« Un discours séduisant mais inquiétant»
David Chauve, Président de la FNSEA 63
Le président de la FNSEA 63, revient sur la visite du président de la République à l’occasion des vœux à l’agriculture, le 25 janvier dernier.
Accueillir le président de la République à l’occasion d’une visite orientée sur l’agriculture, est une chance pour le département de faire connaître ses spécificités…
Cela peut effectivement être l’opportunité de faire passer des messages à condition d’être reçu… Nous n’étions pas conviés à échanger avec le Président.
La visite a été, me semble-t-il assez représentative de la façon de procéder du gouvernement, qui préfère afficher une proximité avec les agriculteurs et en même temps refuser d'échanger avec les responsables syndicaux alors que les deux me semblent plutôt complémentaires.
Concernant l’affichage, le choix du Puy-de-Dôme n’est pas anodin. Il a été aisé d’exclure les syndicats des rendez-vous et de mettre en avant un ancien candidat « En marche » en la personne du Président de la Chambre d'Agriculture.
Au vu de ce fonctionnement, plus que jamais, pour être écoutés, il nous faudra être mobilisés collectivement pour prouver notre représentativité. Mais soyez surs d'une chose : pendant que les autres font de la mise en scène, NOUS, nous suivons et mesurons l'enjeu des dossiers où il y a parfois, de quoi ne pas être franchement rassuré !!!
Le discours présidentiel a captivé l’auditoire et a été longuement applaudi. Les messages portés étaient donc en phase avec les attentes des agriculteurs ?
À la première écoute et comme on pouvait s'y attendre, le discours était séduisant, très enjolivé. Le Président s’est montré sensible aux difficultés des agriculteurs. Il a affiché de la fermeté sur la question de la construction du prix, taclant même les GMS. Souhaitons quand même que la loi soit dans la ligne du discours. Le gouvernement est clairement attendu au virage...
Après relecture, derrière le beau discours, des incohérences suscitent de vraies inquiétudes. M Macron nous explique pendant une heure la nécessité de la montée en gamme de la production française : produire mieux, viser l’excellence, le « sans pesticide » au plus vite. Pourtant, la signature d’accords internationaux de libres échanges (Mercosur) relève pour lui de l’évidence. Il nous demande d’exceller, tout en nous livrant à la concurrence déloyale du marché mondial ! On nous prend pour des c...
Que dire de l'impasse totale sur les enjeux de la gestion de l'eau dans le discours présidentiel, pourtant ô combien vitaux pour l'économie de nombreux territoires Puydômois ! Où est l'ambition du gouvernement pour son agriculture ?
Autant de questions que nous avons évoquées lors de l'entretien avec le ministre de l'Agriculture dont les réponses sont partielles voire ambigües, suscitant de vrais doutes. La profession doit rester sur ses gardes et se tenir prête...
Je suis, par ailleurs, très gêné du ton adopté en conclusion pour parler des agriculteurs comme des « personnes passionnées ». Certes, le métier est passionnant mais la passion a des limites et rien ne justifie de tirer un peu plus sur la corde en agriculture plus qu'ailleurs !!!