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S’assurer de la fertilité des béliers et des brebis

Comme pour toutes les espèces, la reproduction est une fonction accessoire pour l’animal. Pour l’éleveur en revanche, sa maîtrise est économiquement indispensable. Cela nécessite d’anticiper la saison de lutte et de réagir rapidement face à tout signe d’infécondité.

© GDS Creuse

La maîtrise de la reproduction passe par la connaissance des cycles et la vérification de l’aptitude à la lutte des brebis et des béliers.

Un cycle de reproduction à maîtriser

La durée du cycle sexuel d’une brebis est de 17 jours. La durée moyenne de gestation est de 145 jours après la mise en lutte, avec les premières mises-bas (agneaux viables) après 140 à 142 jours. En saison sexuelle, 80 % des agnelages correspondent au premier cycle de lutte. En contre-saison, le pic d'agnelage correspond plutôt au second cycle de lutte, une quinzaine de jours plus tard.

Des ovins en bon état général…

À leur mise à la reproduction, les agnelles doivent avoir un poids des deux tiers du poids adulte de brebis de la race. Avec un poids inférieur, leur taux de fertilité est diminué de plus de 30 %. Une alimentation équilibrée tout au long de l’année, y compris en vitamines et minéraux, est indispensable. L’idéal est d’avoir une Note d’État Corporel (NEC) de 3 à la mise à la lutte et un flushing (+15 % d’énergie dans la ration) commencé un mois avant la mise à la reproduction est fortement conseillé. Trop gras (NEC ≥4), les béliers peuvent présenter des problèmes de fertilité, il est alors recommandé de les faire maigrir en période d’inactivité, et les brebis peuvent présenter des chaleurs silencieuses (non détectables par les béliers) et sont plus sujettes aux mortalités embryonnaires. Trop maigres, les béliers ont moins de libido et les brebis ont une fertilité dégradée. Les béliers boiteux saillissent peu, un parage systématique avant la mise en lutte est nécessaire et à défaut ne pas les mettre à la reproduction. Les béliers fatigués saillissent moins, en lutte naturelle, on respectera un délai minimum d’un mois afin que les mâles reconstituent leurs réserves. S’il s’agit de saillies sur synchronisation de chaleurs, une semaine suffit, la durée de lutte étant plus courte mais il faut plus de béliers. Si les femelles présentent des arrières souillés, elles ne seront pas saillies et tondre le pourtour de la queue et de la vulve (écussonnage) est indispensable.

… et une fertilité à vérifier, tout particulièrement cette année

Les béliers fiévreux dans les deux mois qui précèdent la mise à la lutte peuvent présenter une infertilité passagère ou définitive. C’est tout particulièrement vrai cette année, avec la circulation importante de FCO. On fera un examen clinique systématique, avec palpation des testicules, éventuellement complété par un testage du sperme (cf. article du 3 janvier 2025). Une journée testage de la fertilité a été organisée le 12 février 2025 à Chénérailles et les résultats sont préoccupants.

Un taux de renouvellement adapté des femelles…

Chaque année, 20 % à 25 % du cheptel de brebis sont à renouveler pour cause d’âge (plus de 6-7 ans), de boiterie, de mortalité… Il ne faut donc jamais rester un an sans agnelles, sous risque de voir la productivité de son cheptel diminuer rapidement. Le ratio recommandé est de 20 % d’agnelles, 60 % de brebis de 2 à 5 ans et pas plus de 20 % de brebis de plus de 5 ans. Un tri avant la lutte est essentiel, notamment pour réformer toutes les brebis vides de la campagne précédente. Une brebis qui a mis bas depuis moins de 120 jours est à exclure. Les femelles non taries ou bien depuis moins d’un mois affichent un taux de fertilité plus faible. Les agnelles sont mises en lutte naturelle en saison sexuelle ou bien sur synchronisation des chaleurs (éponges) sous peine de taux de fertilité très faible.

… et des béliers…

Le renouvellement et le choix d’un bélier ont des conséquences importantes. Outre sa bonne aptitude physique à la reproduction et sa fertilité, son potentiel génétique est déterminant car il sera transmis à de nombreux descendants : un bélier produit plus de 200 agneaux sur sa carrière. Renouveler les béliers au moins tous les trois ans est idéal pour garder une variabilité génétique réelle. C’est une solution efficace et rapide pour progresser aux niveaux techniques et économiques, et on évitera de conserver des béliers de plus de 6 ans.

… avec une vigilance lors de l’introduction

Plusieurs points d’attention sont indispensables lors de l’achat d’animaux de renouvellement :

  • Vérifier les statuts sanitaires (maladies abortives, tremblante).
  • Demander les références génétiques des béliers. Si les béliers sont achetés régulièrement dans le même élevage, vérifier qu’ils ne sont pas de la même lignée (consanguinité).
  • Inspecter les animaux, vérifier les pieds, les dents, les testicules ou les mamelles, ne pas acheter d’animal atteint de piétin ou de boiterie, trop maigre (Note d’État Corporel <3) ou très gras (NEC 4+).
  • Une quarantaine de 3 semaines est recommandée afin d’éviter d’introduire certaines maladies, comme le piétin ou la gale. L’animal arrive également avec ses parasites, à vérifier par une coproscopie. Les animaux porteurs de gale peuvent sembler parfaitement sains à leur arrivée s’ils sont encore en phase d’incubation. Contre ce risque, la solution peut être l’administration d’un antiparasitaire adapté dès l'arrivée de l'animal.

Une nécessaire remise en question en cas de problèmes de fécondité

Si vous êtes confronté à un taux anormalement élevé de brebis vides ou avec agnelages décalés, il faut vérifier un certain nombre de points :

  • Nombre de béliers. On compte un bélier pour 20 à 30 brebis et quelle que soit la taille du lot, il est recommandé de disposer d'au moins 2 béliers par lot de brebis. L’impact d’un bélier infertile est ainsi moins grave.
  • Âge des béliers. Il est conseillé de mettre les jeunes et les inexpérimentés (antenais) en lutte avec des mâles adultes. Il faut alors compter 1 bélier expérimenté pour 2 antenais.
  • Durée de la lutte. En saison sexuelle, la durée recommandée de lutte est de deux cycles. En lutte naturelle de contre saison, la venue en chaleur des brebis pouvant être la conséquence d’un effet bélier, il est prudent de laisser les béliers huit semaines (1 cycle d’effet mâle +2 cycles de lutte) ou bien d'utiliser des béliers vasectomisés pendant 2 semaines avant la lutte effective puis d'introduire les béliers reproducteurs pendant 2 cycles.
  • Lutte des agnelles à part. Lorsque les brebis et les agnelles sont mélangées pendant la lutte, le taux de fertilité des agnelles est pénalisé d’au moins 20 %. Les béliers préfèrent saillir les brebis car elles se laissent faire alors que les agnelles les fuient.
  • La tonte. S’il y a besoin, la tonte doit se faire au moins 3 à 4 semaines avant la mise à la reproduction.
  • Bousculades. Il faut trois semaines à l’embryon pour se fixer dans l’utérus. Les femelles bousculées (intervention, manipulations…) au cours de la lutte ou dans les trois semaines qui suivent, peuvent présenter des mortalités embryonnaires précoces qui passent inaperçues.

La reproduction, anticiper et réagir sans attendre

La fécondité globale du troupeau est le principal facteur de rentabilité économique d’un élevage. Cela passe par la mise à la lutte d’animaux aptes à se reproduire. Et face à toute suspicion d’infécondité dans son troupeau, un état des lieux de la situation s’avère nécessaire pour pouvoir effectuer une analyse précise et engendrer un plan d’action adapté. Pour tout renseignement complémentaire, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou venez échanger avec nous lors de notre journée portes ouvertes du 8 mars 2025 (source de l’article : IDELE).

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