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Elevage
Tour d’horizon des filières bovine, porcine et laitière

Contractualisation, plans de développement des filières, cotations : des sujets abordés lors du comité régional d’orientation de l’élevage limousin du mardi 20 juillet.

A la tribune, J.-P. Viollet, président du Croel, entouré de Pierre Chevalier et Guy Hermouet, président et vice-président de la FNB. A droite, Bruno Bunisset, président de la section porcine de la FRSEA Limousin et Bernard Rebière, directeur de la chambre régionale d’agriculture.
A la tribune, J.-P. Viollet, président du Croel, entouré de Pierre Chevalier et Guy Hermouet, président et vice-président de la FNB. A droite, Bruno Bunisset, président de la section porcine de la FRSEA Limousin et Bernard Rebière, directeur de la chambre régionale d’agriculture.
© D.R.

Ainsi que l’a rappelé le président du Comité régional d’orientation de l’élevage limousin (Croel), Jean-Philippe Viollet, lors de la réunion du mardi 20 juillet, le récent vote de la loi de modernisation agricole (LMA) ne doit pas faire oublier que beaucoup reste à faire pour sortir de la crise que connaît l’agriculture. L’ensemble des filières est confronté à de grandes difficultés et s’interroge sur les moyens à mettre en œuvre pour y faire face. La réunion du Croel a permis de faire un état des lieux de l’avancée des réflexions des filières bovine, porcine et laitière.

 

Le projet de la Fédération nationale bovine pour la filière viande bovine

Depuis maintenant plus de trois ans, la filière bovine est en crise. Les cours demeurent au plus bas alors que les charges explosent. Dans le même temps, la France et l’Europe connaissent un déficit en viande bovine et doivent importer. Même si les droits de douane et les obligations à respecter en matière de bien-être animal et d’environnement permettent de protéger un peu le marché européen, les négociations avec le Mercosur restent préoccupantes. Le panorama de la situation dressé par Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine (FNB), est terne. Les discussions entamées autour de la politique agricole commune (PAC) après 2013 dépassent aujourd’hui la sphère agricole et concernent la société toute entière. L’Europe veut-elle conserver son modèle agricole ? Son indépendance alimentaire ? Des enjeux au cœur du projet FNB pour le secteur viande bovine. Présentés par Guy Hermouet, vice-président de la FNB, les objectifs de ce projet tiennent en deux mots : régulation et soutiens. Régulation des marchés et des revenus des agriculteurs d’une part, et des soutiens ciblés et différenciés d’autre part. Il est essentiel pour la filière d’arriver à un équilibre des forces entre les acteurs. Pour ce faire, la filière bovine doit obtenir la transparence sur les prix et les marges ainsi que sur la pesée-classement. La FNB souhaite également faire évoluer le système des cotations (Cf. encadré). Enfin, la valorisation des produits passera par le développement de la « contractualisation avec sécurisation des marges ». Impliquant éleveurs, organisations de producteurs et abatteurs, elle s’inscrira dans un cadre national (contrats-types par production) et se basera sur les coûts de production réels. Le schéma proposé est le suivant. Par rapport à un niveau de prix défini, les hausses ou baisses de faible amplitude pourraient être pris en charge par l’abatteur ou l’éleveur selon le cas. Dans le cas d’une forte variation à la baisse, une caisse de sécurisation permettrait de maintenir le prix pour l’éleveur.

 

Filière porcine : sortir de la crise chronique

Depuis avril dernier, l’ensemble de la filière porcine du Sud-Ouest, à l’initiative de la FRSEA du Limousin, s’efforce de trouver des solutions à la crise. Une crise qui dure : avec des élevages aujourd’hui exsangues et manquant de compétitivité, une viande souffrant d’une image médiocre, une consommation en chute. Conscient des problèmes de la filière, le ministre de l’agriculture Bruno Le Maire a annoncé la mise en place d’un plan de développement de filière pour la rentrée. Les objectifs ? Maintenir la production française à 27 millions de porcs à l’orée 2015 et redorer le blason de la viande de porc. Dans l’immédiat, et pour répondre rapidement aux éleveurs porcins en difficulté, il faut agir rapidement pour fixer un prix de référence tenant compte des coûts de production. Et promouvoir la viande de porc. Pour le Limousin, les bases d’un schéma moralisateur de la filière et d’une méthode de calcul du prix de référence sont jetées. Un premier calcul fait état d’un coût de revient moyen de 1,371 euro/kg de carcasse pour le Limousin. Il faut maintenant passer de ce coût à la fixation d’un prix de référence puis à une cotation pour la Viande de porc française.

 

Lait : une filière déséquilibrée

La définition d’un plan de développement de filière annoncé par Bruno Le Maire concerne également la filière laitière française. Au niveau mondial, on constate une très forte volatilité des cours, une production stable mais inférieure à la demande globale ainsi qu’une légère remontée des prix. En Europe, les exportations reprennent, dopées par la dépréciation de l’euro de 20 % au premier semestre. La France doit quant à elle faire face à une Allemagne très dynamique. La filière lait française souffre en outre de profonds déséquilibres avec, notamment, une forte concentration des distributeurs. La situation en Limousin est difficile avec une production ralentie et un nombre de producteurs en baisse. En 2009, le prix du lait a chuté de 18 %, revenant ainsi à son niveau de 2005 alors que les charges croissaient de 17 %. Concernant le plan de développement demandé par la profession, des questions se posent. Quelle organisation pour les bassins laitiers ? Quelle contractualisation ? Quelles mesures pour les zones à faible densité telles que le Limousin ?

Les cotations sur le grill

Guy Hermouet est revenu sur la question des cotations bovines. La fin du mois de juin et le début du mois de juillet ont été émaillés d’actions de blocage dans toute la France. La section bovine de la FRSEA Limousin, avec un blocage de quatre semaines consécutives, a été particulièrement active. En cause, des cotations fixées bien souvent au-dessous du coût de production des éleveurs et sans lien avec la réalité d’un marché bien loin d’être suralimenté et des prix aux consommateurs qui augmentent. « Il nous faut continuer à faire pression pour que la réalité soit prise en compte », indique le vice-président de la FNB. Aujourd’hui, l’Europe est déficitaire en viande bovine. Dans le même temps, les prix aux producteurs ne cessent de chuter. Le 21 juillet, un groupe de travail national Cotations s’est réuni pour faire le point sur les actions menées jusqu’ici et élaborer des propositions pour faire évoluer le système. Affaire à suivre.

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