Lait
Quatre grandes tendances sur les marchés mondiaux
Début 2022, la production se tasse chez les trois principaux exportateurs de lait et de produits laitiers. Avec le retour des confinements en Chine, le Covid continue de faire planer l’incertitude sur la demande dans le premier pays importateur.
Début 2022, la production se tasse chez les trois principaux exportateurs de lait et de produits laitiers. Avec le retour des confinements en Chine, le Covid continue de faire planer l’incertitude sur la demande dans le premier pays importateur.
Les importations chinoises de produits laitiers avaient connu une forte hausse en 2021 (+32 % par rapport à 2020 pour les poudres grasses), en dépit d’un reflux pour le lait infantile
(-22 %/2020). Le phénomène décrit une tendance de fond : le nombre de naissances baisse et les marques nationales regagnent petit à petit la confiance des Chinois après les scandales sanitaires. Ces importations devraient cependant continuer de progresser en valeur. « Ce qui marche en Chine, c’est le haut de gamme. Le lait de chèvre, le bio », a expliqué Jean-Marc Chaumet, directeur économie du Cniel, lors d’une conférence sur les marchés mondiaux du lait organisée par l’institut de l’élevage (Idele), le 31 mai.
Demande chinoise en mutation
Cette année, la reprise de l’épidémie de Covid et les confinements décrétés dans plusieurs villes, comme Shanghai, limitent par ailleurs la demande en produits laitiers. La fermeture des restaurants fait notamment baisser la consommation de fromages et de beurre, des produits principalement consommés hors domicile. La situation affecte aussi bien le lait chinois, dont les prix à la production baissent, que les importations. Au niveau logistique, le débarquement des conteneurs dans le port de Shanghai a pris du retard, ce qui met en difficulté les exportateurs. « Il faudra quelques semaines pour que la situation revienne à la normale. Peut-être au milieu de l’été », estime Jean-Marc Chaumet.
Production européenne stable
Après avoir marqué le pas en 2021, la collecte de lait dans l’Union européenne a reculé moins fortement que prévu au premier trimestre (-0,2 %) et pourrait renouer avec une faible croissance dans la seconde partie de l’année pour finalement atteindre le niveau de 2021 sur l’année, selon les prévisions de la direction générale de l’Agriculture de l’UE (DG Agri). La décapitalisation du cheptel devrait, elle, se poursuivre (-1 %). Trois facteurs seront déterminants, note Benjamin Van Doorslaer de la DG Agri : l’évolution du pouvoir d’achat des consommateurs, les tensions géopolitiques liées à la guerre en Ukraine et la reprise du Covid en Chine. S’ajoute à cela le facteur météo : en mai, la pousse d’herbe était déficitaire dans le sud-est de la France, en Italie et en Europe de l’Est.
Fort déclin de la collecte néo-zélandaise
La production néo-zélandaise devrait être en recul de 4 % sur la campagne juin 2021/juin 2022, en raison d’une météo défavorable à la production herbagère et d’un prix du lait « pas assez incitatif », explique Marion Cassagnou. « La météo sera déterminante sur le pic laitier », appuie-t-elle. Après une très bonne année en 2021 pour les exportations néo-zélandaises (+ 6 % sur la poudre grasse), l’évolution de la situation sanitaire en Chine sera cruciale. La moitié des débouchés du pays dépendent de ce marché. Début 2022, avant même le début des confinements en Chine, les exportations néo-zélandaises étaient en baisse.
Coup d’arrêt à la croissance de la collecte aux États-Unis
En croissance d’année en année (+1,5 % en 2021), la production laitière des États-Unis devrait égaler en 2022 son niveau de l’année précédente, selon les prévisions de l’USDA (département américain de l’Agriculture).
Au premier trimestre, la collecte était en repli de 1 % par rapport à 2021. « La forte hausse des coûts de l’alimentation et des intrants a incité des éleveurs à décapitaliser », note l’Idele dans un dossier consacré aux marchés mondiaux, publié en mai. L’année dernière, les exportations états-uniennes ont été portées par la demande chinoise, aujourd’hui en baisse. Les exportateurs vont donc se tourner vers d’autres marchés pour exporter leurs protéines laitières. La production devrait repartir à la hausse dès 2023. « Il est probable que les États-Unis assurent un rôle de premier plan pour répondre à la hausse de la demande mondiale (à l’avenir, ndlr), anticipe Marion Cassagnou, économiste à l’Idele. La dynamique ne se fait pas en Nouvelle-Zélande ou en Europe. »