Régionales 2015: Michel Barnier : « Unir Auvergne et Rhône-Alpes en évitant l'uniformité »
Mué par un désir de rassemblement, Michel Barnier est candidat à la tête de la région Rhône-Alpes-Auvergne. L'ex commissaire européen souhaite s'engager à temps plein au service des territoires. Un échelon pertinent, selon lui, pour faire redémarrer « une France en panne ».
Mué par un désir de rassemblement, Michel Barnier est candidat à la tête de la région Rhône-Alpes-Auvergne. L'ex commissaire européen souhaite s'engager à temps plein au service des territoires. Un échelon pertinent, selon lui, pour faire redémarrer « une France en panne ».
Pourquoi êtes-vous candidat au scrutin régional de la grande région Rhône-Alpes-Auvergne ?
Michel Barnier : A ce stade de mon parcours, je me suis posé une seule question : où est-ce que je peux être utile et à qui. Très sincèrement, je ne suis pas à la recherche d'un poste ou d'une fonction. Ayant été président d'un Conseil général montagnard pendant dix-sept ans, ministre de l'agriculture, commissaire européen à deux reprises, je me dis que je peux être utile. Un certain nombre de personnes du monde agricole, de l'entreprise, du tourisme, des élus locaux conscients de cet enjeu régional m'ont conforté dans cette voie.
Au-delà de l'expérience acquise, il y a une chose qui me paraît essentielle : j'ai gardé intact cette même capacité d'enthousiasme et d'indignation que j'avais quand j'ai été élu pour la première fois, conseiller général de Bourg-Saint-Maurice. Aujourd'hui, je souhaite m'engager exclusivement pour cette grande région, ce sera mon seul mandat durant les six ans qui viennent.
La fusion des régions Rhône-Alpes et Auvergne vous la percevez plutôt comme un défi compliqué ou un challenge ambitieux ?
M. B : Auvergne-Rhône-Alpes c'est une région immense avec un fort potentiel où les territoires de montagne habitée, grâce notamment au travail des agriculteurs et des éleveurs, sont omniprésents. Les deux régions ensemble ont beaucoup de synergie : un tissu de PME, des artisans, des productions agricoles, mais aussi des grandes entreprises qui maillent bien le territoire. Cette grande région a un formidable potentiel pour peser, pour agir et en même temps le challenge consistera à l'unir en évitant de l'uniformiser.
Quel type de gouvernance envisagez-vous pour cette grande région ? Quelle place pour les territoires ruraux ?
M. B : La gouvernance doit être à la fois celle d'une présidence impartiale et très disponible. D'Aurillac à Chamonix ou de Montluçon à Valence, il faut cinq ou six heures, de fait, il faut de la disponibilité, un travail collectif avec les présidents de commissions et oeuvrer au service de la morale de l'action. Autrement dit, les gens ne viennent pas du même endroit, n'ont pas forcément les mêmes idées politiques, mais ils ont la volonté de construire un projet en commun. C'est ça qui sera la marque de fabrique de la gouvernance que je souhaite animer. Cette méthode est à mon sens garante de l'équilibre de l'ensemble des territoires, qui passera nécessairement par beaucoup de décentralisation vers les départements, les agglomérations, les métropoles. La région depuis Lyon avec le point d'appui qu'elle aura à Clermont-Ferrand, ne pourra pas tout faire. Selon les sujets, il faudra créer des partenariats. L'objectif global étant de créer un écosystème le plus favorable possible à l'emploi, à l'initiative privée ou publique, à l'investissement.
Sur quels chantiers prioritaires souhaitez-vous travailler ?
M.B. : Des politiques majeures en faveur de l'emploi, de la formation, de l'apprentissage, de la formation professionnelle, des aides efficaces aux entreprises, des massifs, du désenclavement à la fois numérique et routier devront être menées.
Quelle place occupera l'agriculture dans le projet global que vous souhaitez défendre ?
M. B : Les hommes politiques n'ont pas la science infuse. On ne doit pas tomber d'en haut. J'ai toujours travaillé avec les organisations agricoles, je continuerai à le faire. L'économie agricole, tout comme la politique des massifs sera un axe puissant de mon projet.
Vous vous poser en rassembleur, qu'est-ce que cela implique ?
M.B : Globalement, mon projet constituera d'abord à évaluer les politiques actuelles. Il y a des choses positives qui ont été faites par les majorités sortantes comme les équipements dans les lycées ou encore la carte « jeunes ». Je n'ai pas l'intention de pratiquer la politique de la terre brûlée, tout ce qui sera positif sera préservé, tout ce qui mérite d'être modifié ou amélioré le sera. Je voudrais aussi démontrer que ce n'est pas une fatalité quand on ne croit plus aux politiques d'aller voter pour les extrêmes. On peut avoir un vote efficace et utile et c'est ce vote là que je voudrais proposer. La condition de mon engagement est d'être le candidat de l'union¹. Si c'est la désunion ce sera sans moi. C'est une manière de faire de la politique qui ne m'intéresse pas.
Propos recueillis par Sophie Chatenet
Un ticket Rhône-alpin-Auvergnat
« Il est évident que dans mon esprit, la première vice-présidente ou le premier vice-président sera auvergnat. Une manière de réussir l'union de ces deux régions c'est que tout le monde se sente à l'aise dans l'exécutif ».
Un homme « attentif » à l'agriculture du Massif central
Les responsables professionnels du Massif central ont travaillé à plusieurs reprises avec Michel Barnier, lorsqu'il était ministre de l'agriculture de 2007 à 2009, notamment sur le dossier crucial de la PAC, comme le rappelle, Patrick Bénézit, président de la FRSEA Massif central : « Il a su indéniablement prendre des positions qui même si elles étaient loin de faire l'unanimité au départ, étaient à la fois justes et légitimes ».
En disant cela, le chef de file de la FRSEA Massif central ne cherche en aucun cas à s'immiscer dans quelques débats politiques que ce soient, il n'est comptable que des faits : « le ministre Barnier a toujours été attentif à nos propositions. Sa stature européenne lui a évidemment été utile au moment où il a fallu renégocier la PAC dans le cadre du bilan de santé. Pour nous, agriculteurs du Massif central, l'accord du 23 février 2009 qu'a obtenu Michel Barnier a du sens. C'est par lui que la réorientation des aides en faveur de l'élevage s'est opérée, que la filière ovine a pu à nouveau croire en son avenir, que la fonction économique de l'herbe a été reconnue, qu'une brèche s'est ouverte sur la prise en compte des risques (sanitaires, climatiques) ». Autant d'éléments qui corroborent l'idée selon laquelle « Michel Barnier a une vraie stature d'homme d'Etat », comme le confiait à l'occasion du dernier Sommet de l'élevage, le député européen Michel Dantin, aux journaux agricoles du Massif central.
SC