rapprocher des Safer, souligne Virginie Roussel, administratrice d’Agrobio 35 et référente de la commission régionale installation-transmission. Le groupement d’agriculteurs bio d’Ille-et-Vilaine propose notamment de mettre en place une convention de veille foncière avec la Safer pour exercer le droit de préemption foncière afin de préserver les exploitations en agriculture bio en cas de risque de changement de destination agricole par un projet en agriculture conventionnelle et se positionner contre les extensions conventionnelles pour favoriser les exploitations en agriculture bio.