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Un loup prélevé en Lozère : les syndicats continuent le combat

Dans le cadre d’un tir de prélèvement, un loup a été tué il y a près d’une semaine dans le sud de la Lozère.

Les cercles loups en Lozère en 2024
Les cercles loups en Lozère en 2024
© DDT

« Enfin, oui enfin, un loup tué en Lozère, preuve qu’il est possible de tuer des loups dans le département comme ailleurs, mais il faut être réactif et que l’on envoie les lieutenants de louveterie ou la brigade le jour même », a déclaré Jean-François Maurin, le président de la FDSEA. « La population de loup du département ne cesse de s’accroître, les attaques sur les troupeaux s’ensuivent » a rappelé le syndicat des Jeunes agriculteurs dans un post Instagram révélant ce prélèvement. « Pour faire baisser la population lupine, il faut accorder bien plus de tir aux éleveurs pour qu’ils puissent se défendre (éleveur bovin y compris) ! », notent les Jeunes agriculteurs. Les syndicats continuent de suivre le dossier de prêt, alors que les troupeaux commencent, avec les beaux jours, à sortir en estives et les attaques à recommencer.
« La nouvelle d’un prélèvement d’un loup lors d’un tir de défense est une bonne chose, mais ce tir est loin d’être suffisant pour faire baisser la prédation sur le département, note le président des JA, Hervé Boudon. Le nombre de loups augmente d’année en année, comme le nombre d’attaques et de victimes. L’État doit accorder plus de tirs de défense. Tous les moyens doivent être mis pour éliminer les meutes qui s’installent dans notre département, et font de la Lozère la réserve à loups du Massif central ».
Dans la nuit du 8 au 9 juin, sur la commune de Gorges-du-Tarn-Causses, « un loup en situation d’attaque sur un troupeau ovin a été prélevé dans le cadre d’un tir de défense. Le tir est intervenu en complément des mesures de prévention mises en place par l’éleveur pour la protection de son troupeau. Ce tir a été effectué par un chasseur mandaté par l’exploitant. Ce prélèvement fait suite à trois constats de dommage récents sur des troupeaux situés à proximité », a détaillé dans un communiqué de presse la préfecture.
« Il s’agit du 51e loup tué en France depuis le début de l’année dans le cadre des arrêtés ministériels fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées concernant cette espèce. L’autopsie réglementaire a été réalisée par le laboratoire départemental le 10 juin. Elle a déterminé qu’il s’agissait d’un mâle d’environ deux ans ».
« Cela faisait plusieurs jours que le troupeau de brebis de mon voisin était souvent scindé en deux, et en stress », détaille un agriculteur qui a participé à l’opération. Si aucune attaque n’avait encore été déplorée sur ce troupeau, des attaques sur des troupeaux localisés sur le même territoire avaient eu lieu ces dernières semaines, et jusqu’à la veille de l’opération. Les agriculteurs du coin s’étaient donc relayés pour surveiller les troupeaux, actionnant ainsi la solidarité paysanne. « Nous avions remarqué que nos patous partaient régulièrement dans un coin, près d’un bosquet, et on sait que les loups passent souvent par là ».

Les cercles loups
Chaque année, le préfet de département est amené à revoir l’éligibilité des communes du département aux mesures d’accompagnement du plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage. 
Cette révision s’appuie sur le décret du 30 décembre 2022 et l’arrêté du 30 décembre 2022 relatifs à l’aide à la protection des exploitations et des troupeaux contre la prédation du loup et de l’ours, qui fixent les modalités de délimitation des « cercles ». L’arrêté a été signé au 30 mai 2024 par le préfet de Lozère (et est téléchargeable sur le site de la préfecture de Lozère).
Le cercle 1 de l’opération de protection des troupeaux contre la prédation comprend 67 communes, tandis que le cercle 2 en comprend 65. Le cercle 3, lui, comprend 20 communes. Les éleveurs ou leurs regroupements conduisant leurs troupeaux dans ces communes sont éligibles aux aides à la protection contre la prédation dans les conditions définies par le décret du 30 décembre 2022 et l’arrêté interministériel du 30 décembre 2022 susvisés.
Les aides pour protéger son troupeau contre la prédation sont à demander via un appel à projet national annuel à remplir via le téléservice Safran. L’appel à projets 2024 est ouvert depuis le 15 janvier et jusqu’au 31 juillet. Chaque demandeur ne peut déposer qu’un seul projet. Le dépôt se réalise en remplissant un formulaire en ligne sur le téléservice Safran.
Pour les demandes de soldes 2023, elles se font en ligne sur le téléservice Safran. Pour les demandes de soldes « papier » veuillez prendre contact avec la DDT : Florence Boulet au 04 66 49 45 21. Ces demandes de solde 2023 sont à déposer sous Safran avant le 30 juin 2024, dernier délai.

 


Le festin des loups : le cri du cœur d’un agriculteur
Paru en avril, le festin des loups a été écrit par Olivier Maurin, un agriculteur lozérien dont le combat contre le loup a commencé dans les années 2010, lorsque son troupeau ovin a été attaqué sur le mont Lozère. Maire de Prévenchères depuis 2020, il n’en a pas pour autant oublié sa bataille, même s’il a décidé de la mener, « pour l’instant », avec des mots.
Entre 2010 et 2020, il aura été de toutes les manifestations contre le loup, et aura participé à de nombreuses réunions tant départementales que nationales sur le sujet pour tenter d’alerter le grand public sur cette problématique qui « impacte les éleveurs au quotidien, et met à mal une économie de territoire ». Au-delà du loup, il apporte aussi régulièrement son soutien aux agriculteurs prédatés par l’ours, notamment. 
« Qui se soucie encore des hommes de la terre ? Ceux qui nous nourrissent et qui font vivre des pratiques ancestrales, gage de la qualité de notre patrimoine. Leur équilibre de vie est devenu tellement précaire que tout semble prêt à basculer » explique la quatrième de couverture. Éleveur de brebis, président de la filière IGP Élovel, Olivier Maurin tient à son territoire et à sa profession. Et s’il avoue une « certaine fatigue d’un combat sans fin », son livre dessine aussi toute la passion qu’il ressent toujours pour un métier qu’il a choisi après des études qui auraient pu le mener sur d’autres voies. Ce livre aura pris près de cinq ans entre les premières ébauches et l’édition finale.
« Le retour du loup est un symbole », note l’auteur, qui souhaite, à travers ses lignes, porter la voix des milliers de sans-voix des territoires ruraux. « Abandonnés par l’État et culpabilisés par un discours écologiste simpliste, les éleveurs et les bergers français sont incapables de défendre leur métier. Ils renoncent même à transmettre cette vie de passion à leurs enfants », détaille Olivier Maurin. Engagé depuis des années, l’auteur défend l’excellence de la production du paysan qui aime ses bêtes et sa terre. Maire d’une commune rurale, il sait que l’arrivée d’un loup, c’est du sang et des larmes, et le mépris des administrations. « Au nom d’une vision romantique de la nature dont le loup serait le symbole, nous allons voir disparaître les petits paysans et les centaines d’espèces animales et végétales qui dépendent d’un pastoralisme millénaire », avertit Olivier Maurin. Cet ouvrage est une invitation à sortir du dogmatisme « pro-loup » ou « anti-loup ». Agriculteur, Olivier Maurin livre ici ce qu’est sa vie et celle de ses pairs. Il tente aussi de proposer des solutions concrètes pour une coexistence prospère des mondes sauvage, agricole et citadin.
Si ce livre lui a permis de poser des mots sur une souffrance qu’il ressent depuis des années, Olivier Maurin, qui avait souhaité mener d’autres projets ces dernières années, n’a pourtant pas dit son dernier mot sur le loup, promet-il. « Je suis devenu maire de Prévenchères en 2020 et ça m’a permis de mener des dossiers plus positifs, de prendre un peu de recul aussi ». S’il espère toucher le grand public avec ce livre franc sur son quotidien, l’auteur est aussi conscient de la polarisation extrême du débat. « Je souhaite que les paysans puissent vivre en paix dans nos campagnes, et je n’arrêterai pas tant que ce ne sera pas possible », a-t-il conclu.
Marion Ghibaudo
Le festin des loups, d’Olivier Maurin, publié en avril 2024, tarif : 18,50 €.
 

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