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Un pâturage tournant dynamique pour des sols plus productifs

Afin d’améliorer l’autonomie et la performance de leurs exploitations, six éleveurs de l’Allier travaillent ensemble depuis 2017 à une gestion optimisée de leur pâturage. Quatre ans après la création du projet Patoudyapa, l’objectif est atteint avec une hausse des rendements herbagers et une simplification notable du travail.

Journée portes ouvertes chez Florent Jasserand le 3 juin 2021.
Journée portes ouvertes chez Florent Jasserand le 3 juin 2021.
© DR

Rassemblés au sein d’un GIEE¹ fondé en novembre 2017 et porté par la coopérative Feder Élevage, six éleveurs de l’Allier ont choisi d’adopter progressivement le pâturage tournant dynamique. Ils ont été accompagnés par le cabinet de conseil PâtureSens. Cette pratique consiste à découper l’exploitation en micro-parcelles appelées « paddock », afin de changer les animaux de parcelle toutes les 24 heures. De cette façon, le stade de développement des plantes est respecté, ce qui permet de maximiser la repousse des prairies. À long terme, l’objectif est d’améliorer la rentabilité des sols, la qualité de l’herbe et, par extension, celle des animaux tout en diminuant le recours à des aliments concentrés. Bien que cette technique nécessite un aménagement préalable de l’exploitation (découpe des parcelles et mise en place de points d’eau), les efforts sont récompensés. « On gagne facilement un mois de pâturage à l’année, même lors d’une année difficile », explique Florent Jasserand, éleveur ovin et bovin.

Élargir ses perspectives grâce au groupe
Pour Camille Sonet, animatrice du groupe, « le GIEE a permis de structurer un projet commun, et d’avoir un temps d’animation qui provoque des rencontres régulières ». Bien que les productions des six exploitations membres du GIEE soient différentes (ovin, bovin, laitier ou allaitant, agriculture biologique ou conventionnelle), les échanges n’en sont pas moins fructueux : « le travail en groupe permet d’avoir une vraie réflexion technique sur son système d’exploitation », constate Rémi Rieuf, éleveur ovin en agriculture biologique. Pour exploiter au mieux ce pâturage de qualité, certains éleveurs ont poussé le raisonnement jusqu’à changer de races pour choisir celles qui sont les plus adaptées à une alimentation majoritairement composée d’herbe.
« Les éleveurs ont aussi profité de la motivation apportée par le collectif pour s’intéresser à bien d’autres sujets », poursuit Camille Sonet. Suite à une formation sur la gestion alternative du parasitisme, un projet de fabrication de seaux à lécher antiparasitaires s’est mis en place entre certains membres du groupe. Par ailleurs, cette réflexion sur la gestion de l’herbe a mené à une collaboration avec la communauté de communes de Vichy pour instaurer des terrains d’éco-pâturage. Enfin pour Gauthier David, éleveur bovin en agriculture biologique, la mise en place du pâturage tournant dynamique dans le cadre du GIEE s’est traduite par sa participation au concours des pratiques agro-écologiques², dont il est lauréat régional pour l’année 2021. Et les perspectives ne manquent pas : les six éleveurs souhaiteraient à l’avenir travailler sur la fertilité des sols afin d’acquérir une meilleure portance. Comme le résume Rémi Rieuf, « il y a toujours quelque chose à améliorer ! »

Des craintes rapidement déconstruites
L’expérimentation collective a permis aux éleveurs de se soustraire aux idées reçues, jusqu’à obtenir des preuves de l’efficacité de leurs choix : « on entend souvent dire que le pâturage tournant dynamique est chronophage pour l’éleveur et abîme les sols », remarque Gauthier David. « C’est une fausse idée. Si le pâturage est maîtrisé, les prairies n’en sont qu’améliorées : on fixe plus de carbone dans le sol, ce qui en augmente la fertilité ». « Comme il n’y a que du bon à manger à chaque fois, les bêtes ne piétinent pas toute la parcelle à la recherche de ce qui leur plaît », ajoute Rémi Rieuf.
Quant aux heures d’astreinte consacrées au transfert quotidien des animaux, 40 minutes suffisent à Florent Jasserand pour déplacer quatre lots d’un paddock à l’autre, une fois les infrastructures nécessaires installées : « il faut un délai pour que les bêtes s’habituent à ce rythme. Par la suite, on ne perd pas de temps mais on en gagne sur la globalité de notre travail », conclut-il. Les six éleveurs vivent cette expérience comme une reprise en main de leur exploitation : « avant on subissait l’herbe, maintenant on la cultive », conclut Rémi Rieuf.

Comité technique de la région Auvergne-Rhône-Alpes

1. Groupements d’intérêt économique et environnement
2. Concours organisé par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, qui distingue les démarches à caractère agro-écologique innovantes.

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