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Qui sont les TSA ? Techniciens sanitaires apicoles ?

Pour la première fois, une formation de technicien sanitaire apicole était organisée dans le Cantal, des TSA indispensables pour accompagner les apiculteurs confrontés à de multiples menaces.

Apiculteurs transvasant dans un pré les abeilles d'une ruche à une autre.
Parmi les travaux pratiques du jour : le transvasement d’un essaim d’une ruche à une autre.
© Patricia Olivieri

Dans sa vie d’avant, Damien était taxi en région parisienne, Nicolas est lui conducteur d’engins, des tombereaux de plus de 100 tonnes dans les carrières, Pascal est retraité... Ce jour-là, dans un petit jardin du bourg de Senilhes,  ils mènent une opération délicate et impressionnante : le transvasement d’un essaim d’abeilles dans une nouvelle ruche. Il faut d’abord sortir les cadres un à un, les secouer énergiquement pour faire tomber les abeilles sur un carton, prendre précautionneusement une poignée d’hyménoptères et les déposer près de leur nouvel habitat de sorte à inciter l’ensemble de leurs congénères à les suivre. Au passage, l’œil averti de Nicolas va repérer la reine et s’assurer qu’elle rejoigne bien la colonie

Varroa : la bête noire des ruchers

Mission réussie pour le groupe, qui passe au TP suivant, toujours encadré par Michel Rives, leur formateur expert. Cette fois-ci, il s’agit de procéder au comptage des varroas dans une ruche, ce petit acarien devenu la bête noire de tous les apiculteurs. De son nom complet “varroa destructor”, il parasite les abeilles adultes mais aussi les larves et lymphes, pompant l’hémolymphe et la graisse des insectes, affaiblis. Leur comptage se fait en prélevant un échantillon d’abeilles placées dans un bocal et endormies au CO2, avant de l’agiter doucement pour faire tomber dans un fond séparé les acariens. Leur nombre va déterminer le degré d’infestation de la ruche (lire encadré). 
Cette mise en pratique clôturait la fin de la quatrième journée de formation de ces futurs techniciens sanitaires apicoles (TSA), organisée pour la première fois dans le Cantal par la Fnosad, Fédération nationale des organismes sanitaires apicoles départementaux (dont Michel Rives est l’un des fondateurs et formateurs référents), avec l’appui du GDS Cantal. Leur mission, s’ils sont agréés, sera de réaliser les visites sanitaires de suivi 
requises tous les cinq ans pour les apiculteurs adhérents au PSE, programme sanitaire d’élevage. Ces visites permettent de faire un point sur l’activité et les pratiques de l’apiculteur, ses difficultés potentielles, de repérer d’éventuelles maladies, d’apporter informations et conseils. Actuellement, le Cantal ne compte que deux TSA actifs, encadrés par le vétérinaire de la section apicole du GDS, pour 350 adhérents. 

En quête de TSA

D’où l’enjeu de recruter d’autres apiculteurs volontaires pour endosser cette tâche. Pascal Luc est de ceux-là. “Mon père était apiculteur, j’ai toujours baigné dans l’environnement apicole ; apiculteur de loisir avec six ruches, mon but est de devenir TSA, j’aime le contact avec les gens, échanger avec d’autres apiculteurs”, expose celui dont les ruches installées à Senilhes ont servi de support de formation ce jour-là. “Sur le sanitaire, on a énormément appris”, affiche à ses côtés Nicolas, apiculteur amateur à Saugues, dont l’objectif est de vivre à terme de cette activité en montant de 26 à une centaine de ruches productives. “C’est très enrichissant, ça permet aussi de comparer nos techniques”, abonde  Tristan, membre fondateur du rucher pédagogique de Saint-Jean-la-Gineste (Lot). 
“Quand ils arrivent, ils en savent déjà beaucoup, mais quand ils repartent, ils ont fait un bond technique pour être capable d’apporter un plus sur la santé des abeilles quand ils feront leurs visites”, affiche leur formateur Michel Rives. D’où l’intensité de la session - sur sept jours - avec des apports théoriques sur la biologie de l’abeille, ses maladies, leurs traitements, la réglementation sanitaire, les missions du TSA,... Une formation sanctionnée par un examen tout sauf anodin puisque le taux d’échec peut atteindre un tiers des participants.

Lire aussi https://www.apiculture.net/blog/en-savoir-plus-sur-le-varroa-et-la-varroase-n88

La bithérapie s'impose 

La fin de l’été est la période préconisée d’un premier traitement contre le varroa, avant que les courbes de 
population des abeilles et de leur parasite se croisent. Le traitement se fait en insérant deux lanières traitées à l’amitraz au cœur du couvain afin que les abeilles s’y frottent et exposent ainsi les varroas accrochés sur leur dos. Ces lanières sont laissées dix à douze semaines dans la ruche. De plus en plus, un second traitement s’avère nécessaire dans l’hiver (avec un autre produit pour éviter les phénomènes de résistance(1)), à l’issue d’un comptage du parasite vers Noël (on ne doit dénombrer aucun acarien). Un troisième peut s’imposer au 15 août si le comptage affiche plus de 15 varroas dans la colonie. 
Ces comptages réguliers permettent d’apprécier le degré d’infestation et peuvent se faire par une technique plus simple que le recours au CO2 : en positionnant un lange en papier graissé sous la ruche sur lequel le varroa tombe naturellement. On compte deux-trois jours plus tard le nombre d’acariens puis deux autres fois à trois jours d’intervalle. “On va devoir vivre avec le varroa, indique Justine Gaudré, vétérinaire conseil du GDS, qui suit la section apicole. Si on veut des abeilles en bonne santé, il faut traiter sachant que c’est un enjeu collectif : si les ruches du voisin ne sont pas traitées, cela aura un impact sur les siennes et inversement, comme pour les rats taupiers.”
(1) Raison pour laquelle on n'utilise pas les mêmes lanières non plus chaque été.
 

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