"Etonnement, inquiétude, incompréhension, insulte, ineptie" telles ont été les réactions de la profession agricole de Haute-Loire, de la présidente du Département et des 4 parlementaires, à la lecture du rapport de la Cour des comptes sur les soutiens publics aux éleveurs de bovins paru le 22 mai dernier. C'est pour dénoncer son contenu, qui ne reflète en rien la réalité de notre élevage, et ses préconisations, que la présidente du Département Marie-Agnès Petit avait convié ce 2 juin au matin, le président de la Chambre d'agriculture, Yannick Fialip, les députés, Jean-Pierre Vigier, Isabelle Valentin et sénateurs, Laurent Duplomb, Olivier Cigolotti ainsi que les syndicats agricoles. Cette conférence de presse se déroulait sur la ferme du Gaec du Clapou à St Germain Laprade chez Joël, Fabienne et Jordan Liotard ; une exploitation bio typique de Haute-Loire (production allaitante et volailles de chair avec de la vente directe) respectueuse de l'environnement avec des vaches qui passent la grande majorité de leur temps dans les prairies...
"Un élevage ô combien bénéfique"
Marie-Agnès Petit a confié son étonnement sur ce rapport qui "pense régler la question du dérèglement climatique par une baisse drastique du cheptel bovin" et demande à cette instance "de s'occuper de ses affaires et ainsi les vaches seront bien gardées !". C'est aussi pour elle "une totale incompréhension alors que l'élevage est ô combien bénéfique pour notre territoire du point de vue économique, social, de l'aménagement du territoire et de l'environnement". Et c'est en faisant appel à son passé de conseillère agricole que la présidente du Département a rappelé le rôle des prairies temporaires qui captent le CO2 et le précieux engrais naturel généré par l'élevage. La reconversion dans les grandes cultures étant impossible en Haute-Loire, selon elle, les préconisations de la Cour des comptes aboutiront à la disparition des agriculteurs et de nos filières viandes de qualité (AOP Fin Gras du Mézenc, Veaux des Monts du Velay...). C'est pourquoi elle demande à cette instance de retirer son rapport.
"Touchez pas à nos vaches !"
Même réaction du côté du président de Région, Laurent Wauquiez, qui pousse un cri de colère : "Touchez pas à nos vaches !". "L'agriculture française est chaque année primée « Modèle le plus durable du monde », ce qui signifie que lorsque l'on consomme des produits français, on agit pour la planète. La Cour des comptes est passée à côté de ceci ! Marre de ces gens à Paris qui tournent le dos au bons sens ! Nous sommes fiers de nos agriculteurs et on les soutient".
Le député Jean-Pierre Vigier a évoqué la perte progressive de souveraineté alimentaire de la France étayée par l'exemple de la viande bovine dont les importations ont augmenté de 22% entre 2021 et 2022. Aussi "au lieu de réduire le cheptel bovin, il faudrait plutôt l'augmenter !" clame le député qui entend bien s'emparer du sujet au sein de l'Association des élus de la montagne.
"On avait une agriculture forte, et on la détruit"
Choquée par les conclusions de la Cour des comptes, la députée Isabelle Valentin s'est montrée très inquiète quant à l'évolution du monde politique : "Désormais on fait de la politique avec de l'idéologie et non plus du bons sens. On avait une agriculture forte, et on la détruit".
Le sénateur Olivier Cigolotti ne s'est pas montré particulièrement surpris par les annonces de la Cour des comptes "tant ses rendus sont en complet décalage avec la réalité du terrain" et il regrette que l'on rejette la faute sur les agriculteurs.
"Ce rapport est une ineptie et une insulte"
Pour le sénateur Laurent Duplomb, ce rapport est une ineptie et une insulte. "C'est une ineptie de ne pas comprendre que l'agriculture se trouve dans un devenir mortifère. L'élevage traverse une période de décapitalisation et on en rajoute avec ce rapport !". Pour lui, la Cour des comptes a outrepassé ses missions : "Elle n'est pas faite pour faire de la politique mais seulement pour éclairer les hommes politiques !". "C'est aussi une insulte pour les agriculteurs qui se lèvent tôt pour travailler à 5€/heure et ainsi garder des produits compétitifs".