Sécheresse générale !
Les conséquences de la sécheresse sont multiples partout en Europe.
Italie : des vaches empoisonnées par de jeunes pousses de sorgho
La mort spectaculaire, début août, dans le nord-ouest de l’Italie, d’une cinquantaine de vaches empoisonnées par de jeunes pousses de sorgho est probablement une conséquence de la sécheresse actuelle, a expliqué, le 18 août, un scientifique. Le 6 août, 50 vaches de race piémontaise d’un élevage de Sommariva del Bosco, près de Turin dans la région du Piémont, ont été terrassées par une intoxication aiguë à la durrhine, naturellement présente dans les jeunes pousses de sorgho, mais pas dans une concentration aussi importante que celle relevée dans les échantillons prélevés sur place. « Nous soupçonnons la sécheresse d’être responsable de la très grande quantité de durrhine trouvée dans les plantes de sorgho », a dit à l’AFP Stefano Giantin, vétérinaire à l’Institut zooprophylactique expérimental du Piémont, de la Ligurie et du Val d’Aoste. Les analyses ont démontré que la concentration de durrhine s’élevait à 10,717 mg/kg, une quantité jugée « très anormale » par le vétérinaire. Une présence élevée due, selon les premières analyses, au stress hydrique provoqué par la sécheresse frappant l’Italie et l’Europe en général.
Une bonne partie de l’Angleterre également déclarée en sécheresse
L’état de sécheresse a été déclaré vendredi dans une bonne partie de l’Angleterre, qui a connu son début d’année le plus sec depuis près d’un demi-siècle, a annoncé le gouvernement britannique. Cette mesure, impliquant au niveau local des mesures qui peuvent aller jusqu’à des restrictions de l’usage de l’eau, est déclarée pour la première fois depuis 2018. Elle intervient en pleine vague de chaleur au Royaume-Uni, la deuxième de l’été, dans un pays peu habitué aux températures élevées. Selon les scientifiques, ces épisodes vont se multiplier, s’allonger et s’intensifier sous l’effet du réchauffement climatique. Une alerte orange « chaleur extrême » est en cours depuis jeudi et jusqu’à vendredi sur la quasi-totalité du sud de l’Angleterre et une partie du Pays de Galles, selon le prévisionniste britannique Met Office. Si le record absolu de 40,3 °C atteint le 20 juillet ne sera pas atteint, des températures allant jusqu’à 35 °C sont attendues vendredi, et même 36 °C pendant le week-end. « Les approvisionnements en eau sont sûrs », ont indiqué le ministère et l’agence pour l’Environnement dans un communiqué, précisant que les autorités appellent les compagnies des eaux à « poursuivre leur planification préventive afin de protéger les approvisionnements essentiels en cas d’automne sec ».
Les inquiétudes du BRGM
Dans son bulletin de situation hydrogéologique au 1er août, publié le 11 août, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) indique que, concernant le niveau des nappes phréatiques, « la situation demeure cependant préoccupante pour un grand nombre », d’entre elles « qui affichent des niveaux bas à très bas. La situation est particulièrement inquiétante, avec des niveaux localement très bas notamment au centre-ouest (Poitou, Brenne, Maine, Touraine) et au sud-est (Bas-Dauphiné, Provence et Côte d’Azur) ». Quelques nappes parviennent cependant à résister à la sécheresse, notamment les nappes alluviales de la Garonne amont et aval, de la Dordogne. Le BRGM confirme que « l’anticipation de la sécheresse avec la prise précoce d’arrêtés de restrictions d’usage de l’eau, a (…) permis de diminuer les volumes prélevés et ainsi réduire la pression sur les eaux souterraines ». Même si la pluie devait revenir, le BRGM ne s’attend pas à une amélioration, « car les sols extrêmement secs favorisent le ruissellement ».
Vendée : des retenues d’eau dégradées
Le 8 août au soir, les bâches recouvrant deux grandes retenues d’eau à Nalliers et Pouillé près de Fontenay-le-Comte, dans le sud du département de la Vendée, ont été déchirées, a indiqué le préfet du département, Gérard Gavory. Ces retenues d’une capacité de plusieurs centaines de milliers de litres étaient destinées à l’irrigation. La collectivité locale propriétaire de ces réserves a qualifié cet acte « d’anti-économique, anti-environnemental et anti-agricole ». Elle a aussi décidé de porter plainte et demande « la fermeté de la justice » contre les auteurs. Le préjudice sur les seules dégradations est estimé à environ un million d’euros. Les ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique, Marc Fesneau et Christophe Béchu, ont « condamné avec fermeté ces faits de vandalisme » et qualifié ces agissements d’« irresponsables ». « Ces dégradations sont inacceptables dans une période de sécheresse historique qui touche l’ensemble du territoire métropolitain », ont-ils indiqué le 10 août dans un communiqué de presse. La surveillance a été renforcée autour des autres réserves du secteur.
Cultures dérobées et SIE : la FNSEA réclame une dérogation générale
Dans un communiqué de presse du 10 août, la FNSEA demande au ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, « qu’une dérogation générale soit mise en place » pour laisser « aux agriculteurs la responsabilité de l’implantation des Surfaces d’intérêt écologique (SIE). » S’agissant de l’implantation des cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN), « une dérogation à l’implantation de même nature s’impose », ajoute le syndicat majoritaire. Espérant un retour de conditions favorables, la FNSEA indique que la mise en place de ces cultures dérobées (intercultures) permettra de « produire de la biomasse nécessaire aussi bien à l’alimentation animale qu’à la production d’énergie, comme le biogaz, qui nous fait cruellement défaut ». La FNSEA demande aussi au ministre que les préfets octroient des dérogations temporaires autorisant un pâturage « en doublon » sur ces superficies d’alpage, ou bien donne une instruction de bienveillance aux contrôleurs dans l’appréciation de la localisation des troupeaux en cette période de sécheresse. Enfin, le syndicat agricole demande que l’avance de l’ensemble des aides soit payée le plus tôt possible, soit le 16 octobre 2022, comme le règlement européen le permet. « Tout doit être mis en œuvre pour conforter la résilience de nos exploitations », conclut-il.