Une moisson décevante à tous les niveaux
La récolte suscite de grosses déceptions en volume, qualité, prix. Pas une culture n’est là pour rattraper l’autre. Stéphane Le Foll a annoncé un plan de soutien pour les céréaliers
« Dans toutes les productions, il n’y a pas de rendement, pas de prix, pas de qualité », avance François Berson, directeur de la collecte chez Soufflet, dont la zone d’activité forme un large croissant de Rouen à Metz. L’orge d’hiver voit ses rendements chuter de 30 % par rapport à la bonne récolte de l’an passé, soit une fourchette de 50 à 60 quintaux par hectare pour le collecteur de céréales. « Le problème vient du calibrage, entre 50 et 60 % avec un poids spécifique de 55 à 60 kilogrammes par hectolitre et un taux de protéines plutôt élevé se situant entre 11,5 et 12 %. » Plusieurs raisons à cette chute de rendement : excès de pluie, manque de soleil et fortes gelées au printemps.
Un potentiel gâché
La coopérative Dijon Céréales a dressé un bilan catastrophique de la moisson, qui aggrave la situation économique d’exploitations déjà fragilisées. « Les pertes de rendement en orges d’hiver et escourgeons seront de l’ordre de 20 % et ce, dans tous les secteurs. On parviendra péniblement à une fourchette moyenne de 50 à 55 quintaux par hectare. » « Voir l’ensemble des cultures dérailler comme ça, c’est du jamais vu, affirme Matthieu Berlin, responsable céréales de SeineYonne. L’orge d’hiver avait pourtant bonne mine jusqu’à fin mai. » Au final, elle affiche 55 à 57 quintaux, un calibrage entre 50 et 55 %, un poids spécifique de 57 kilogrammes. En Normandie, Cap Seine enregistre 70 à 80 quintaux en orge d’hiver à mi-parcours de la collecte, un niveau inférieur à la moyenne historique. Oubliés les bons scores habituels, 2016 ressort comme « une moisson très hétérogène », souligne le responsable de la collecte Franck Roger. « Les parcelles touchées par la jaunisse décrochent de 30 à 40 quintaux. Des lots ne valent pas la peine d’être calibrés. »
Un plan de soutien aux céréaliers
Le Conseil des ministres a décidé de lancer un plan d’aide au secteur des grandes cultures. Ce plan prévoit des mesures fiscales, le report de cotisations sociales et des mesures spécifiques sur le remboursement de la TVA. Un fonds de garantie doit également être mis en place par la banque publique d’investissement pour aider à la mise en œuvre des allégements et des reports de prêts au niveau bancaire ». Les producteurs pourront invoquer le cas de force majeure et bénéficier de la majorité de leurs aides. Des dérogations seront possibles au sujet des Cipan. « Le plan sera concrètement évalué début septembre avec l’ensemble de la profession agricole », lorsque l’ampleur des mauvaises récoltes se sera affinée, a précisé le ministre.
La suite dans le Réveil Lozère, page 3, édition du 4 août 2016, numéro 1371.