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Rats taupiers : “La priorité des priorités, c’est de dégager au plus vite des moyens de recherche”

Parmi les nombreux gros pépins qui ont altéré l’équilibre fragile des élevages cantaliens cette année, les rats taupiers ont occupé vendredi une place importante dans les débats.

Patrick Bénézit - encadré par Christiane Lambert et Joël Piganiol - a redit l’urgence de recherches poussées sur le campagnol.
Patrick Bénézit - encadré par Christiane Lambert et Joël Piganiol - a redit l’urgence de recherches poussées sur le campagnol.
© P.O.

L’histoire n’est qu’un éternel recommencement et en agriculture aussi, elle a cette fâcheuse tendance à bégayer. En 1986, au congrès de la FDSEA, on parlait de sécheresse, historique. Depuis il y a eu 2003, 2007, 2011 et 2015. À la fin des années 80 déjà, on faisait état des dégâts d’un rongeur, le campagnol terrestre, plus tristement connu sous le nom de rat taupier ; vendredi, à l’occasion des 70 ans de la fédération, il est apparu comme le fléau numéro un d’une année qui restera comme un concentré de toutes les crises et aléas qu’une génération d’agriculteurs peut connaître. Avec une intervention poignante de Roger Odoul, éleveur du canton de Murat : “C’est un cauchemar, ces bêtes pratiquent la méthode de la terre brûlée (...). Avec 1 400 rats à l’hectare, on craint une contamination de nos sources. (...) On est à bout, à bout...”, a-t-il déclaré, exprimant le désarroi et l’impuissance de très nombreux paysans devant des invasions qui, de cycliques, ont tendance à devenir permanentes. “C’est un fléau qui ravage les élevages, anéantit les prairies, affaiblit les troupeaux et sur lequel on a alerté dès l’automne dernier”, a souligné le secrétaire général, Joël Piganiol.

Trouver de nouveaux outils de lutte

 

Depuis, la situation a pris une ampleur inédite, incontrôlable et d’autant plus inquiétante selon Patrick Bénézit, président, que “la bête ne part pas et que les zones d’invasion s’étendent ces jours-ci”, laissant des éleveurs du Cézallier, secteur le plus touché, sans un ballot de foin à la veille de l’hiver pour nourrir le troupeau. “Ce ne sont pas les rats qui vont crever, c’est les paysans”, a prévenu un adhérent dans la salle. Un fléau face auquel le patron de la FDSEA a réitéré la demande maintes fois martelée : “La priorité des priorités, c’est de dégager au plus vite des moyens de recherche” afin d’identifier de nouveaux outils de lutte scientifiques efficaces. En réclamant la mise en place rapide d’un comité régional de coordination associant tous les scientifiques “qui veulent bien s’en occuper”. Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA et jadis exploitante sur le Massiacois, pointait elle du doigt un État responsable de n’avoir rien fait depuis 25 ans : “Il y a un manque de hiérarchisation des sujets : la nature, tout le monde s’en occupe mais pas toujours avec les mêmes enjeux. Il y a une incompatibilité entre les loups et le pastoralisme, entre les rats et l’élevage (...). Et si la bromadiolone a tué hier deux ou trois sangliers et un chien errant, et alors ?”

Opération solidarité

Le préfet Vignon ne s’est pas défaussé, indiquant qu’une de ses premières actions en arrivant dans le département avait été de refuser de signer un arrêté interdisant l’usage de la bromadiolone au motif d’une menace pour les milans royaux. Il a aussi reconnu que les outils de lutte actuels n’étaient pas efficaces pour des pullulations à haute densité, mais que son arrêté rendant la lutte obligatoire avait vocation à préparer le terrain “au moment où le pic retombera” et à ouvrir les portes du fonds FMSE pour financer les plans de lutte. Il a aussi précisé que ce mercredi se tiendrait à Marcenat une réunion destinée à dresser un état des lieux des recherches conduites. Face aux difficultés de trésorerie des éleveurs des communes les plus impactées, la FDSEA a elle décidé de lancer une opération solidarité en appelant ses adhérents, malgré une conjoncture partout délicate, à donner une, deux, trois... voire dix bottes de foin. “Ça ne va pas changer grand-chose pour la majorité des paysans du Cantal, mais pour eux (NDLR : les agriculteurs des sept-huit communes les plus touchées), ça va en changer beaucoup”, a souligné Patrick Bénézit.

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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