Une cellule de lutte contre l'agribashing
La convention FNSEA/JA/Gendarmerie Nationale/Ministère de l’Intérieur pour lutter contre «l’insécurité agricole», devrait faciliter l’échange d’information entre les agriculteurs et la gendarmerie en vue de gagner en efficacité opérationnelle.
Les atteintes aux biens dans le domaine agricole sont encore en hausse cette année. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner s’est rendu le 13 décembre dernier sur deux exploitations finistériennes victimes d’actes d’intrusion, accompagné de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, et de José Jaglin, secrétaire général adjoint de JA.
À cette occasion, une convention quadripartite a été signée entre le ministère de l’Intérieur, la Gendarmerie Nationale et les deux organisations agricoles afin de renforcer les liens entre la gendarmerie et les agriculteurs. La convention complète et renforce une précédente datant de 2014 qui portait essentiellement sur les vols sur les exploitations. Depuis cette date, la multiplication des actes d’intrusions et d’agressions émanant d’associations activistes a en effet nécessité son renforcement afin d’instaurer les conditions d’un échange régulier d’information entre agriculteurs et forces de l’ordre.
Elle entend également renforcer la prévention en garantissant des diagnostics de sécurité pour les exploitations. Enfin, elle donne la priorité aux interventions des forces de l’ordre pour protéger les agriculteurs confrontés à des agressions violentes, avec des enquêtes renforcées.
«Rien ne justifie une quelconque intimidation», a martelé Christophe Castaner lors de la présentation du dispositif. «Nous devons assurer la sécurité des agriculteurs et les défendre, impérativement». De leur côté, les agriculteurs avec à leurs côtés la FNSEA et JA, seront amenés à transmettre les éléments susceptibles d’orienter les actions des gendarmes comme l’identité des exploitations vulnérables ou les périodes à risque et leur permettre ainsi de mieux comprendre les enjeux et les groupes concernés en vue de les démanteler.
Création d’une cellule Demeter
La signature de la convention fait suite à la création, début octobre, de la «Cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole» (cellule Demeter) au sein de la gendarmerie nationale. Celle-ci est destinée à apporter une réponse coordonnée «à l’ensemble des problématiques qui touchent le monde agricole» en matière de sécurité, qu’il s’agisse des actes crapuleux ou des actions de nature idéologique, depuis «les simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole» jusqu’aux aux «actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques», écrit le ministère de l’Intérieur.
Outre des actions de sensibilisation et de conseils destinées à prévenir la perpétration d’actes délictueux, la cellule a pour mission de coordonner les enquêtes au niveau national. Le ministre de l’Intérieur a enfin rappelé que des observatoires départementaux de lutte contre l’agribashing avaient été créés à l’initiative du ministère de l’Agriculture.
La présidente de la FNSEA Christiane Lambert a salué «l’aboutissement d’un an de travail» avec la Place Beauvau qui «officialise la mise en relation entre chaque échelon de nos structures respectives». «Je salue le discours ferme de Christophe Castaner pour le respect de l’ordre et de la sécurité publics», s’est-elle également félicitée. Pour les JA, José Jaglin a dit «toute l’importance de s’associer à ce travail, notamment pour répondre à l’inquiétude croissante des jeunes étudiants et stagiaires agricoles qui risqueraient d’être découragés».
Les vols de matériel et de métal ont connu ces dernières années un rebond, avec, notamment, l’explosion des vols de GPS. Un phénomène aggravé par des actes de nature idéologique «d’agribashing» pouvant prendre des formes également violentes, sous la forme d’intrusion dans les élevages, voire d’incendies. Une situation qui a conduit la FNSEA à réclamer que le droit pénal évolue afin que soit créé un délit d’intrusion dans les bâtiments agricoles.
Un bilan encore négatif en 2019
Le bilan 2019 des atteintes aux biens commises au préjudice du monde agricole affiche une hausse de +1,5 % (+216 faits) pour un total de 14 498 faits enregistrés soit deux atteintes chaque heure, indique le ministère de l’Intérieur. Deux tiers d’entre-elles (64,5%) sont constituées de vols simples (sur ou hors exploitations agricoles), en baisse de -2,2 %.
Dans le détail, les vols avec violences (24 faits) comme les vols dans ou sur véhicules (1 310 faits) reculent respectivement de -31,4 % et -10,1 %. A contrario, on assiste à une recrudescence des destructions et dégradations (+23,3 % pour un total de 1 675 faits), des cambriolages et vols par ruse (+16,2 % pour un total de 1 484 faits) et des vols de véhicules (+10,2% pour un total de 657 faits).
Les crimes et délits dont sont victimes les agriculteurs se caractérisent par une forte logique saisonnière, connaissant leurs pics au printemps et en été. Après un début d’année marqué par la hausse continue de ces actes à l’encontre du monde agricole, une inversion de tendance s’observe à compter du mois d’août 2019, comparé aux mêmes mois 2018.
Zoom sur…
Un observatoire departemental mis en place en Haute-Loire
Sous l’égide du Préfet de la Haute-Loire Nicolas de Maistre, l’observatoire sur l’Agribashing en Haute-Loire a été mis en place jeudi 19 décembre. Celui-ci fait suite à la création au niveau national de la cellule Demeter par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner (partenariat Gendarmerie Nationale, FNSEAet JA).
Dans notre département comment cela va-t-il s’articuler ? C’est une collaboration de la profession agricole et de la gendarmerie nationale afin de regrouper les actes de malveillances, de mettre en place les procédures judiciaires, d’accompagner la victime sur les formalités à suivre et de faire remonter auprès de la cellule Demeter l’acte commis dans le département.
Un référent sécurité à la gendarmerie peut aussi intervenir et accompagner les exploitants afin d’expertiser, de conseiller et de proposer des options sécurité sur l’exploitation pour éviter les vols ou toutes autres intrusions…
Autre méthode qui sera mise en application, les envois de «SMS d’alerte» initiés par la gendarmerie pour prévenir d’éventuels risques. C’est la chambre d’agriculture qui sera chargée, en relation avec les organisations syndicales, de l’envoi des SMS.
Toutefois il est bon de rappeler que la vigilance est de mise et que si vous constatez infractions, intrusions ou dégradations sur votre exploitation, n’hésitez pas à contacter votre syndicat.
La FDSEA