Une, voire deux années de récolte perdues en 15 minutes
Il y a deux semaines, un violent orage s’est abattu sur les communes aux alentours de Billom. Agriculteur à Reignat, Cédric Chalard a vu la grêle dévaster près de 90% de ses surfaces.
En moins de 15 minutes, un orage d’une rare violence a dévasté les champs à Reignat et des communes alentours le 28 mai dernier. Cédric Chalard, agriculteur, se doutait de l’ampleur des dégâts bien avant la fin de cet épisode : «j’ai vu une rivière de grêle puis une coulée de boue envahir la rue». Une fois l’orage calmé et l’aide apportée à ses voisins, il se dirige vers ses parcelles. Le constat est sans appel. Sur les 105 hectares qu’il cultive plus de 90 hectares ont été touchés avec au minimum 50% de dégâts. Il ne reste même rien de certaines de ses cultures. «J’avais 5 hectares de bulbes dont de l’ail d’automne prêt à être ramassé. La récolte est fortement compromise. Mes 3,2 hectares de vignes sur Reignat sont touchés à 100% et les 2,7 hectares qui sont à Billom à 50%. Quant aux céréales, les blés ont les épis coupés.»
La récolte de bulbes incertaine
Les cultures céréalières occupent la majorité des surfaces de Cédric Chalard. Même si leur atteinte par la grêle le préoccupe, l’agriculteur s’inquiète davantage des conséquences sur les bulbes et la vigne. «Les céréales, si vous êtes assurés, vous passez l’année et la campagne suivante vous repartez à zéro. En revanche, en bulbes et en vigne les choses sont différentes.»
La grêle a haché menu les feuilles des aulx, échalotes et oignons. Les bulbes vont alors se concentrer sur la reprise de végétation et non plus le stockage. Résultat, Cédric Chalard craint de récolter des bulbes bien en dessous du calibrage fixé. «S’ils sont trop petits, mes acheteurs n’en voudront pas. Je devrai les emmener à la déchetterie. Il m’a fallu 15 ans pour faire ma clientèle. Déjà en 2015, je n’ai pas pu les fournir convenablement à cause de la canicule. Cette année encore, je n’aurai pas de la bonne marchandise. Je crains de les perdre.» Ce coup dur coûte à l’agriculteur un quart de son chiffre d’affaires sans compter les pertes dans ses vignes.
Deux voire trois ans de perte
Avant la grêle, la vigne mesurait près de 1,30 mètre. Après son passage, les ceps sont revenus à une apparence hivernale. Toutes les pousses ont été coupées et même «la baguette», cette tige de deux ans qui porte les tiges de l’année, a été lourdement touchée. «Je n’avais jamais vu ça.» Il n’y a plus ni feuille ni grappe naissante. Dans la vigne, il ne reste que le bois blessé qui a éclaté sous l’effet de la chaleur des derniers jours. «Le rendement est impacté pour deux voire même trois ans» explique l’agriculteur. La situation est si inhabituelle que Cédric Chalard a été jusqu’à contacter des viticulteurs du Chablis pour savoir quoi faire. «Personne n’a vu de tels dégâts dans notre région. Je ne savais pas quoi faire. Traiter ou tailler ? Quand ? Comment ?» Malheureusement, ni secret ni remède miracle, la vigne devra passer par une taille sévère cet hiver pour l’obliger à produire du nouveau bois. Par conséquent, même en 2017, Cédric Chalard récoltera probablement moins de 50% de son rendement habituel. Là aussi, c’est un quart supplémentaire du chiffre d’affaires de l’exploitation qui est perdu. Un coup d’autant plus dur qu’au regard des prix des céréales,
l’agriculteur met peu d’espoir en elles pour relever la situation. «Cette nouvelle année s’annonçait compliquée mais je sais maintenant que 2017 le sera encore davantage. J’ai repoussé des investissements. Sans l’assurance, je ne sais pas comment j’aurais fait. Mais maintenant, je crains que sur ces cultures spécialisées, l’assureur ne veuille plus de moi !»
35% de pertes en moyenne
Les orages des dernières semaines, notamment celui du 28 mai, ont provoqué d’importants dégâts dans les vignes. Au total, une vingtaine de viticulteurs, soit plus de 75 ha, a été touchée avec des dégâts allant de 10% à 100%. Les vignes d’Egliseneuve-près-Billom sont les plus impactées avec 100% de pertes de rendement. Billom, Reignat, Saint-Georges-es-Allier et Tinlhat n’ont pas été épargnés avec des pertes allant de 50 à 100%. Enfin, l’orage a été moins violent du côté du Crest et de Neschers avec 10 à 20% de dégâts.
La Fédération Viticole espère obtenir la reconnaissance en calamité agricole pour ces communes. Des indemnités couvrant les pertes de fond de 2017 soutiendraient ainsi les viticulteurs.