Un coup de projecteur sur les initiatives des territoires
Avec son premier Forum européen des ruralités à La Souterraine (23), la Région Nouvelle-Aquitaine a braqué les projecteurs sur les projets innovants des territoires ruraux. Outre le partage d'expériences, la décentralisation et le rôle de l'État ont été au coeur des débats.
La Région Nouvelle-Aquitaine mise sur les territoires ruraux. Pour encourager les projets innovants issus de la ruralité, la Région a créé au printemps un Cluster Ruralité. Un appel à projets est en cours avec un budget de 6 MEUR pour soutenir les projets des communes de moins de 3 500 habitants. Pour ce premier Forum européen des ruralités qui a réuni quelque 200 personnes à la Souterraine le 23 octobre, la part belle a été faite aux témoignages et à l'optimisme. « Rural ne doit pas être un gros mot » résume Patrick Borie, maire de Marthon (16), retraçant les actions mises en place dans sa commune. Pour Magali Tallandier, économiste, professeure en urbanisme et aménagement du territoire, le regard sur les territoires ruraux change. « Il n'y a pas de fatalité au non-développement, constate-t-elle. De nombreux territoires a priori condamnés ont trouvé des solutions pour rebondir ». Pour cela, l'innovation technique et sociale est décisive. D'autres facteurs sont aussi essentiels. Pour Magali Tallandier et Gilles Savary, ancien député européen, le numérique a bouleversé le rapport aux territoires.
Optimisme mais ...
Pour autant, si l'optimisme est réel, il ne fait pas oublier les nombreuses difficultés. Départ d'entreprises pourtant florissantes, difficultés à trouver de la main d'oeuvre pour d'autres, manque d'attrait du rural pour les professionnels de santé, rentabilité des commerces, la liste est longue. Les participants ont aussi pointé du doigt le millefeuille administratif tant français qu'européen et les écueils de la loi NOTRe. Si l'idée de départ était louable, le résultat fait grincer les dents. « Pour être clair, il faut des transferts totaux et massifs de compétence », résume Gilles Savary. Prenant la parole en fin de matinée, le président de Région s'est lancé dans une diatribe contre la « France de Paris », rappelant ses manquements au travers de plusieurs exemples. « Aujourd'hui l'État est fauché mais il veut conserver ses pouvoirs, s'agace Alain Rousset. On essaie de camoufler la baisse de crédits de Bercy avec des fonds européens. L'État nous a toujours transféré ce qui ne fonctionnait pas et qu'il ne pouvait plus ou ne voulait plus financer. » Le Président de Région appelle à massifier l'innovation et à une réelle décentralisation. Un nouveau Forum devrait être organisé au printemps 2020.