Quel service lors de la prochaine campagne de viabilité hivernale dans le Cantal ?
Les agents ont rencontré vendredi 15 mars le président du Département Bruno Faure pour lui (re)dire leur opposition au projet de partir seul en période hivernale.
Les agents ont rencontré vendredi 15 mars le président du Département Bruno Faure pour lui (re)dire leur opposition au projet de partir seul en période hivernale.

La semaine dernière, la réunion avait tourné court. Les agents du Département étaient repartis bredouille malgré une forte mobilisation humaine et matérielle, bloquant le rond-point de la rue Gambetta. Cette fois, les choses se sont passées différemment. Vendredi 15 mars au matin, les vestes orange fluo étaient toujours aussi nombreuses devant les locaux du Conseil départemental, environ 160, sur les 200 que compte le service des routes cantalien.
“C’est trop dangereux”
David Roques fait partie des mobilisés. Au CRD de Cayrols depuis 2016 après un an et demi sur les routes mauriacoises, il s’oppose à la volonté de la collectivité de faire partir des camions, pendant la période hivernale (15 novembre-15 mars), à une seule personne. Des territoires de montagne l’ont expérimenté, comme le Puy-de-Dôme, certains en sont revenus. Pour le Sansacois, “c’est trop dangereux. Le chauffeur s’occupe de conduire le camion et l’outil, que ce soit la lame ou l’étrave. Et à côté de lui, l’agent surveille le côté droit du camion car nous sommes hors gabarit et hors poids aussi. La Nationale fait 12 mètres de large, mais ailleurs, c’est bien plus petit. Il pilote également la saleuse et la coupe lorsque l’on croise des véhicules”.
Une vigilance de tous les instants pour un duo qui peut intervertir les postes, alors que les journées sont longues, surtout pendant la période hivernale : “On démarre le service à 4 heures, on le termine à 21 heures. C’est fatiguant de conduire un camion...” David Roques et ses neuf collègues, assistés d’un chef de centre et d’un chef d’équipe, assurent également des astreintes de week-end, qui démarrent le vendredi 16 h 30 jusqu’au lundi 8 heures. “Quand c’est le cas, on ne fait pas que du salage : on est appelé s’il y a un accident, des débris sur la route,... Sur une saison, on fait tant de nuits et tant de week-end. Si demain, on part à un par camion, rien que le nombre d’astreintes en moins, ça représente une perte de 500-600 €, voire 1 000 €”, déplore l’agent. Et maintenant que les camions ont été dotés de bluetooth, “on va nous demander de répondre au téléphone, conduire, s’occuper de la lame, de la saleuse tout en évitant des accidents ? Ça ne peut pas marcher !”
Un de ses collègues aurillacois s’inquiète lui de l’équipement dans les centres : “On n’a pas de gravillonneur, pas de camion,... Les véhicules, ce sont des épaves ! C’est l’ensemble qui ne va pas. Quand tu demandes un tableau, on te donne une chaise”, illustre l’agent, qui dit “souffrir” de la mauvaise image qui colle à la peau des agents des routes et invite les élus départementaux “à se déplacer dans les centres”.
Déposer la veste
À celui de La Roquebrou, ils sont cinq agents, “dont un sans permis, et un autre avec un stent au cœur”. Autant dire que ce jeune homme présent aux deux mobilisations enchaîne les astreintes pour “même pas 1 700 € par mois ! Dans ce qu’on nous propose, on va sortir à 23 heures pour mettre des panneaux de signalisation et on va ressortir à 4 heures du matin pour commencer notre journée ? Mais on fait comment à un ? Déjà que c’est dangereux, en plus on nous enlève du pouvoir d’achat !” L’annonce de la réévaluation du Rifseep(1) de 42 € n’a pas rassuré les agents, dont l’un annonçait clairement : “Pour ce montant-là, autant déposer les vestes et se barrer...”
(1) Régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l'engagement professionnel, est l’outil indemnitaire de référence qui remplace la plupart des primes et indemnités existantes dans la fonction publique de l’État.