Une situation préoccupante pour la ferme France
Alors que les agriculteurs français manifestaient le 2 juillet, la commission des comptes de l’agriculture livrait sa photographie des revenus agricoles. Une situation médiocre : en dépit d’un redressement en 2014, le revenu agricole était en retrait de 15 % par rapport à la moyenne des trois dernières années.
La statistique nationale du revenu agricole ne consolera pas les exploitants qui manifestaient le 2 juillet, lors d’une nuit de la détresse. Malgré une hausse constatée par les experts du ministère de l’Agriculture de 7,6 % en 2014 par rapport à 2013, et plus encore par l’Insee qui évoque 20,8 % la tendance générale est médiocre. Analysés par secteur, la plupart des résultats sont en baisse : seuls la viticulture, les ovins ou les caprins s’affichent à la hausse. Pour les autres activités, la baisse des prix a pesé lourd dans une balance orientée à la baisse. Plus encore, si l’on compare 2014 par rapport aux trois précédentes années, c’est une réduction de revenu de 15 % qui est constatée. Depuis le début du siècle, les revenus agricoles s’affichent en très légère baisse (moins 1 %). La hausse de 7,6 % du revenu 2014 tient à peu de choses. En décembre, il était même question, dans une estimation prévisionnelle, d’une réduction de 5 %. Les revenus 2014 incluent des bonnes mais aussi de mauvaises nouvelles. Parmi les bonnes nouvelles, le redressement de la valeur ajoutée agricole. Ce redressement est rendu possible par la réduction des consommations intermédiaires et surtout une augmentation du volume de la production. Mauvaises nouvelles : les prix payés aux producteurs sont en baisse (moins 8,3 % pour les productions végétales et moins 0,8 % pour les productions animales). Autre mauvaise nouvelle, l’investissement est en baisse de 4,6 %. Un signe qui n’est pas favorable à la veille d’une dérégulation des marchés agricoles en Europe. L’excédent agroalimentaire est en recul de 2 milliards d’euros en 2014. L’excédent en produits bruts issus de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche est en recul de 2,6 milliards. Tout cela dénote une situation préoccupante pour la ferme France même si la situation trouve son origine dans une baisse des prix mondiaux. L’Apca évoque « une preuve de l’instabilité économique » réagissant face aux chiffres présentés par le ministère de l’Agriculture (7,86 % d’augmentation pour les revenus agricoles) et 20,8 selon l’Insee. Pour l’assemblée permanente des chambres d’agriculture qui « appelle à la prudence face à la lecture de ces chiffres. L’importante révision des comptes entre les versions prévisionnelles de décembre 2014 et provisoires du mois de juillet illustre le difficile contexte économique auquel sont confrontés les agriculteurs, notamment s’agissant de la volatilité des prix. » Et il n’y a pas que la volatilité des prix. Quid des normes ou de la concurrence par exemple. Xavier Beulin, président de la FNSEA, chahuté par des agriculteurs lors de la nuit de la détresse réclame un débat au Parlement, « tant la situation est grave et grande la détresse des agriculteurs. » Je demande un débat à l’Assemblée Nationale et au Sénat, un débat digne de ce pays avant que la France ne perde son agriculture, ses paysans, ses territoires, ses productions, ses emplois et ses espoirs », a-t-il écrit dans une déclaration adressée au chef du gouvernement et aux présidents des deux assemblées.
La suite dans le Réveil Lozère, page 3, édition du 9 juillet 2015.