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Un label Grands Sites de France et une opposition agricole

Mardi 11 juin aura lieu l’inauguration du classement en grand site de France du territoire gorges du Tarn, de la Jonte et des causses. Un label obtenu le 21 mai, délivré par le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires. Un label auquel s’oppose le monde agricole, « par méfiance ».

Le point sublime d'où l'on voit les gorges de la Jonte
© Marion Ghibaudo

La décision officielle d’attribution du label Grand Site de France signée du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires a été publiée au bulletin officiel le 23 mai. Ce label, accordé par l’État pour une durée de huit ans, « reconnaît l’engagement du territoire Gorges du Tarn, de la Jonte et causses dans un projet de développement concerté, fondé sur la préservation et la restauration de la valeur paysagère du site ; projet vecteur d’un accueil de qualité, respectueux des lieux et de la vie de ses habitants ».
Le site classé des gorges du Tarn et de la Jonte, cœur emblématique autour duquel s’articule la démarche, est protégé de toute atteinte grave par un dispositif réglementaire (loi du 2 mai 1930) qui entraîne le contrôle des aménagements et travaux depuis le classement de 2002. Il n’en est pas de même pour le périmètre élargi concerné par la démarche liée au label Grand Site de France. La vocation du label réside dans la récompense et le soutien de l’engagement du territoire dans un projet concerté de gestion, préservation et valorisation du site. Le périmètre du Grand Site de France Gorges du Tarn, de la Jonte et causses (821 km²), quatre fois plus vaste que celui du site classé (210 km²), a été décidé localement, au sein des instances des communes et des communautés des communes pour englober l’ensemble des communes désireuses de s’inscrire dans une dynamique collective d’actions qui se déclinent selon trois axes principaux : « favoriser la préservation des paysages et éléments constitutifs du patrimoine, mieux gérer les flux touristiques et travailler la qualité de l’offre de découverte, accompagner l’adaptation des activités économiques locales ».

Le syndicalisme agricole se positionne contre ce classement
Alors que les braises de la crise agricole du début d’année continuent de rougeoyer, le syndicalisme majoritaire agricole lozérien a décidé d’affirmer sa position sur le classement des grands sites. « Nous sommes devenus méfiants », note Christine Valentin, présidente de la chambre d’agriculture Lozère. « Parce que l’agriculture a été maltraitée, et que l’on subit aujourd’hui des obligations, des contraintes, des conditionnalités (BCAE 9, par exemple), et qu’on doit appliquer un certain nombre de contraintes sans avoir même pu les anticiper, ou même parce qu’on ne nous a jamais parlé de contraintes et qu’on les a découvertes au fil du temps, et parfois en ouvrant les dossiers Pac, et bien nous avons pris une position, qui est certes politique, mais qu’on assume : être opposé à toute nouvelle classification, qu’elle soit dans un but directement économique, touristique, agricole, pas du tout agricole, etc. Quelle que soit la classification, dès lors qu’un classement est demandé, la chambre d’agriculture prendra une position négative dans toutes les instances. Parce qu’on le vit trop mal », a développé la présidente de la chambre d’agriculture. Un exemple : les zones Natura 2000. « On peut évoquer les règles de conditionnalité qui s’appliquent sur les prairies permanentes devenues prairies sensibles et sur lesquelles on ne peut plus du tout lancer de cultures, limitant fortement l’activité agricole. On a donc pris la décision de ne valider aucun zonage nouveau ».
Après la surprise des prairies sensibles en 2023 et les nombreuses difficultés que cela a entraînée sur le terrain, le syndicalisme ne veut plus être pris en défaut d’ici 10, 20 ou 30 ans. « On ne sait pas ce qui sortira de ces classements dans les années futures. Natura 2000, à l’époque, on nous l’avait vendu comme quelque chose de bénéfique », rappelle Christine Valentin. Protestant, à l’été 2023 contre l’imposition des prairies sensibles, les syndicats agricoles majoritaires avaient averti : « nous nous opposerons, désormais, à toute demande de classement en site, grand site, etc. ». Lorsque l’avis de la chambre d’agriculture a été sollicité dans le cadre de la commission des grands sites, ils ont donc tenu leur position. 
« Il y a beaucoup de sites qui sont notés remarquables, qui sont notés différenciés par rapport au reste du territoire en Lozère ; que ce soit des parcs naturels ou régionaux, des grands sites, des sites Unesco, etc. On a un certain nombre de classements des territoires en Lozère », a souligné Christine Valentin. Un processus auquel a pris part la chambre d’agriculture à divers degrés : « sur certains points, nous avons été virulents mais nous avons aussi été coulants sur d’autres points, parce que cela concernait principalement le tourisme, par exemple, et que nous ne voulons surtout pas nous opposer au monde du tourisme ou au monde économique ».
Ce classement en grand site des gorges du Tarn est le premier à tomber sous le couperet, « mais ce n’est que le premier d’une longue série si d’autres zones nous sont proposées en commission des grands sites », avertit la présidente de la chambre d’agriculture. « La chambre d’agriculture, tant que je serai présidente, aura cette position d’être opposé à tout zonage nouveau ». Et pour expliquer sa position, la chambre d’agriculture a d’ailleurs envoyé une lettre à la commission des grands sites en spécifiant qu’elle « reconnaissait la valeur touristique des gorges, avec l’économie évidemment liée au tourisme, mais on se méfie de ce que cela pourrait entraîner au niveau agricole. Nous n’avons aucune sécurité sur le fait que le domaine agricole ne serait pas touché un jour, entraînant des contraintes nouvelles, donc au niveau actuel des connaissances, on préfère voter contre ».
Seul moyen, à l’heure actuelle, de faire changer d’avis la chambre d’agriculture : « enlever toutes les contraintes agricoles sur les zonages déjà délimités. On en demande un, déjà très largement, sur la BCAE9 », conclut Christine Valentin.
 

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