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Sécheresse et loup, les hôtes indésirables de l’été agricole cantalien

Pas vraiment de trêve estivale pour les responsables FDSEA et Jeunes agriculteurs qui, dès le début du mois d’août, ont dû monter au front sur la sécheresse et les attaques de troupeaux.

Mobilisés sur le nouvel épisode de sécheresse, FDSEA et JA savent que l’aboutissement d’une demande de reconnaissance en calamités sera compliquée cette année où la sécheresse sévit partout ou presque en France.
Mobilisés sur le nouvel épisode de sécheresse, FDSEA et JA savent que l’aboutissement d’une demande de reconnaissance en calamités sera compliquée cette année où la sécheresse sévit partout ou presque en France.
© R. S.-A.

La rentrée syndicale n’en est pas vraiment une pour la FDSEA du Cantal qui a sonné l’alerte au cœur de l’été sur la sécheresse et le loup...

Joël Piganiol : “Effectivement, avec une situation, s’agissant de la sécheresse, qui s’est aggravée depuis début août et notre première expression. La pluviométrie attendue n’arrive pas et les épisodes de canicule intenses et répétés ont fortement entamé la pousse des prairies et donc le potentiel de pâture et fourrages. Avec des conséquences multiples : ruptures de pâture, affouragement au pré, anticipation des récoltes de maïs ensilage avec des pertes de rendement et qualité à la clé... Tout ça avec la perspective de difficultés à subir jusqu’au printemps prochain du fait de stocks de fourrages entamés précocement, ce qui va impacter la production des animaux. Les éleveurs vont soit limiter la distribution de fourrages, soit avoir recours à des achats complémentaires de fourrages et d’aliments, avec, dans les deux cas, des conséquences sur les trésoreries d’exploitation. On a fait un état de la situation sur tout le département et on va demander à l’administration et à la préfète l’ouverture d’une procédure calamité sécheresse pour l’ensemble du territoire départemental. Derrière, on connaît la procédure qui passe par toute une vague d’expertises sur le terrain pour étayer le dossier en vue d’indemnisations. Mais on imagine déjà la difficulté à faire aboutir ce dossier : d’une part au vu de la situation budgétaire du fonds national calamités qui a fait l’objet d’une ponction il y a deux ou trois ans ; d’autre part, du fait de l’ampleur de cette sécheresse qui concerne une bonne partie de l’Hexagone. L’objectif, c’est aussi, au travers de cette démarche, d’obtenir la prise en charge de la TFNB(1) en proportion des pertes retenues, et de conforter les demandes de dérogation sur les cahiers des charges de productions comme les AOP fromagères, le bio.”

Les épisodes de sécheresse se répètent et se rapprochent. Cela pose la question de l’adaptation des systèmes d’élevage à cette nouvelle donne climatique.

J. P. : “On voit bien au travers du changement climatique qu’on va vers des situations de déficits hydriques structurels, ce qui nous inquiète bien évidemment. La Chambre d’agriculture, au travers du projet AP3C, a déjà engagé des travaux pour donner des pistes d’adaptation aux éleveurs. Mais on aura toujours beaucoup de mal à gérer le cumul d’un déficit pluviométrique et de températures caniculaires.”

L’autre actualité de cet été cantalien, c’est le spectre du loup. L’arrivée redoutée de ce prédateur va rendre encore plus compliqué le pastoralisme sur les montagnes du Cantal.

J. P. : “Les attaques multiples sur des troupeaux ovins depuis le début de l’été dans le secteur du Chavaroche entre Saint-Paul-de-Salers et la vallée de Mandailles, sont liées de manière assez probable au loup. Nous avons porté l’expression de l’inquiétude et de la colère des éleveurs par rapport à ces dégâts qui mettent en péril les exploitations concernées et demandé aux pouvoirs publics de leur donner des moyens de défense - à travers des tirs de défense - avec un slogan très clair : “Pas de loup dans le Cantal.” À ce stade, nous n’avons pas encore de réponse de l’État dont on attend aussi qu’il donne rapidement les résultats des diagnostics réalisés sur les animaux attaqués. On sera mobilisé le 15 septembre en apportant notre soutien au mot d’ordre de l’Usapr (Union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales) et de la FNO (Fédération nationale ovine) comme on l’avait fait en septembre 2017 à Saint-Flour, pour réitérer nos demandes et alerter sur la situation que subissent les agriculteurs des massifs français du fait de la présence du loup.”

Quid de la conjoncture agricole sur les productions animales ?

J. P. : “On est sur des niveaux de prix qui ne donneront probablement pas aux éleveurs de meilleurs revenus cette année qu’en 2017 du fait de l’inflation du prix de l’énergie (carburants,...). Depuis quelques semaines, on assiste aussi à une hausse du cours des céréales qui semble partie pour se prolonger et qui va impacter le coût de l’alimentation animale. Je pense aussi à la suppression de la baisse des charges sociales obtenue en 2017 mais remise en cause.” Dans l’agenda syndical, il y a aussi les élections à la Chambre d’agriculture.

Dans quel état d’esprit abordez-vous cette échéance ?

J. P. : “Avec les Jeunes agriculteurs, nous avons engagé un travail au sein de notre réseau pour élaborer notre projet pour l’agriculture cantalienne. Mais la priorité reste aujourd’hui, au quotidien, le travail sur les préoccupations que l’on vient d’évoquer. Nous mettons notre énergie et notre force d’abord au service de l’aboutissement de ces dossiers sur lequel le travail doit se poursuivre jusqu’à la veille des élections.”


(1) Taxe sur le foncier non bâti.

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