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Rencontre syndicale à Sornac

Rencontre d'échanges chez Valentin et Jean-Claude Paillard : les JA et la FDSEA en première ligne pour défendre l'agriculture corrézienne.

De gauche à droite : Marie-France Forest, Sophie Alzieu, Emmanuel Lissajoux, Pol Devillers, Valentin et Jean-Claude Paillard, Daniel Couderc et Baptiste Hayma
© UP19

Le vendredi 18 octobre, les Jeunes Agriculteurs (JA) et la FDSEA de la Corrèze ont organisé une journée d’échanges au Gaec de Font Grande à Sornac, chez Valentin et Jean-Claude Paillard. Cet événement, qui a réuni une cinquantaine de participants, a été marqué par la présence de personnalités nationales du syndicalisme agricole, telles que Pol Devillers, Vice-président des JA, et Sophie Alzieu, Présidente de la commission Montagne et zones défavorisées de la FNSEA.


Zones humides et tourbières : un enjeu vital pour l’agriculture corrézienne


L’un des sujets abordés lors de cette rencontre a été la classification des zones humides et tourbières, dans le cadre de la PAC et de la BCAE 2. La Corrèze, avec plus de 700 hectares classés en tourbières, représente un tiers des surfaces de tourbières de la région. Pour les agriculteurs corréziens, cette cartographie pose un enjeu majeur, menaçant de sanctuariser des terres productives. Marie-France Forest, Secrétaire générale de la FDSEA, a souligné l’importance de la participation des agriculteurs aux réunions organisées par la Chambre d’agriculture pour contester les erreurs de cartographie. Grâce à l’action des JA et de la FDSEA, le délai pour apporter des modifications à la cartographie a été prolongé jusqu’à fin novembre, permettant aux agriculteurs de faire entendre leur voix et d’éviter que de nombreuses parcelles ne soient classées à tort comme tourbières. 


Prédation : la menace du loup au cœur des préoccupations


La prédation par les loups a également suscité de vifs débats. Depuis 2017, le loup est une source d'inquiétude croissante pour les éleveurs corréziens. Malgré la mise en place de la « cellule loup », peu de solutions concrètes ont été trouvées, et les attaques sur les troupeaux, y compris sur les veaux, se multiplient. Mais, dans la majorité des cas, l'attaque du loup n'est malheureusement pas reconnue et est attribuée à des chiens. Sophie Alzieu, forte de son expérience avec l’ours en Ariège, a partagé des conseils pratiques pour aider les éleveurs à obtenir des reconnaissances officielles lors d’attaques : prises de photos, vidéos et vérification minutieuse des déclarations faites par l’OFB. Les JA et la FDSEA demandent des mesures plus adaptées aux spécificités du territoire corrézien, fortement boisé, et plaident pour un classement de la Corrèze en « zone difficilement protégeable », permettant aux éleveurs d’être exemptés des moyens de protection pour bénéficier plus facilement de tirs de défense. Sophie Alzieu a également souligné l’impact économique de la prédation sur le tourisme rural, rappelant que « le pastoralisme maintient des paysages ouverts et contribue à l’attractivité touristique ». Elle a averti que « minimiser la prédation, c’est mettre en danger les piliers économiques de nos départements ruraux ». 


La PAC : un soutien indispensable pour l’élevage 


La Politique Agricole Commune (PAC) a également été au cœur des discussions, notamment en ce qui concerne la volonté de certains de réduire l’élevage pour lutter contre le réchauffement climatique. Pour Pol Devillers, cette vision est inacceptable. « Diminuer l’élevage serait une solution pour certains, mais pour nous, c'est inadmissible. Cela menace directement l'agriculture française et sa souveraineté alimentaire. » Pour les JA et la FDSEA, l’élevage fait partie intégrante de la solution aux défis environnementaux, en particulier dans des territoires comme la Corrèze. La PAC doit continuer à soutenir les exploitations et assurer leur viabilité. 


La menace du Mercosur 


Un autre sujet sensible fut l'accord de libre-échange Mercosur, qui menace d’inonder le marché européen de produits agricoles venant de pays où les normes environnementales et sanitaires sont bien moins strictes. Pol Devillers n’a pas mâché ses mots : « Le Mercosur, c’est l’allumette qui va mettre le feu aux campagnes ! ». Les JA et la FDSEA de la Corrèze craignent que cet accord ne crée une concurrence déloyale, fragilisant encore davantage les exploitations locales. Pour Emmanuel Lissajoux, Président de la FDSEA, les agriculteurs ne sont pas opposés aux accords de libre-échange, mais « à condition que cela se fasse dans les mêmes conditions économiques, sanitaires et environnementales que celles imposées aux agriculteurs français ».


Souveraineté sanitaire : une priorité pour les éleveurs


La question de la souveraineté sanitaire a également été soulevée, avec notamment le problème d'approvisionnement en vaccins contre la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO), largement produits à l’étranger. La France dépend actuellement de vaccins produits en Espagne, et les éleveurs espagnols seront logiquement servis en priorité, exposant les exploitations françaises à des délais d’approvisionnement. Pol Devillers a souligné la vulnérabilité de la France face à ces enjeux sanitaires et a appelé à une reprise de la production nationale de vaccins et de produits de santé animale, une priorité pour protéger les élevages contre les crises sanitaires, et préserver l’avenir de l’agriculture.


Des avancées syndicales concrètes


Malgré ces nombreux défis, les actions syndicales menées par les JA et la FDSEA ont déjà permis d’obtenir des résultats concrets. Daniel Couderc, Vice-président de la FDSEA et administrateur FNSEA, a rappelé les avancées obtenues suite aux manifestations de début d’année : l’assouplissement de la BCAE, le maintien des tarifs du GNR ou encore de nombreuses mesures fiscales dans la loi de finances. Emmanuel Lissajoux a conclu sur une note optimiste : « Défendre les petits problèmes du quotidien, c'est aussi trouver des solutions pour de grands problèmes ».


Une mobilisation qui ne faiblit pas


Le travail syndical des JA et de la FDSEA reste essentiel dans une période où l'agriculture se trouve à un tournant. Entre les négociations sur la PAC, les accords de libre-échange comme le Mercosur et les enjeux de souveraineté sanitaire, les mois à venir seront décisifs pour l’avenir de l’agriculture corrézienne et française. Pol Devillers a clos cette journée en rappelant que « l’agriculture est le seul corps de métier en France où les syndicats sont si forts et si écoutés ». Les JA et la FDSEA entendent bien poursuivre leur mobilisation pour défendre l’agriculture locale et garantir l’avenir des exploitations.

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