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Tout se joue dans les premières heures

La santé du veau nouveau-né est un équilibre fragile entre ses défenses immunitaires et les agents pathogènes qui l’entourent. Une attention particulière est donc à porter, 5 à 10 % des veaux mourant avant d’avoir atteint 1 mois.

© GDS Creuse

Après 9 mois dans le ventre de sa mère, le veau naissant va être confronté à des changements brutaux : déclenchement de la respiration, adaptation à la température ambiante, présence d’agents pathogènes dans l’environnement... Il est d’autant plus exposé qu’il naît stérile et sans défenses. Les événements des toutes premières heures vont conditionner sa survie immédiate et, même, bien au-delà.

Des facteurs prédéterminés
Une partie de ses chances de survie s’est jouée bien avant le vêlage. Des facteurs génétiques de résistance immunitaire innée existent, ils peuvent expliquer que, dans un même contexte, certains veaux sont malades et d’autres non. Mais, vous pouvez maîtriser les facteurs principaux, le veau naissant plus ou moins résistant en fonction des éléments de sa gestation. Si sa mère a été bien nourrie, minéralisée, déparasitée, voire vaccinée, il aura mis toutes les chances de son côté. En revanche, si sa mère a subi un déficit énergétique important, il va naître avec des réserves corporelles faibles et sera plus sensible dès les premières heures. Il en sera de même en cas de carence en sélénium avec les problèmes de myopathie et d’immunité ou en iode avec le syndrome de détresse respiratoire.

Un équilibre thermique fragile dans les premières semaines
Dans les premières semaines, le veau est très sensible à son environnement thermique, avec un optimum entre 10 °C et 20 °C, sans courant d’air. S’il naît en forme, qu’il se lève rapidement et va téter, il peut supporter des températures plus faibles. S’il s’agit d’un veau né par extraction forcée, peu mobile ou avec une maladie néonatale, sa température corporelle peut chuter très rapidement. Le veau est un homéotherme (température corporelle constante) et toute baisse de la température (température normale entre 38,5° et 39,5°C), même minime, constitue une alerte majeure et nécessite de le réchauffer.

Une contamination bactérienne initiale déterminante
Le veau naissant stérile, dès les premières minutes, des bactéries vont coloniser son intestin pour constituer son microbiote. Ces bactéries sont indispensables à son fonctionnement digestif et, au-delà, à la mise en place de son immunité et de son développement ultérieur. La première contamination se fait dans le vagin dès l’ouverture du col de l’utérus puis au sol ou lorsque la vache lèche son veau. 6 h après la naissance, on retrouve déjà 1 milliard de bactéries par gramme de fèces sur le veau ! Si l’environnement est sain, la contamination se fera par 500 espèces bactériennes bénéfiques, principalement les lactobacilles ou les bifidobactéries favorables à la digestion du lait. Mais, si la vache a la diarrhée ou si on intervient sur le vêlage sans précaution d’hygiène, on va retrouver dès le vagin des bactéries pathogènes qui vont profiter de l’absence de flore pour coloniser tout l’intestin du veau et déclencher de la diarrhée. Il en sera de même si le veau naît dans un environnement souillé (box à veaux) ou si la mamelle est sale lors de la première tétée.

Une attention particulière au cordon
Le cordon ombilical est l’autre porte d’entrée des bactéries. Elles remontent ensuite les vestiges des artères, veine et canal de l’ouraque, provoquant des omphalites, voire des abcès au foie ou à la vessie. La bactérie peut également coloniser tout l’organisme, provoquant septicémie, endocardite ou arthrite. Une attention toute particulière est donc à porter à l’hygiène de la zone de vêlage et au nombril. L’application d’un produit désinfectant à la naissance est controversée ; elle est théoriquement bénéfique mais peut s’avérer contre-productive si la mère lèche l’ombilic ou si le produit modifie le séchage.

Une protection colostrale indispensable
Bien qu’il soit immunocompétent dès la naissance, le veau est très dépendant pendant les premières semaines des anticorps transmis par sa mère via le colostrum. Plusieurs paramètres déterminent le transfert immunitaire :
- Le délai d’administration. La paroi intestinale du veau naissant est perméable aux anticorps pendant quelques heures. Avant 6 h, l’assimilation sera bonne, moyenne entre 6 h et 12 h et mauvaise entre 12 h et 24 h. Au-delà, les anticorps auront encore une action locale mais aucun ne pénètrera dans l’organisme.
- La quantité ingérée. Il est conseillé d’administrer le plus rapidement possible 5 à 10 % du poids corporel du veau, cette fourchette s’expliquant par les différences de qualité. La quantité de colostrum disponible est liée à l’alimentation de la mère, à son rang de vêlage (les génisses ont souvent moins de colostrum que les vaches) ou aux veaux voleurs qui ont tété la mère avant la mise-bas. En pratique, on recommande 2 litres minimum, à administrer à la sonde si le veau ne tête pas spontanément.
- La qualité du colostrum. Elle est liée au rang de vêlage, les vieilles vaches ayant souvent des colostrums de moins bonne qualité ou à la race, le colostrum de laitière étant plus dilué. L’alimentation joue également un rôle important sur la richesse en anticorps et, tout particulièrement, le sélénium ou la vitamine A.

En cas de problème, des analyses pour éclairer la situation
Lorsqu’un jeune veau tombe malade, c’est que l’équilibre entre ses défenses immunitaires et les bactéries pathogènes a été rompu. Cela peut être dû à un mauvais transfert immunitaire ou une charge en pathogènes trop importante, voire les deux. Le premier examen à réaliser est une prise de sang sur les veaux pour mesurer le taux d’anticorps circulant (cf. encadré). Cela permettra d’orienter les solutions possibles.

Un transfert immunitaire insuffisant…
Si le taux d’anticorps dans le sang est trop bas, vous analysez ce qui s’est passé pour mettre en place des corrections : s’assurer que les veaux tètent dans les délais, ne pas hésiter à complémenter les veaux issus de vaches n’ayant pas assez de colostrum, revoir la gestion du parasitisme, de l’alimentation et de la minéralisation sur les mères, modifier l’allotement pour éviter les veaux voleurs.

… ou de la pathologie malgré de bonnes défenses immunitaires
Les veaux sont bien protégés mais ils tombent quand même malades. Au-delà des facteurs génétiques, revoir l’alimentation (impact sur la qualité du lait) et désinfecter la case, voire le bâtiment, car la charge de pathogènes dépasse les capacités de défense immunitaire du veau. Ce phénomène s’accroît au fur et à mesure de l’avancée de la campagne de vêlages. Les premiers veaux nés multiplient progressivement les agents pathogènes et les derniers nés sont confrontés à une charge bactérienne beaucoup plus importante. C’est ce que l’on appelle la dynamique de contamination.

La santé du veau, un enjeu économique majeur
Les maladies néonatales ont un impact économique considérable, par la mortalité qu’elles entraînent, par le temps passé aux soins et les frais engendrés. Une partie peut être évitée avec des mesures systématiques : préparation de la vache au vêlage, hygiène autour de la mise-bas, prise contrôlée du colostrum par le veau, sans oublier le bouclage rapide avec la boucle BVD. Dans un contexte économique compliqué, il y a là un facteur déterminant d’amélioration de la productivité de votre élevage. Nous vous accompagnons avec des informations techniques et des aides aux analyses. Pour plus de renseignements, consultez « Vêlage et santé du veau » dans l’onglet « Actions - BOVINS » sur www.gdscreuse.fr et n’hésitez pas à revenir vers nous ou votre vétérinaire.

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