Le chasse-abeilles, un outil aussi utilisé par les lavandiculteurs à la récolte
Les lavandiculteurs du Sud-Est utilisent un chasse-abeilles lors de la récolte des épis de lavande. L’objectif : épargner les nombreuses butineuses présentes sur les fleurs qui pourraient se faire piéger par la récolteuse.
À partir de mi-juillet, les lavandiculteurs entament la coupe des lavandes en région Paca. À cette période, de nombreuses fleurs sont encore épanouies, attirant les abeilles qui peuvent être piégées et broyées au moment de la récolte. Le problème est d’autant plus prégnant que la récolte dite « en vert broyé » fait appel à des machines qui coupent trois rangs à la fois et qui ont une vitesse élevée.
En 2010, un essai de l’Adapi et du Syndicat apicole 04 est mené sur un premier dispositif artisanal de chasse-abeilles, constitué de lanières lestées qui passent sur les fleurs dans le but de faire fuir les abeilles présentes. Mais ce dispositif ne satisfait pas les lavandiculteurs, car il bloque la visibilité du chauffeur.
Un prototype à l'étude
Le Crieppam(1) et l’entreprise Clier (fabricant de machines adaptées à la coupe des lavandes) ont conçu un prototype simple de barres chasse-abeilles montées sur l’espieur. Un espieur, avec et sans chasse-abeilles, réalise plusieurs allers-retours sur deux rangées de plants de lavandin. Quatre répétitions par modalité sont effectuées. Avant chaque passage, l’intensité de butinage a été mesurée. Après chaque aller-retour, un échantillon de 10 kilos d’épis est prélevé dans la masse végétale puis observé en couche très fine pour pouvoir récupérer tous les morceaux d’abeilles et finalement dénombrer les abeilles piégées.
Au total, les essais montrent que ce sont près de 24 200 abeilles par hectare qui se retrouvent piégées lors d’une récolte sans chasse-abeilles. Avec l’installation du chasse-abeilles, ce chiffre tombe à 12 900 abeilles par hectare récolté en moyenne, soit 47 % de moins.
Dans la réalité, quelle utilisation du chasse-abeilles ?
Depuis 2017, 66 machines dans les Alpes-de-Haute-Provence, le Gard et la Drôme ont été équipées, ce qui représente potentiellement 3 300 ha de lavandes récoltés, soit 10% des surfaces cultivées. Depuis plusieurs années, Clier, le fabriquant de l’espieur, équipe en série ses nouvelles machines. L’outil ne semble pas présenter d’inconvénients majeurs pour les lavandiculteurs : efficace et peu onéreux, il ne gêne pas la visibilité du conducteur. Il est surtout utilisé en début de campagne de récolte, quand l’intensité de butinage est élevée.
Chiffres clés
60 000 : nombre de butineuses susceptibles d’être présentes à un instant T sur un hectare de lavandin (comptages réalisés par l’Adapi)
24 000 : nombre moyen d’abeilles piégées sur un hectare de lavandin lors de la récolte avec un espieur sans chasse-abeilles
47 % : pourcentage de butineuses que le dispositif « chasse-abeilles » permet de préserver
Deux systèmes de récolte sont utilisés actuellement
- Le plus fréquent dit « en vert broyé » : l’ensemble de la masse végétale (épi et tige) est projeté dans des remorques autoclaves pour y être distillé directement. Ce système permet la récolte de trois rangs simultanément. Des peignes séparent les fleurs des tiges et laissent ces dernières sur le champ, ce qui permet des économies d’énergie, tant pour le transport que pour la distillation.
- Dans l’espieur Clier, des peignes séparent les fleurs des tiges et laissent ces dernières sur le champ, ce qui permet des économies d’énergie, tant pour le transport que pour la distillation. Aujourd’hui, l’espieur permet de récolter seulement un rang, mais un projet d’espieur trois rangs devrait voir le jour prochainement.