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Agriculture normande : comment se portent les différentes filières ?

Cerfrance Normandie Maine vient de publier la nouvelle édition de son Observatoire économique agricole normand. L’agriculture normande oscille entre croissance et résilience car les résultats sont très contrastés selon les filières.

Troupeau de vaches laitières normandes dans un champ.
En Normandie, les résultats sont très contrastés d’une filière à l’autre.
© Annick Conté
  • Quel bilan pour les 1348 exploitations laitières normandes étudiées ?

En 2023, le volume réalisée par les exploitations laitières normandes a continué de croître avec une production moyenne de plus de 677 000 litres de lait vendus par exploitation. Le prix de vente du litre de lait atteint 492 € par 1 000 litres, en hausse de 12 % sur un an, un bon résultat malgré l’augmentation du coût des intrants. 

Perspectives incertaines pour 2024

Selon l’Observatoire, pour 2024 les perspectives des exploitations laitières normandes sont encore incertaines. « Le prix du lait semble devoir tenir grâce à sa bonne valorisation sur les marchés des produits de grande consommation (PGC), les engrais ont baissé et les aliments suivent la même direction… mais les mauvais rendements de la récolte qui s’achève pourraient impacter négativement les résultats » affirment les auteurs de l’Observatoire.

Lire aussi : Prix du lait : Isigny-Sainte-Mère a payé 533 euros pour 1 000 litres en 2023

 

  • Quel bilan pour les 52 élevages porcins normands étudiés ?

Les exploitations porcines normandes étudiées ont connu l’an passé une augmentation notable de leurs résultats grâce à une hausse de plus de 30 % du prix du porc charcutier. Il est toutefois à noter que cette augmentation est contrebalancée par des charges accrues, notamment alimentaires (+ 14 %) et salariales (+ 20 %). 

Les inquiétudes persistent pour 2024

En 2024, bien que les échanges soient en baisse et que les marchés des matières premières restent incertains, l’Observatoire note que le modèle français de production porcine fait preuve de résilience grâce à une moindre dépendance aux exportations. Mais toujours selon lui, des inquiétudes persistent avec la propagation de la fièvre porcine africaine (FPA) en Italie et en Allemagne et en raison des tensions commerciales entre la Chine et l'Union européenne.
 

  • Quel bilan pour les 375 élevages bovins normands étudiés ?

Les exploitations spécialisées dans la viande bovine ont vu une légère amélioration de leur situation financière en 2023 (+ 4 %). Cependant, l’augmentation des charges (+12 % pour l’alimentation et + 31 % pour les engrais) a entraîné une baisse de l’EBE de 8 % en moyenne sur l’année. 

La consommation domestique continue de diminuer

En 2024, la production française est marquée par une baisse continue qui contraste avec l'augmentation de la production mondiale réalisée par des pays comme le Brésil, l'Australie, et l'Inde. « Les producteurs de viande bovine doivent donc naviguer dans un environnement complexe où adaptation et réactivité sont cruciales pour maintenir leur viabilité puisque d’une part la compétitivité des produits bovins français sur les marchés internationaux s'affaiblit et que d’autre part la consommation domestique continue de décliner (- 19 % en 20 ans) » expliquent les auteurs de l’Observatoire.

Lire aussi : Viandes de Normandie : une signature collective de l'interprofession régionale

 

  • Quel bilan pour les 507 exploitations céréalières normandes étudiées ?

Pour les exploitations normandes spécialisées en céréales et oléagineux, après une récolte 2022 ayant enregistré d’excellents rendements et des prix qui avaient largement compensé la flambée des prix des intrants, la récolte 2023  voit leur résultat d'exploitation moyen chuter de 93 000 € à moins de 6 000 €. Si, à l’exception de l’orge, les rendements sont à la baisse, c’est principalement la chute des prix (de - 17 % pour le blé à - 22 % pour le colza) qui impacte le plus significativement les résultats. 

Des rendements impactés par les mauvaises conditions météo

En 2024, les conditions climatiques défavorables devraient encore impacter les rendements, tandis que des facteurs externes, tels que les fluctuations de la parité euro/dollar et les risques géopolitiques, pourraient également influencer les marchés, selon l’Observatoire.

 

  • Quel bilan pour 437 exploitations normandes en cultures industrielles ?

En 2023, les cultures industrielles ont bénéficié d’une conjoncture favorable avec une augmentation notable des revenus, contrairement aux céréales et au colza, qui ont souffert d’une baisse significative de leurs prix. Le lin a particulièrement bien performé avec une augmentation du résultat d'exploitation de 33 % par hectare. Les pommes de terre et les betteraves ont également enregistré des hausses respectives de 45 % et 19 % par hectare. Toutefois, malgré cette conjoncture positive, les charges d’exploitation continuent d’augmenter, ce qui conduit à une diminution de la marge brute globale et du résultat des exploitations diversifiées. 

Lire aussi : Crise des cultures industrielles : « En Normandie, le colza est une bonne carte à jouer » (Bertin George, Fop)

Des perspectives favorables pour 2024

Selon l’Observatoire, bien que les cultures industrielles soient exposées à des risques climatiques, les perspectives pour 2024 sont plutôt favorables. Le lin, qui connaît une période faste avec des prix élevés, est une culture clé pour la région. Le marché des pommes de terre reste en demande de volumes supplémentaires avec des projets d'industrialisation en cours dans le nord de la France. Les betteraves à sucre, quant à elles, malgré une baisse anticipée des prix, devraient rester rentables dans les zones à fort potentiel de rendement.

Lire aussi : Lin fibre : les surfaces battent des records en Europe en 2024

 

  • Quel bilan pour les 51 élevages de volailles normands étudiés ?

La filière avicole normande a maintenu sa dynamique en 2023, avec une augmentation de 13 % des prix de vente, mais une baisse de 5 % en volume. La valeur ajoutée progresse légèrement, mais seulement 50 % des exploitants atteignent au moins le SMIC en revenu disponible et environ la moitié des exploitations sont jugées en situation financière fragilisée.

Des perspectives plus positives en 2024

Les perspectives pour 2024 sont positives, avec une hausse attendue de la consommation et des exportations. « La concurrence européenne s'intensifie, notamment avec la montée en puissance des giga-fermes en Croatie. La filière espère un allègement des réglementations avec la loi d'orientation agricole. Enfin, les producteurs doivent gérer prudemment leurs investissements face à la hausse des coûts de production » estiment les auteurs de l’Observatoire.

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