Un Premier ministre à l’écoute
Suite aux mobilisations du 27 novembre, Édouard Philippe a reçu la FNSEA et JA. En plus d’échanges sur la réforme des retraites, le Premier ministre a été interpellé sur les ZNT, les distorsions de concurrence, l’agribashing ou les effets limités des EGA.
Pendant un peu plus d’une heure, le 3 décembre une délégation la FNSEA et JA, composée de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, Samuel Vandaele, président de JA, Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA et de Robert Verger, élu FNSEA en charge des questions fiscales et sociales, a été accueillie par le Premier ministre. L’objectif premier de ce rendez-vous était à la fois de donner un cap pour répondre aux attentes des agriculteurs, mais aussi que les sujets agricoles soient mieux considérés. Le Premier ministre s’est ainsi exprimé sur le sujet de l’agribashing, il a affirmé qu’il fallait que la loi s’applique pour punir et empêcher toutes les intrusions et les méfaits dans les exploitations, notamment les élevages. La question des retraites, au cœur de l’actualité en amont de la grève massive du 5 décembre pour s’opposer à la réforme, a été largement évoquée.
À la sortie du rendez-vous, Christiane Lambert a réaffirmé le soutien des deux organisations à cette réforme qui ne «peut être que mieux pour les agriculteurs». Elle a ainsi rappelé le montant moyen des pensions de retraite pour les agriculteurs, calculé sur une carrière complète contrairement à d’autres professions, environ 780 € pour les hommes et 580 € pour les femmes, des niveaux qu’elle juge dramatiques. La FNSEA et JA ne s’associeront donc pas au mouvement qui débutera le 5 décembre, car ils estiment que cette réforme «nécessaire» et son calcul par point sont plus justes et plus égalitaires. Les deux organisations ont toutefois rappelé au Premier ministre la nécessité de «faire un geste» pour les retraités actuels en revalorisant leur pension à 85 % du Smic.
Un calendrier à venir
La délégation syndicale a aussi évoqué avec Édouard Philippe les distorsions de concurrence avec la multiplication des accords de libre-échange, «ouvrant la porte à des produits ne respectant pas les réglementations françaises», et dans le même temps, «des normes de plus en plus restrictives pour les producteurs français».
«Les agriculteurs français ont l’impression d’être dans un guet-apens», s’inquiète la présidente de la FNSEA. Elle explique donc que les deux syndicats ont présenté au Premier ministre les incidences sur les exportations et les importations. «Il en a mesuré le risque pour la compétitivité de l’agriculture française», souligne Christiane Lambert. Jérôme Despey a, durant le rendez-vous, rappelé à Edouard Philippe, la nécessité de réouvrir les négociations pour lever les sanctions commerciales américaines, qui pèsent lourd sur la filière viticole française. Un point a également été fait sur «le débat hystérisé» autour des produits phytosanitaires. La FNSEA et JA souhaitent que dans ce débat la science prévale afin que les mesures soient «rationnelles». Le Premier ministre s’est engagé à présenter les mesures sur ce sujet.
Face à ces charges, ces normes, qui pèsent sur les exploitations, les deux syndicats ont évoqué les revenus agricoles et la loi Egalim. «Nous avons dit au Premier ministre que concernant les EGA, le compte n’y est pas, il faut aller plus loin», précise Samuel Vandaele. Pour lui, si les EGA ne portent pas complètement leurs fruits s’est en partie en raison des sanctions trop faibles. Le Premier ministre se serait ainsi engagé à communiquer avec Bercy pour bien faire appliquer ces sanctions, qu’elles concernent la fraude à l’étiquetage où les mauvaises pratiques dans les relations commerciales. «Ces EGA doivent aboutir clairement en euros dans les cours de ferme», insiste le président de JA. La FNSEA et JA se félicitent que ce rendez-vous ait permis d’élaborer un calendrier d’actions concrètes pour appliquer pleinement les EGAlim, condamner les intrusions en élevage, et faire confiance à la science sur les ZNT. Le Premier ministre devrait prochainement le dévoiler.