Un observatoire de la sécurité du monde agricole pour l’Allier
Jean-Francis Treffel, préfet de l’Allier, lance l’observatoire de la sécurité du monde agricole. Une décision qui fait suite à la visite de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, dans l’Allier.
Suite à la multiplication des actes d’incivilité, d’intimidation et de violences envers les professionnels de l’agriculture, un observatoire de la sécurité du monde agricole a été installé en préfecture de l’Allier mercredi 13 avril.
Coordonné par le préfet de l’Allier, il se compose des représentants départementaux de la Chambre d’agriculture, des syndicats professionnels, de la gendarmerie nationale, du monde judiciaire, du Conseil départemental et des maires ruraux.
Une volonté ministérielle
Ce nouvel outil est conçu pour lutter contre les vols et intrusions dans les exploitations agricoles. Il a été voulu et expliqué par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et Joël Giraud, secrétaire d’État à la Ruralité, lors d’une visite commune à Gannat, dans l’Allier dans le cadre du Beauvau de la sécurité. « Des vols, des dégradations, quelquefois malheureusement, des violences envers les professionnels. L’idée c’est à la fois de prendre la mesure de ces différents délits ou infractions en dressant un état des lieux afin de partager les informations. Le constat réalisé au sein de cet observatoire, tous les acteurs pourront ensuite se coordonner et mener des actions d’information et de prévention et, en troisième lieu, d’élaborer des solutions afin de lutter contre ces agressions envers le monde agricole » complète Jean-Francis Treffel.
Des plaintes systématiques
Le département de l’Allier enregistre toutefois une baisse, par rapport à 2019, de 18 % des vols sur les exploitations agricoles soit 137 en 2020. Les précisions du Lieutenant-colonel Albin Magne : « il s’agit principalement de vols de batteries, d’outillages, de carburant et de véhicules. Nous faisons également face à plusieurs intrusions sur les exploitations animées, en général, de mauvaises intentions. Ces manœuvres dolosives doivent être signalées en gendarmerie suivies d’un dépôt de plainte. Nous insistons sur le fait que les agriculteurs doivent le faire systématiquement pour faciliter les enquêtes et, ainsi, confondre les auteurs de ces méfaits. Avec les différentes plaintes, nous pourrons surtout quantifier ces infractions ». Si la délinquance reste maîtrisée dans le département, le commandant en second du groupement de gendarmerie de l’Allier insiste sur le fait que « la gendarmerie est aux côtés des agriculteurs. Les résultats sont au rendez-vous et nous souhaitons amplifier cette coopération grâce à des échanges réciproques, réguliers et informels ». Le préfet Treffel complétant : « la gendarmerie dispose, parmi ses effectifs, de référents sûreté qui sont à disposition des agriculteurs de ce département. Ils ont la capacité de se déplacer sur les exploitations agricoles et apporter leur analyse quant à l’amélioration de la sécurité sur les lieux ».
Des premières solutions sont à l’étude dont, notamment la mise en place d’un dispositif d’alerte par SMS activé par la gendarmerie en direction des téléphones portables des agriculteurs pour les avertir de comportements suspects, d’instrusions ou de vols dans leur secteur. La vidéosurveillance pourrait aussi être renforcée, encouragée sans oublier le volet préventif en associant les compagnies d’assurance à la démarche.
Une coopération renforcée entre agriculteurs et gendarmes
Des actions en corrélation avec le dispositif national Déméter, une cellule de la gendarmerie nationale française, créée en 2019, qui a pour objectif de protéger les agriculteurs des agressions et intrusions sur les exploitations agricoles. « Il a été élaboré avec les syndicats FNSEA et JA en collaboration avec la gendarmerie nationale dans le but d’échanger les renseignements opérationnels au plus rapide et au plus direct.
Une déclinaison du dispositif Demeter
Le but étant que ce dispositif soit décliné localement, au niveau départemental, voire même, intra localement, au plus près du terrain, au niveau des brigades territoriales, qui facilitent la communication entre gendarmes de patrouille et exploitants agricoles » ajoute le Lieutenant-colonel Albin Magne.
L’observatoire de la sécurité agricole a été salué par Patrice Bonnin, président de la Chambre d’agriculture de l’Allier : « c’est la concrétisation de ce qui se fait déjà sur le terrain à travers le dispositif Demeter. Nous pourrons, à travers nos différentes entrevues, faire des points d’étapes. J’ai proposé de mobiliser l’ensemble des moyens de communication professionnels dont nous disposons, qu’il s’agisse de nos mailings, nos envois sms et de la presse spécialisée. Nous pourrons ainsi communiquer régulièrement sur cette lutte contre la délinquance en milieu agricole ». Sentiment partagé par les représentants syndicaux comme, par exemple, Gilles Cabart, président de la FNSEA03 : « Demeter et l’observatoire sont complémentaires. Ce renforcement entre agriculteurs et gendarmes permettra de lutter contre les agressions envers notre profession qu’il s’agisse d’intrusions ou de mutilations.
Les attaques s’ajoutent à un contexte économique et climatique difficile pour nous, exploitants. Nous souhaitons, bien évidemment, que l’ensemble des agriculteurs victimes de ces faits portent plainte pour que leurs auteurs soient interpellés et condamnés. À ce sujet, le procureur de la République nous a assuré que les condamnations seront à la hauteur des dégradations et des préjudices commis ».
Des réunions chaque trimestre
Les membres de cet observatoire devraient se réunir chaque trimestre à la préfecture de l’Allier et signer prochainement une convention synthétisant l’ensemble des initiatives mises en place et qui témoignera de leur engagement à assurer la sécurité du monde agricole.