Sécheresse
Sécheresse : la FNB prend la mesure des dégâts
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A la veille de la rencontre entre le ministre de l´Agriculture et les organisations agricoles nationales, les responsables de la Fédération nationale bovine (FNB) ont visité plusieurs départements du bassin allaitant, dont le Cantal.
Les granges restent désespérément vides, alors que la mauvaise saison s´approche à grand pas. "Face à la persistance de la sécheresse, la situation s´est fortement dégradée pour les éleveurs depuis un mois", constate le président de la Fédération nationale bovine (FNB), Pierre Chevalier. Accompagné d´une délégation conduite par Patrick Bénezit, coordonnateur du berceau des races à viande (1), il était mercredi 20 août au Lac de Sainte-Anastasie, sur l´exploitation des frères Armandet, Eric et Guy. Une visite destinée à prendre toute la mesure de la sécheresse chez les éleveurs du bassin allaitant. "Nous allons pouvoir parler avec notre coeur au ministre de ce que nous avons vu, d´une situation toujours plus grave", a indiqué Pierre Chevalier à deux jours de la rencontre prévue entre Hervé Gaymard et les organisations agricoles. Du fourrage jusqu´en novembrePatrick Escure, président de la FDSEA, a présenté une nouvelle fois les conséquences de la sécheresse dans le département avec un manque de 300 000 tonnes de fourrages et une perte financière estimée pour l´heure actuelle à 20 000 euros environ par exploitation. Chez les Armandet, les pertes de production sont estimées à 15 % pour le lait et 30 kg par broutard. Les stocks de fourrage pour le troupeau mixte de 80 mères salers (350 ballots de foin contre 600 habituellement, 30 d´enrubannage au lieu de 400, complétés par l´achat de 150 tonnes de maïs, 50 de foin, 25 de paille et 4 tonnes d´aliment) permettront de nourrir les animaux encore quelques mois. Mais sûrement pas jusqu´au mois de mai prochain c´est à dire à la sortie des étables. "Nous donnons du foin déjà depuis le 10 juillet", a expliqué à ses hôtes Guy Armandet. Pour ses collègues du canton d´Allanche présents à cette rencontre : "Nous devons prévoir des réserves pour les huit prochains mois et nous sommes loin du compte". "Réquisitionner l´armée"La spéculation sur les fourrages et l´annonce d´une aide au transport ont ruiné leurs espoirs de rapatrier suffisamment de matière à temps et dans les meilleures conditions. L´un d´entre eux souligne qu´avec le froid entraîné par les dernières pluies, la période la plus difficile commence parce que "les animaux vont devoir compenser la baisse des températures en mangeant davantage".Patrick Escure a réitéré l´urgence de l´affouragement et d´une année blanche sur les annuités d´emprunts, accompagné d´un aménagement des cotisations sociales pour offrir de la trésorerie. "Il faut que les pouvoirs publics prennent conscience d´une situation qui a empiré en un mois, car il en va de l´avenir des exploitants et par ricoché de toute l´activité économique du monde rural", s´est inquiété pour sa part Pierre Chevalier, en évaluant l´aide nécessaire entre 200 et 300 euros par UGB. "Dans l´immédiat nous devons concentrer notre effort sur l´affouragement, on ne peut pas laisser les animaux crever de faim ! Je ne vois pas pourquoi on ne réquisitionnerait pas l´armée ?", lançait-il.