« Vous avez dit un mois de mai chaud et sec ? »
Baptiste Arnaud, président du Syndicat des irrigants individuels
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Le premier comité départemental de l’eau de l’année s’est tenu fin avril. Il faisait état d’une situation tendue et de prévisions préoccupantes pour le mois de mai notamment s’annonçant plus chaud et sec que la normale. Qu’en est-il selon vous ?
Effectivement, même si on sait que la météo n’est pas une science exacte et qu’il ne s’agit que de prévisions, c’est l’exemple qui confirme la règle. Depuis fin avril il est tombé près de 200 mm d’eau à la station d’Aulnat et largement plus en zone de montagnes. Peut-être que selon les statistiques cela reste encore inférieur aux normales de saison et assez inégalitaire selon les secteurs mais on peut tout de même reconnaître que le mois de mai n’a pas été aussi catastrophique que ce qu’on nous annonçait. L’été n’est pas passé bien sûr, attendons de voir mais espérons qu’il soit aussi chaud et sec que le mois de mai annoncé…
Le passage en vigilance, alerte ou crise se fait en fonction de seuils bien précis, à l’inverse, il n’existe pas de seuil à partir desquels on pourrait stocker ? Votre position sur le sujet ?
Effectivement les seuils sont là pour règlementer les choses mais pourquoi ne pas réfléchir aussi à une logique inverse à savoir lorsque le cours d’eau dépasse un seuil élevé, pouvoir stocker la ressource sans préjudice voire éviter les débordements et même des inondations beaucoup plus graves. Le week-end du 13 et 14 juin le débit de l’Allier a grimpé à 900 m3 par seconde. Ne pourrait-on pas stocker au-delà d’un certain cubage déterminé scientifiquement ? Aujourd’hui ça déborde par endroits dans les parcelles des agriculteurs et encore une fois, on regarde la ressource passer.
Dans son édito 2020, le Président de la fédération de la pêche 63 dénonce les choix de l’agro-industrie illustrée par la maïsiculture en termes de gestion des sols et de l’eau. Qu’avez-vous envie de répondre ?
À l’heure où l’Etat nous demande de travailler sur un projet territorial de gestion de l’eau (PTGE) qui se veut transversal, pour tous les usages, comment travailler ensemble demain si les points de vue sont aussi obtus ? Aujourd’hui, la fédération départementale de la pêche représente plus de 20000 passionnés. Beaucoup d’entre eux sont conscients du manque d’eau et suivent notre logique de stockage. Guy Godet, leur Président, est-il encore un représentant légitime ? Nous regrettons cette absence de compréhension qui freine des évolutions bénéfiques pour notre département alors qu’ailleurs en France les projets avancent. Pour autant, des projets ont vu le jour, validés par l’administration et nous gardons espoir que la dynamique perdure.