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On produit de moins en moins ce que l'on consomme en Auvergne-Rhône-Alpes

Faire le lien entre production régionale et besoins alimentaires, telle est l'ambition de l'étude sur l'auto-approvisionnement conduite par la Draaf Aura. On y apprend que le déséquilibre croissant constaté ces dix dernières années pourrait s'accentuer à l'horizon 2030.

burger avec des frites.
La souveraineté alimentaire régionale a été décortiquée par le service statistique de la DRAAF Aura.
© Sophie Chatenet

Le concept d’auto-approvisionnement régional permet de corréler les productions agricoles aux besoins alimentaires. En clair, disposer d'un outil simple pour mesurer le niveau de souveraineté alimentaire régionale. Le service de la statistique régional a souhaité aller plus loin en élaborant une projection plausible de l’agriculture en Auvergne-Rhône-Alpes à l’horizon 2030, basée sur des hypothèses de production agricole et de consommation humaine. Des hypothèses alternatives à ce scénario tendanciel sont testées et permettent de dégager des pistes d’amélioration de l’équilibre d’auto-approvisionnement. Pionnière sur le sujet, la Draaf Aura a déployé un outil qui va être repris et développé au sein du service statistique ministériel, pour produire des résultats à l'échelle de chaque région métropolitaine. Le principe de calcul est de comparer la production destinée à l'alimentation humaine avec la consommation humaine. Cette différence est rapportée au rendement de la culture afin d'en déterminer la surface nécessaire à un auto-approvisionnement théorique équilibré. Le calcul est réalisé pour chaque produit et pour chaque année de 2010 à 2022 mais également dans le cadre d'un scénario 2030 de tendances et de projections. Cet outil ne prend pas en compte les échanges avec l'extérieur de la région. Il s'agit donc d'un calcul théorique mais qui renseigne de manière factuelle sur le niveau de souveraineté.

Une population qui augmente, des rendements qui reculent

Au global, l'observatoire révèle une situation régionale structurellement déficitaire, notamment pour les productions animales, mais également les céréales et oléagineux. Ce déficit se creuse depuis 2010 et plus particulièrement depuis 2018 sous l'effet cumulé de l'augmentation de la population et du changement climatique (plafonnement des rendements et aléas plus fréquents). À l'horizon 2030, en optant pour les moyennes cultivées entre 2021 et 2023, tandis que les rendements sont estimés à partir des données récoltées entre 2010 et 2023, et que l'on table sur un nouvel accroissement de la population régionale, plusieurs scénarios se dessinent. En céréales et oléagineux, le déficit de surface atteindrait 108 000 ha en 2030 dans le scénario 1 (maintien ou aggravation des déficits pour toutes les productions avec une stabilité du comportement alimentaire), et 116 000 ha dans le scénario 2 (aggravation des déficits mais situation proche de la moyenne 2019-2023 pour les aliments d'origine animale avec une modification des comportements alimentaires).

Lire aussi : Consultez l'étude complète

Davantage de légumes secs, moins de viande ?

En légumes secs, les surfaces nécessaires sont en augmentation du fait de la demande croissante. L'équilibre régional nécessite 8 300 ha supplémentaires pour la moyenne 2019-2023. Le besoin augmenterait à 12 000 ha dans le scénario 1 et 14 000 ha dans le scénario 2. En légumes frais, le déficit surfacique est de 15 000 ha pour la moyenne 2019-2023. Il évoluerait vers 15 800 ha dans le scénario 1 et passerait à 16 400 ha dans le scénario 2. En fruits, l'auto-approvisionnement, légèrement excédentaire jusqu'en 2015 grâce à la production d'abricots, devient déficitaire en raison des fortes gelées tardives. Les projections 2030 montreraient un déficit de 5 900 à 6 900 ha selon les scénarios. Pour les viandes, la tendance de consommation d'ici 2030 évoluerait à la baisse dans le scénario 2, dans le même sens que la production, atténuant ainsi le besoin de surface supplémentaire, qui resterait déficitaire à hauteur de 308 000 ha dans le premier scénario et de 265 000 ha dans le second. En lait et produits laitiers, la région était à l'équilibre jusqu'en 2018. Le déficit surfacique atteint 23 000 ha en 2023 sous l'influence d'une nette baisse de production depuis quatre ans, tandis que la consommation se maintient. Cette dernière pourrait peu évoluer dans le scénario 1 alors que la production pourrait se réduire de 5 % en sept ans. Dans ce contexte, le déséquilibre surfacique atteindrait 33 000 ha en 2030 dans le scénario 1, ramené à 15 000 ha dans le scénario 2. Parmi les leviers d'amélioration de l'auto-approvisionnement, l'observatoire pointe l'augmentation des productions végétales et une meilleure valorisation de l'herbe pour engraisser les ruminants.

Lire aussi : Le pâturage, une pratique d'avenir

Le besoin surfacique pour atteindre une autonomie régionale équivaut à 29 % de la SAU pour la moyenne 2010-2014. Il passe à 43 % pour la moyenne 2019-2023. Ce taux monte à 49 % dans le scénario 1 et se stabilise à 44 % dans le scénario 2 ». David Drosne d'Agreste Aura

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