Une voiture Chenard et Walcker : précieuse ancienne
Une Chenard & Walcker de 1937 trouve une seconde jeunesse entre les mains expertes de deux passionnés à La Chapelle-Laurent. Récit dans le détail, ce n’est pas peu dire !
Une Chenard & Walcker de 1937 trouve une seconde jeunesse entre les mains expertes de deux passionnés à La Chapelle-Laurent. Récit dans le détail, ce n’est pas peu dire !

L’idée est partie d’une passion pour la mécanique. Le choix de la marque repose quelque peu sur une histoire locale. Même chez les amateurs de voitures anciennes, qui connaît la marque Chenard & Walcker (voir par ailleurs), née en région parisienne en 1899 ?
Pourtant, il circulait dans La Chapelle-Laurent deux exemplaires : l’une appartenant à l’instituteur, l’autre au boucher du village. “Des voitures formidables”, selon Roger de La Rochette, un voisin qui se souvient de cette époque. De son côté, Loïc Chaliers est bien connu sur les hauteurs de Massiac. À la suite de son père, il a tenu le garage automobile à l’entrée du village, œuvrant aussi bien sur la mécanique que pour la carrosserie. Passionné de tout-terrain, il a longtemps sillonné les pistes du Maroc ou de Libye. “Ayant tout ou presque sous la main, avec l’outillage dans le garage, je voulais trouver une voiture à restaurer pour occuper ma retraite, pour ne pas perdre le savoir-faire”, explique-t-il. Il y a huit ans, il trouvait une première épave incomplète de Chenard & Walcker.
État d’épave
pour ne pas perdre le savoir-faire”

Alors sur le salon Époqu’Auto, à Lyon, les membres du club de la marque lui ont signalé un autre exemplaire probablement à vendre. Effectivement, à Vienne, dans l’Isère, auprès d’un collectionneur, la voiture attendait. Pour celle-ci aussi, il y avait du travail. Mais au moins, elle était complète, avec la carte grise du premier propriétaire. Il s’agit d’une Aigle 20 version T22 R de janvier 1937, équipée d’un moteur de 2,2 litres, quatre cylindres, soupapes latérales, développant 57 chevaux à 3 000 tours/minute. Cette voiture familiale pouvait tout de même atteindre les 100 km/h ! Elle possède plusieurs particularités : un moteur maison signé de l’ingénieur Joufret et un squelette en bois, sur lequel la carrosserie est clouée. Toutes les énigmes ne sont pas résolues. Peut-être s’agit-il d’un prototype unique ? “Un jour, Loïc m’a demandé si je pouvais l’aider car une de mes passions est le travail du bois”, commente Francis Philibert, le deuxième homme au chevet de la voiture, revenu s’installer au pays à Saint-Poncy. Entre ses mains, chaque pièce de bois a été refaite en frêne et en chêne pour les longerons du châssis comme à l’origine. Elles ont été taillées dans la masse. Sans plan, il a parfois fallu imaginer, redessiner, s’y reprendre à plusieurs fois, pour que cela cadre parfaitement. Vraiment du bel ouvrage à admirer, alors que la carrosserie ne l’habille pas encore totalement. Ici, la prouesse est aussi d’avoir affaire à une structure en arrondi pour l’aérodynamisme et non une caisse carrée plus simple. Pendant ce temps, toute la mécanique a été démontée et revisitée.
Après l’habillage, le moteur

Fendu, le bloc moteur a été restauré en point de chaînette. Il a fallu également rectifier le vilebrequin, les bielles et les sièges de soupapes. Francis, qui possède aussi des talents de tourneur-fraiseur appris plus jeune, a confectionné une pompe à eau. Au maximum, les pièces ont été restaurées par Loïc lui-même, comme le carburateur Zénith, fabriqué à Lyon, la pompe à essence avec son globe en verre intact, tout comme le pare-brise, le radiateur avec son aigle... Pour les transmissions, les joints en cuir ont été remplacés par des joints spi. Le faisceau électrique est comme à l’origine, avec des gaines coton. Par souci du détail, le pédalier présente un aigle et l’horloge fonctionne à merveille. Mais le summum, c’est le démarrage au quart de tour. Les deux hommes ne comptent plus les heures. Le simple plaisir de ressusciter cette Chenard & Walcker procure la dose suffisante de plaisir. Leur récompense !