Raisonner ses choix économiques et humains
L’entreprise est à l’équilibre mais doit trouver d’autres adhérents pour aller plus loin. Afin de développer son attractivité, elle propose un accompagnement managérial inattendu.

« Accompagner le mieux possible les adhérents dans un contexte tendu et difficile comme aujourd’hui (le solde des aides PAC est attendu avec impatience et certains sont impactés financièrement) est le rôle du CerFrance centre Limousin, indique Jean-Yves Debrosse, le président, lors de l’assemblée générale le 9 juin. L’effort que représente cet accompagnement est possible car le CerFrance centre Limousin est très présent en proximité de ses adhérents », ajoute-t-il.Un service d’appui au managementLa situation financière de l’entreprise, présentée par Jérôme Bagnol, trésorier, est saine mais l’équilibre charges/produits est tendu. « Pour poursuivre sa croissance, l’entreprise doit se développer et trouver d’autres adhérents », complète Philippe Bouillaud, le directeur.Le CerFrance centre Limousin diversifie ses services et développe les outils destinés à conseiller le plus judicieusement possible ses adhérents. Ainsi, l’an dernier, Emmanuelle Parou, spécialisée dans le management, a été recrutée. Elle est arrivée le 1er janvier 2016 et depuis elle est à la disposition de tous les adhérents intéressés. Son intervention est possible lors d’étapes clés dans la vie de l’entreprise (conversion en bio, embauche d’un salarié...). Beaucoup la sollicitent pour « faire le point » et elle est catégorique : « Je suis parfois pompier mais je préfère intervenir en amont ! » Ainsi, son aide doit être demandée dès que les premiers symptômes apparaissent sur le volet fonctionnel ou humain (problèmes relationnels).
Les racines, l’entreprise, l’humainSon travail d’accompagnement s’appuie sur « l’arbre de la réussite », concept développé par Yves Legay, consultant Triade conseil. L’arbre a des racines. Les gens aussi. Emmanuelle Parou travaille beaucoup dessus. Ce sont les valeurs, le projet, l’histoire de chacun, le patrimoine, le capital et les besoins.Le volet humain, entre les racines et le fonctionnel (c’est-à-dire la couronne de l’arbre qui représente l’entreprise), préoccupe. « La difficulté de trouver sa place est souvent rencontrée. Par exemple, autour de 40 ans, dans le cas d’une succession de parents, ce n’est pas évident de se sentir à sa place. C’est aussi une question de compétences. Et quand, en plus, le contexte est compliqué (conjoncture économique tendue par exemple), c’est encore plus difficile », ajoute-t-elle. Emmanuelle Parou reçoit aussi des appels « au secours » quand les gens « ne savent plus où ils en sont ». Elle intervient avec un regard neuf et aide à « trouver un cap » quand il est difficile de prendre seul suffisamment de recul pour aller au-delà de modèles établis. C’est pour cette raison qu’elle insiste : « Il est nécessaire de se faire accompagner en cas de doute ou de difficulté. » Il ne faut pas hésiter. Grâce à elle, son regard et ses mots, chacun peut faire son propre bilan, trouver des voies d’amélioration du revenu (viabilité), améliorer sa façon de travailler en gagnant sur la qualité de vie (vivabilité), par exemple. « Je ne fais pas la morale mais j’aide à avancer en m’appuyant sur des axes de travail précis. »
Un témoignage capitalC’est une méthode qui plaît, comme le raconte Thierry Fedon, apiculteur dans les monts d’Ambazac, qui a bénéficié de son soutien. Thierry Fedon se définit ainsi : apiculteur, éleveur de reines. Il produit 3 000 à 4 000 reines par an et en vend la moitié. Avec celles qui sont conservées, il élève 2 000 essaims par an et en vend la moitié. Avec le reste, il produit du miel. Ses ruches sont placées dans des lieux préservés, sur les monts d’Ambazac ou sur le plateau de Millevaches, en système itinérant. Très engagé dans la filière apicole, il participe aussi à des formations et il écrit des articles pour une revue spécialisée.Thierry Fedon s’intéresse depuis toujours aux abeilles. Il s’est installé en 1992 derrière ses parents déjà apiculteurs après avoir voyagé pendant 4 ans de par le monde, toujours attentif aux méthodes employées par les apiculteurs qu’il rencontrait. Quand son père est parti en retraite, il a développé le rucher (1 000 ruches) et a embauché un salarié. Il a fait en sorte d’avoir régulièrement un stagiaire pour partager (« les stagiaires ont des questions qui font réfléchir », note-t-il). Son activité s’est développée.Aujourd’hui, quatre personnes sont en CDI sur son atelier apicole. « Jusqu’en 2012-2013, la croissance était modérée. Puis, j’ai participé à un séminaire dans le cadre de la formation Entreprendre et réussir organisée par CerFrance. L’arrivée d’Emmanuelle Parou en 2016 a correspondu à une attente née avec le séminaire », remarque Thierry Fedon. Aujourd’hui, un plan d’accompagnement a été établi avec Emmanuelle Parou. En 2016, il s’agissait de développer un suivi Entreprendre et Réussir avec échanges d’expériences, etc. En 2017, l’ambition est d’aménager l’équipe de travail en intégrant Svetlana, la conjointe de Thierry, dans l’exploitation. L’accompagnement se déclinera en quatre rencontres.Thierry Fedon est très satisfait de cette organisation et de ce travail commun car les remarques d’Emmanuelle, qui est une personne extérieure à la famille, trouvent toujours leur écho !Suite à ces interventions, Jean-Yves Debrosse s’est réjoui de voir la gamme de services proposés par son entreprise s’enrichir et répondre aux attentes de ses adhérents.