Une enquête prouve la réussite de la politique de télétravail
Au pays de Murat, le télétravail a permis l’installation de 25 entrepreneurs et la dynamique est bien amorcée. Enquête.
Au pays de Murat, en moins de cinq ans, 25 entrepreneurs ont créé ou transféré leur activité en télétravail, soit au total 52 nouvelles personnes installées sur ce territoire, dont 16 enfants scolarisés. Il y a quelques années, l’arrivée du numérique avait en effet “inspiré” Bernard Delcros, qui misait avec la collectivité sur cette nouvelle technologie et ses objectifs : accueil de populations nouvelles et création d’emploi. Un numérique qui, pour le président de la com com de Murat, “met aujourd’hui à égalité les territoires”. Le bilan de l’étude du cabinet Ocalia, réalisée en 2014 et menée auprès des télétravailleurs installés, a été rendu jeudi par Franck Burdeyron au télécentre de Murat, en présence des différents partenaires, le Conseil régional et l’Agence régionale de développement des territoires d’Auvergne (ARDTA). Une enquête qui “démontre la réussite d’un dispositif” dont les effets étaient évalués à travers leur impact économique et la politique d’accueil.
Un euro d’argent public multiplié par huit
“Vingt-cinq emplois, déclarait en préambule le représentant d’Ocalia, cela peut sembler peu, du fait de télétravailleurs opérant seuls.” Mais cette donnée est à relativiser car en réalité, “le tiers d’entre eux a investi dans le logement local avec des retombées pour l’artisanat”. Par ailleurs, “ces revenus ont généré un peu moins de deux millions d’euros, dont 60 % ont été investis dans l’économie locale, soit 1,7 million d’euros”. En termes d’emploi, “ces 25 emplois directs ont en outre permis la création de 28 emplois indirects, eux-mêmes générateurs d’emplois induits”. En résumé, ces 25 emplois auraient ainsi permis de créer “entre 61 et 80 emplois (selon les modes de calcul)”. En donnés sonnantes et trébuchantes, le rapport entre l’argent public investi est tout aussi éloquent : “Les 500 000 euros, dont 140 000 euros de la communauté de communes, ont permis de générer 8 euros par euro investi sur le territoire…” Enfin, il existe pour Franck Burdeyron des marges de progrès : “La clientèle des télétravailleurs restant essentiellement extra régionale, l’enjeu pour ces entrepreneurs est de fonctionner avec des acteurs économiques locaux.” “L’attractivité d’un territoire est source de croissance démographique par l’accueil de jeunes actifs”, complétait le président de l’ARDTA, Jean-Michel Guerre, pour qui l’objectif est désormais de “décliner cette expérience dans d’autres territoires avec des outils qui ont fait leur preuves : les résidences d’entrepreneurs en sont un exemple”. Depuis dix ans, la Région et l’ARDTA ont en effet “réussi à inverser le déclin démographique de l’Auvergne qui, chaque année, gagne désormais 2 950 habitants. Nous avons donc en conséquence décidé denous tourner vers la professionnalisation des politiques d’accueil. C’est en effet par ce seul accueil de nouvelles populations que nous pouvons avancer”.
Vers une économie collaborative
“L’idée est maintenant, pour Bernard Delcros, d’aller plus loin: Nous avons été un laboratoire d’expérimentation. Nous allons désormais nous inscrire dans une économie collaborative”, traduction du “passage d’un modèle d’économie individualiste à une économie de partage, afin de répondre à l’enjeu démographique avec de la création d’emploi.” Un moyen pour cela, dans l’esprit de René Souchon, président du Conseil régional d’Auvergne : “Construire des projets de développement. Le Cantal est très mal sur le plan démographique, et seule la possibilité d’emploi pourra faire venir des jeunes.” Message partagé par le pays de Murat qui, sur ce plan, a anticipé l’appel.
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