Bâtiment d'engraissement en porc : quatre nouveaux concepts imaginés par les éleveurs
Quatre concepts de bâtiments d’engraissement visant des performances axées sur l’environnement, le travail et le bien-être ont été imaginés par des éleveurs de porcs dans le cadre d’ateliers participatifs.
Quatre concepts de bâtiments d’engraissement visant des performances axées sur l’environnement, le travail et le bien-être ont été imaginés par des éleveurs de porcs dans le cadre d’ateliers participatifs.
![<em class="placeholder">L’animation d’ateliers participatifs avec des éleveurs a permis d’imaginer et de se projeter dans une nouvelle génération de bâtiment. IFIP</em>](https://medias.reussir.fr/porc/styles/normal_size/azblob/2025-02/_rpo324_strat_equipement_techporc_concepts_lead_01.jpg.webp?itok=TutgspQV)
Dans le cadre du projet BâtiPorc C4E, l’Ifip et les Chambres d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire ont réuni un collectif d’éleveurs pour échanger sur une nouvelle génération de bâtiments d’engraissement capables de concilier plusieurs thématiques clés : respect de l’environnement, meilleure prise en compte du bien-être animal, amélioration des conditions de travail et réponse aux attentes sociétales.
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Dix ateliers réunissant une soixantaine de personnes ont fait ressortir de nombreux points communs.
Un bâtiment fermé pour réduire le temps de travail des éleveurs de porc
D’une manière générale, l’ensemble des participants considère qu’il est primordial de rester sur un bâtiment fermé pour faciliter et minimiser le temps de travail, mais aussi pour protéger les animaux d’éventuels problèmes sanitaires.
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Malgré tout, afin de limiter la sensation de cloisonnement et d’améliorer l’attractivité des élevages, l’intégration de plus de lumière naturelle a animé de nombreux débats. Généralement, les éleveurs choisissaient une combinaison de solutions parmi des bandeaux lumineux sur le mur, des puits de lumière, de grandes fenêtres ou encore un lanterneau-verrière. Pour le sol, le caillebotis reste la référence afin de conserver des animaux propres, réduire les temps de lavage et assurer des performances zootechniques correctes. Lorsqu’un autre type de sol a été envisagé (gisoir par exemple), il était systématiquement associé à une surface importante de caillebotis afin de limiter les risques. Concernant la densité animale, les éleveurs concèdent qu’il peut être judicieux de la réduire, mais estime qu’il faut aussi rester raisonnable : ils ont donc choisi une surface par porc allant de 0,7 à 1 mètre carré.
Le porc mâle entier s’impose
Au sujet de la conduite de l’élevage, il y a eu assez peu de débats pour choisir l’arrêt de la castration et la gestion de mâles entiers. Selon les éleveurs, la filière dispose de suffisamment de recul et ils connaissent les clés de la réussite et les points de vigilance sur ce sujet. Par contre, les débats sur les queues longues ont été beaucoup plus animés. Les éleveurs souhaitent franchir le pas pour des raisons de conditions de travail et de réponses aux attentes sociétales. Mais ne se sentent pas suffisamment armés techniquement pour réussir cette transition. Ils estiment qu’il existe encore trop d’incertitudes sur les facteurs provoquant les épisodes de cannibalisme et que les pertes financières sont trop importantes lorsque la caudophagie commence. Enfin, sur les conditions de travail, les débats ont été rapides et unanimes. La nouvelle génération de bâtiment doit être compatible avec l’utilisation d’un robot de lavage pour faciliter cette tâche pénible et chronophage.
Des approches très différentes des bâtiments d'engraissement en porc
Malgré ces nombreux points communs, sur les dix ateliers réalisés, quatre concepts se dégagent avec des approches très différentes :
Bâtiment high-tech à la recherche d’optimisation : il est composé de grandes cases de 80 porcs avec un haut niveau d’automatisation (racleur sous caillebotis, robot de lavage, trois alimentateurs par case). Selon les besoins d’allotement, un jeu de cloisons permet de diviser la case en deux avec un alimentateur pour 27 porcs d’un côté et deux alimentateurs pour 53 porcs de l’autre. La surface par porc est réduite (0,7 m²/porc), mais la taille de groupe importante permet de réaliser des économies d’échelle et de libérer des espaces de vie dans la case pour aménager trois zones distinctes (alimentation, repos, déjection).
![<em class="placeholder">bâtiment high tech composé de cases de 80 porcs avec trois alimentateurs</em>](https://medias.reussir.fr/porc/styles/normal_size/azblob/2025-02/_rpo324_strat_equipement_techporc_concepts_lead_04-120x73a.jpg.webp?itok=f7amNhl8)
Pour le type de sol : 80 % de la surface est sur caillebotis béton et 20 % est sur une dalle pleine en contrebas avec une distribution d’une fine couche de paille. L’idée est de distribuer la paille sur la dalle disposant de 3 % de pente. La paille souillée est ainsi envoyée sous le caillebotis pour être ensuite évacuée par un système de raclage. Selon la propreté de cette zone, l’éleveur peut avoir la possibilité de la condamner via des barrières pour aider les animaux à trouver une autre zone de défécation.
Bâtiment traditionnel, avec des cases de 15 porcs et un système d’alimentation de type soupe. La surface allouée par porc est de 1 mètre carré avec un tiers de gisoir et deux tiers de caillebotis (plastique et béton). Le gisoir est bombé et positionné au milieu de la case afin de limiter le risque de salissure. Au-dessus de celui-ci, des râteliers à paille sont disposés en guise d’enrichissement pour les porcs. Des racleurs sont présents dans les fosses pour permettre une évacuation correcte des effluents. Ce modèle reste très conservateur. Les éleveurs ont insisté sur les bénéfices de ce système déjà bien connu et reconnu. Il faut s’appuyer dessus à l’avenir.
![<em class="placeholder">Bâtiment traditionnel avec des cases de 15 porcs</em>](https://medias.reussir.fr/porc/styles/normal_size/azblob/2025-02/_rpo324_strat_equipement_techporc_concepts_lead_02-120x62a.jpg.webp?itok=SoUl0ogw)
Bâtiment en grands groupes. Les cases hébergent 280 porcs chacune, avec une densité maximale de 0,9 m²/animal. La salle est sur caillebotis intégral. Elle est équipée d’une station de tri qui pèse les animaux, puis les oriente vers deux zones d’alimentation. L’aliment est distribué dans des auges courtes. Une variante à ce concept consiste en un mixte aire paillée–caillebotis. L’idée est d’avoir un groupe de 250 porcs en litière accumulée complétée d’un bloc fermé sur caillebotis intégral permettant de loger et d’alimenter 30 porcs avec des nourrisseurs. L’objectif est d’y mettre les animaux les plus petits, les plus fébriles et ceux n’arrivant pas à s’adapter au trieur et au grand groupe pour leur permettre de rattraper leur retard de croissance.
![<em class="placeholder">Salle "grands groupes" avec deux déclinaisons possibles</em>](https://medias.reussir.fr/porc/styles/normal_size/azblob/2025-02/_rpo324_strat_equipement_techporc_concepts_lead_03-120x63a.jpg.webp?itok=DsW3g9RM)
Bâtiment deux en un, avec des cases de 30 porcs en «wean to finish». La surface allouée par animal est de 1 mètre carré en fin d’engraissement, mais les animaux entrent dans la salle dès le sevrage. De ce fait, les éleveurs prévoient un système de cloisons mobiles permettant de libérer l’espace au fur et à mesure de la croissance des animaux. En début de bande, ils disposent d’une niche pour leur garantir une zone de confort thermique. Le type de sol envisagé est un caillebotis partiel (1/3 gisoir et 2/3 caillebotis béton), avec un système d’alimentation soupe. Il s’agit des plans les moins aboutis et, finalement, la durée de l’atelier n’a pas suffi à obtenir un concept convaincant. En effet, la modularité de l’espace de vie des animaux selon leur âge ainsi que l’aménagement d’une case pour un double emploi (post-sevrage et engraissement) sont deux concepts très difficiles à appréhender en si peu de temps.
![<em class="placeholder">Bâtiment 2 en 1 de type "wean to finish, cases de 30 porcs</em>](https://medias.reussir.fr/porc/styles/normal_size/azblob/2025-02/_rpo324_strat_equipement_techporc_concepts_lead_05-77x92a.jpg.webp?itok=olOHYxOa)
Yvonnick Rousselière, yvonnick.rousseliere@ifip.asso.fr
Un jeu de cartes pour constituer le bâtiment porcin
Chaque atelier réunissait entre quatre et six éleveurs. Pour faciliter les discussions, l’animation s’appuyait sur la présentation d’un jeu de cartes imaginé par le LIT Ouesterel. Chaque carte représente un élément constitutif d’un bâtiment porcin et le panel de cartes permet de visualiser très rapidement toute la diversité de solutions présentes sur le terrain. Après une présentation rapide des cartes, les éleveurs pouvaient débattre entre eux, puis valider collectivement les éléments constitutifs de leur concept. Une fois que toutes les cartes étaient sélectionnées, ils devaient ensuite réaliser un plan de principe du bâtiment et d’une salle permettant de combiner l’ensemble des cartes qu’ils avaient sélectionné.
Repères
Ces ateliers participatifs correspondent à une petite partie du projet Casdar BâtiPorc C4E piloté par l’Ifip. Sur le volet technique, retrouvez gratuitement des fiches thématiques abordant ces sujets sur la plate-forme BâtiPorc de l’Ifip