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Réduire les phytosanitaires en maraîchage

La semaine passée, des journalistes locaux étaient conviés sur l’atelier maraîchage du Gaec de la Maisonneuve en Corrèze. L’objectif de cette invitation lancée par la FRSEA Limousin : mieux faire connaître les pratiques agricoles et notamment les avancées de la profession en matière de réduction des produits phytosanitaires.

© P. Dumont

C’est sous une fine pluie que Pierre Beysserie et Alice Terrier ont accueilli les journalistes sur leur exploitation le 19 novembre dernier. Une exploitation diversifiée qui rassemble des bovins limousins, des veaux sous la mère et un atelier maraîchage. Une partie de la production, dont les légumes, est vendue en vente directe. L’atelier maraîchage a été créé en 2009, à l’arrivée d’Alice, nouvelle associée du Gaec de Pierre et Sophie Beysserie. Dès le départ, l’objectif est de conduire l’atelier en protection biologique intégrée. Une vingtaine de légumes différents seront commercialisés en vente directe, de même qu’une partie de la viande produite sur l’exploitation, avec du pain lui aussi fabriqué par le Gaec. L’occasion d’un contact privilégié avec le consommateur. « Nous avons beau vivre dans un milieu rural, beaucoup de gens ne connaissent pas grand-chose à l’agriculture et font des amalgames, confie Pierre Beysserie. Certains ont envie d’échanger, d’autres non. Souvent la première question posée est de savoir si nous sommes certifiés bios. Quand on leur explique comment on travaille, ils sont rassurés. C’est important de ne pas diaboliser la production conventionnelle ; notre agriculture est raisonnée, nous respectons l’environnement. »

Protection intégrée : trouver les bons équilibres
Lors de la création de l’atelier maraîchage, les associés mettent assez rapidement en place des alternatives aux produits phytosanitaires. « Cela s’est fait progressivement, explique Pierre Beysserie. Il faut trouver le bon équilibre et cela prend du temps. » La protection intégrée fait appel à de nombreux insectes auxiliaires mais aussi à d’autres méthodes. « Nous désherbons à la vapeur, particulièrement les carottes car les traitements sur les carottes ont un impact sur le goût », détaille Alice Terrier. Pour ne pas avoir à désherber, les associés ont aussi recours au paillage plastique. Au niveau des auxiliaires, plusieurs sont utilisés dont la chrysope pour lutter contre les pucerons. « Lorsqu’on utilise des auxiliaires, il faut également bien gérer la taille des légumes, pour laisser suffisamment de ravageurs et maintenir la population, précise la jeune femme. Souvent, je sacrifie un pied de légumes pour que les chrysopes aient de quoi manger. On peut également conserver des chénopodes, une mauvaise herbe appréciée des pucerons. » Interrogé sur le coût de ces méthodes, Pierre Beysserie relativise : « Le lâcher d’auxiliaires représente un coût au départ mais, chaque année il diminue car les insectes demeurent d’une année sur l’autre, en passant l’hiver dans les haies notamment. » L’accent est donc mis sur la biodiversité. Les traitements effectués sont biologiques, l’atelier usant par exemple de la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt) contre les doryphores. « Quand on nous voit passer avec un pulvé, il ne contient donc pas forcément des produits chimiques... », souligne Alice Terrier.
Au-delà de l’atelier maraîchage, c’est toute l’exploitation qui s’est engagée dans une démarche globale de réduction des phytosanitaires. La rotation des cultures par exemple permet de limiter maladies et ravageurs. Le Gaec est autonome en protéines depuis peu après une dizaine d’années de tâtonnements. L’eau de pluie est récupérée et réutilisée sur l’exploitation. Les associés font également beaucoup de prévention sur les animaux pour éviter d’avoir à les traiter. « Prévenir plutôt que guérir, c’est une évidence mais on ne pense pas à le dire, rapporte Pierre Beysserie. Nous, agriculteurs, ne savons pas trop comment en parler. Notre travail c’est produire avant tout. » Pour autant, le monde agricole s’intéresse de plus en plus à ces méthodes alternatives souligne l’éleveur, par ailleurs élu à la Chambre d’agriculture de Corrèze. « Les formations dispensées par les chambres d’agriculture sur les « sols vivants », c’est à dire sans labour intéressent de plus en plus de gens, commente-t-il. Les agriculteurs se forment de plus en plus et c’est une tendance qui existe depuis longtemps. Nous avons besoin du sol, des animaux. Si nous ne les respectons pas, cela ne va pas dans notre intérêt. »

Action réalisée dans le cadre du plan Ecophyto en Limousin.
Le plan Ecophyto est piloté par le Ministère chargé de l’agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses.

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