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Innovation
Quand le maïs remplace l’énergie du gaz…

En installant à Ennezat une centrale à vapeur à partir de rafles de maïs Limagrain choisit de limiter son recours au gaz, de réduire son empreinte carbone et sa facture énergétique.

La semaine dernière, Limagrain et Dalkia -filiale de Veolia Environnement et d’EDF- ont inauguré la première centrale européenne de production à vapeur à partir de rafles de maïs.

Installée à Ennezat sur le site de Limagrain Céréales Ingrédients (LCI), cette chaudière nouvelle génération, alimente les deux unités de production de maïs et pellets ainsi que des sécheurs et vient se substituer aux deux anciennes chaufferies à gaz. «Cela fait près de vingt ans que Limagrain étudie avec ses partenaires la mise en place d’une chaudière à base de rafles de maïs. Des problèmes d’adaptation technique et de financement ont fait obstacle au projet. La rafle de maïs est en effet un produit particulier qui a demandé de nombreuses expérimentations, de la recherche et du développement pour arriver en 2013 à la mise en route de cette installation» a rappelé Jean-Yves Foucault, président de Limagrain. Les équipes de recherche de Veolia Environnement et du fabricant de chaudières auvergnat Compte-R ont travaillé jusqu’à la maîtrise complète du cycle de combustion de cette nouvelle énergie et de son impact environnemental. La rafle de maïs bénéficie d’un pouvoir calorifique supérieur à celui des plaquettes forestières et présente des caractéristiques spécifiques en matière de fusibilité.

Des enjeux partagés

Depuis janvier 2013, le site LCI utilise donc pour ses productions de maïs et de pellets l’énergie issue des 4 000 tonnes de rafles de maïs cultivés et récoltés en Limagne par les adhérents.

Pour Jean-Yves Foucault « cette innovation s’inscrit pleinement dans la démarche énergétique du site d’Ennezat ». En transformant en énergie chaque année près de 4000 t de rafles de maïs issues du process de production de semences, Limagrain limite son recours au gaz, réduit son empreinte carbone de plus de 2 600 t de CO2 par an et réduit sa facture énergétique ; de quoi répondre aux enjeux environnementaux, tout en apportant une réponse à la production innovante et au besoin de compétitivité économique de l’entreprise. D’ailleurs les partenaires financiers de l’opération ne s’y trompent pas ! Le consensus régional avec l’Ademe, le département et la région est sans faille dans ce projet. Sur un investissement de 2,4 millions d’euros, la coopérative a bénéficié du soutien du Conseil général, du Conseil régional et de l’Ademe à hauteur d’1 million d’euros. «Cette installation est une démonstration concrète de respect de l’environnement, c’est l’effectivité du circuit court ! » a déclaré Christian Bouchardy, vice-président du Conseil régional d’Auvergne en charge de l’environnement et de l’écologie. Nathalie Frelier, directrice régionale de l’Ademe, a salué la réalisation de ce projet. « L’Agence a pour mission de faciliter la réalisation de ce type d’installation qui vise à réutiliser les déchets et les co-produits dans la production d’énergie naturelle». La directrice souhaite d’ailleurs que la future loi sur l’énergie vienne renforcer la mise en place de projets identiques, « c’est bon pour la balance commerciale de la France, c’est bon pour le portefeuille des entreprises et c’est bon pour l’air que nous respirons ».

Même discours du côté de la présidence de Dalkia pour qui « le défi énergétique est immense ». «La transition énergétique est une nécessité pour répondre à l’enjeu majeur des entreprises françaises: gagner en compétitivité et en innovation. D’ici 2020, nous devrons doubler le nombre de centrales biomasse, passer de 500 à 1000 unités. Nous devons donc explorer toutes les possibilités autour de la biomasse pour la production de chaleur, de vapeur autant que pour l’électricité. Une chaudière à base de rafles de maïs est une référence importante qui inspirera d’autres industries en France» a conclu Franck Lacroix, président du groupe Dalkia.

Une innovation made in Auvergne

L’empreinte territoriale régionale est forte dans cette installation. Au-delà du soutien du département du Puy-de-Dôme, de la région Auvergne et des élus locaux, l’ancrage territorial de ce projet est marqué par l’intervention du fabricant de chaudières Compte-R à Arlanc (63).

« Pour nous c’est une première, car c’est une première installation qui fonctionne en agro combustible. Le savoir-faire de la société Compte-R porte surtout sur les chaudières à bois. Face à une forte tension sur le marché des combustibles plaquettes, travailler sur des combustibles de substitution tels que les rafles de maïs est pour la société Compte-R une véritable opportunité. Nous avons travaillé en commun avec Dalkia et réussi à convaincre Limagrain de faire le choix de cette énergie qui souffrait jusqu’alors de nombreux problèmes techniques. Mais nous avons su les dépasser ! Notre objectif aujourd’hui est de développer de nouveaux marchés sur la base des agro-combustibles » expliquent Bruno Chieze, ingénieur grands projets chez Compte-R et Gérard Bouille, expert technique (ici en photo).

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