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Un ballon pour contrer la prise de poids

Une équipe pluridisciplinaire du CMC d’Aurillac intervient auprès de patients à qui un ballon gastrique Allurion a été posé.
 

Trois dames docteurs en blouse blanche
Le Dr Dumaine, épaulée par Oriane Delprat et Maëva Fourcat.
© M. V.

Pour perdre du poids, la volonté ne suffit pas. Il faut parfois un coup de pouce de la médecine et c’est ce que propose le docteur Anne-Stéphanie Dumaine, chirurgien viscéral au CMC d’Aurillac. Mais pas question de chirurgie avec le ballon gastrique Allurion qui “s’avale” avant de se désintégrer quelques mois plus tard… “Pas d’anesthésie, pas d’endoscopie, c’est de l’externe”, confirme le docteur, qui a déjà posé six ballons depuis le lancement de cette technique au CMC d’Aurillac, en novembre. Une clinique qui ne proposait pas jusqu’alors de prise en charge de l’obésité alors qu’il y a “de la demande”.
Six ballons, six femmes en situation d’obésité, âgées entre 25 et 75 ans. Mais l’intervention est ouverte à tous, à condition d’être majeur, sans pathologie psychiatrique ou dépendance (alcool, drogue), de ne pas pratiquer la plongée et de ne pas avoir subi de résection de l’estomac ou de chirurgie de l’obésité (intestins avec sutures, troubles moteurs de l’œsophage,…). Et de répondre à un critère obligatoire : avoir un IMC(1) compris entre 25 et 29,9 pour qualifier le surpoids, au-dessus de 30 pour l’obésité, voire supérieur à 35 en cas d’obésité sévère. “Ce n’est pas une opération esthétique, précise Oriane Delprat, éducatrice en activités physiques adaptées. Le but est bien de favoriser la perte de poids quand on est en surpoids ou obèse.”


Nutrition et activités physiques


Avant d’arriver à l’hôpital de jour, les patients ont déjà essayé plusieurs régimes, soit tout seuls, soit accompagnés, mais dans tous les cas, “ils ont repris. Ça fait le yoyo et ils se retrouvent dans une impasse”, présente Maëva Fourcat, diététicienne. Quand ils se tournent vers l’équipe pluridisciplinaire du CMC, c’est d’abord parce qu’ils ont entendu parlé de ce ballon gastrique Allurion via leur médecin traitant ou sur les réseaux sociaux. “Les consultations sont accessibles à tous et la plupart sont déjà au courant de ce qu’on va leur proposer”, constate le docteur Dumaine. Après un long entretien pour vérifier qu’il n’y a pas de contre-indication à la pose du ballon, Oriane Delprat et Maëva Fourcat interviennent elles sur la nutrition et l’activité physique. 
Si tous les feux sont au vert et les prises de sang pour rechercher des carences notamment sont validées, l’intervention est programmée une quinzaine de jours plus tard et, en prévention, un traitement médicamenteux est prescrit, pour limiter  l’acidité et les reflux. 
En moins de deux heures, le ballon gastrique est posé. Le patient arrive à jeun, pour qu’il ait la place de s’installer dans l’estomac. Il avale une capsule qui va se remplir via un cathéter pour finalement se déplier et donner forme à ce ballon de 500 ml. Une radio de contrôle permet de vérifier qu’il est bien positionné dans l’estomac. Dans les 48 heures suivantes, l’organe va se réhabituer petit à petit à manger, d’abord du liquide puis des petites quantités solides. Après un temps de surveillance, le patient peut rentrer chez lui, avec une ordonnance (antispasmodique, antalgique) pour limiter les effets secondaires, et est recontacté par téléphone à J+1 et J+3. 


Accompagner l’effort


En réduisant la capacité d’absorption de l’estomac, l’individu aura “une sensation plus précoce de satiété, explique Anne-Stéphanie Dumaine. Donc moins faim”. Mais ce n’est pas suffisant. Car dans tous les cas, il faudra rééduquer le patient à mieux manger et bouger. “Il doit vraiment être acteur de son parcours. Nous, on est support mais c’est à eux de faire l’effort. Le ballon, c’est simplement une aide, un levier.” Car une fois qu’il sera dégonflé et évacué “par les voies naturelles”, sous quatre mois, le changement des (mauvaises) habitudes alimentaires et sédentaires doit perdurer pour un résultat optimal.  Pas facile, surtout quand les réflexes sont mauvais. Alors, un suivi est proposé sur six ou douze mois, avec des consultations mensuelles(2) pour “se fixer de nouveaux objectifs et devenir autonome pour se constituer sa propre séance de sport et favoriser un réentraînement à l’effort. L’activité physique, ça peut aussi être monter les escaliers, jardiner, faire le ménage,…”, illustre Oriane Delprat. 
Les menus réfléchis avec Maëva Fourcat et les exercices sont compilés dans un livret personnalisé. “Tout seul, c’est dur de perdre du poids, il faut qu’ils soient accompagnés.” Deux outils permettent également de suivre la progression du patient, même à distance : une balance et une montre connectées, qui sont conservées à l’issue du programme. “Ils se pèsent une à deux fois par semaine et si ça ne va pas, on les appelle”, complète le docteur, qui surveille via un logiciel l’évolution de la courbe de poids. Si l’objectif affiché est de perdre entre 10-15 % de son poids initial, “à partir de - 5 %, on diminue les risques liés à l’obésité. On sent rapidement les effets, notamment sur les capacités cardio-respiratoires. C’est un vrai sujet de santé publique car 47 % des adultes sont en surpoids, 17 % en obésité.” Et les conséquences sont nombreuses : essoufflement, maladies cardiovasculaires, diabète, apnée du sommeil, infections pulmonaires, usure du cartilage, problèmes hépatiques,… “Ça touche tout. C’est moins connu, mais ça augmente aussi les risques de cancers, du sein, du pancréas,… Que des problèmes à moyen et long termes en fait.” 
Avec le recul, d’autres cliniques françaises qui ont déjà posé 50 000 ballons gastriques indiquent qu’ “à un an, 95 % des patients maintiennent leur perte de poids”. À Aurillac, trois interventions sont déjà prévues début mai. Des interventions non prises en charge par la Sécurité sociale : il en coûtera 3 550 € pour un suivi sur six
mois ; 3 900 € pour un an. Des chiffres à mettre en perspective de ce qui a déjà été dépensé par les patients (salle de sport, diététicienne, plats préparés,…) pour peu de résultats au final. 

(1) Le calcul de l’indice de masse corporelle ou IMC (poids divisé par la taille au carré) indique si la personne est en surpoids.
(2) Un sophrologue peut également accompagner les patients.
 

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