Une attaque de loup au Pompidou laisse une dizaine de brebis tuées ou blessées
Pour Damien Pratlong, le week-end n’a pas été de tout repos. Le jeune agriculteur a eu la mauvaise surprise de subir une attaque de loup sur son exploitation de brebis viande au Pompidou.
Pour Damien Pratlong, le week-end n’a pas été de tout repos. Le jeune agriculteur a eu la mauvaise surprise de subir une attaque de loup sur son exploitation de brebis viande au Pompidou.
Cette fin de semaine aurait dû être jour de fête pour Damien Pratlong, un jeune éleveur lozérien, qui devait célébrer l’anniversaire de sa plus jeune fille. Les réjouissances ont tourné court, interrompues par une nouvelle redoutée de tous les agriculteurs : une attaque meurtrière de loup sur son troupeau, au Pompidou.
« Quatre brebis sont mortes sur le coup, on en a euthanasié six aujourd’hui (ndlr lundi 4 novembre), une est morte dans la nuit, et il en reste trois blessés que l’on va essayer de soigner », détaille l’agriculteur. Une liste macabre qui rappelle que la prédation reste un problème majeur en Lozère pour l’agriculture du département, malgré les deux loups prélevés cet été.
Quant aux brebis blessées, les vétérinaires mendois, venus au Pompidou pour constater les dégâts, ont peu d’espoir : « cela va être très compliqué, parce que quand elles sont attaquées comme ça, ça s’infecte très vite », a confié Damien Pratlong. « C’est mon vétérinaire attitré qui est descendu parce que dans les Cévennes, c’est compliqué. Je le remercie vraiment, il est venu dès que je lui ai demandé ».
Au Pompidou, où Damien Pratlong possède une exploitation familiale transmise de génération en génération, la brebis viande a toujours été l’animal de choix, avec historiquement quelques chèvres comme dans les Cévennes. « Nous avions 160 brebis dehors, sur une parcelle à trois-quatre kilomètres de l’exploitation, environ », explique Damien Pratlong, dont le travail se répartissait jusqu’à présent entre son site principal à Lanuéjols où il possède 400 brebis, et le Pompidou, avec un troupeau moindre. Installé au 1er janvier 2020 à Lanuéjols, après avoir été salarié pendant huit ans dans un Gaec s’occupant à la fois de bovins lait et d’ovins viande, Damien Pratlong n’a repris que la partie ovine à son installation. Peu de temps après, son papa ayant pris la retraite au Pompidou, « j’ai aussi récupéré l’exploitation familiale ».
Une prédation importante
Une première attaque avait eu lieu sur le troupeau, « il y a sept ou huit ans, avec trois brebis abîmées », mais depuis, rien à signaler jusqu’à ce premier week-end de novembre. « La parcelle était entourée par une grille Ursus, bien clôturée », se désole l’éleveur, qui a « passé sa journée de samedi à chercher des brebis ». « Au vu du procédé, il n’y a pas photo : elles ont toutes été attaquées à l’arrière au gigot et au cou », a détaillé Damien Pratlong, qui se désespère du long cheminement administratif nécessaire à la reconnaissance d’une attaque de loup sur son troupeau.
Si la prédation est récurrente en Cévennes, puisqu’un voisin avait subi une attaque au printemps, le jeune agriculteur l’avoue lui-même, « je ne pensais pas que c’était si violent. Quand on y passe, ça fait bizarre, et il y a aussi un impact sur la famille ».
Pour ce passionné d’agriculture ovine, qui « a grandi dans ce milieu » et a toujours voulu en faire son métier, cette attaque remet beaucoup de choses en question. « Je pense que le troupeau au Pompidou, en vérité, on va l’arrêter. Ça nous a vaccinés. On se pose beaucoup de questions, mais je crois que ça y est. Pour mon père, qui m’a aidé à chercher les brebis, ça a été un choc. Il l’a dit lui-même, avoir un troupeau pendant 50 ans et en arriver à ça, c’est terrible ».
Pour le jeune agriculteur, qui hésite entre colère et désespoir, il l’avoue : « même à Lanuéjols, les bêtes vont rester à l’intérieur, désormais, je le crains. Ça devient compliqué entre FCO et prédation, ça commence à faire beaucoup », même si cette façon de travailler est en désaccord complet avec les valeurs que Damien Pratlong défend. « En Lozère, en ovin viande, on n’a pas envie de faire du hors-sol. On veut que nos brebis soient dehors. Mais comment faire ? »