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Congrès FNB
Production, soutien et territoire : le tierçé gagnant pour l'élevage français

Devant les éleveurs bovins français, Michel Barnier a marqué son intention de profiter du bilan de santé de la PAC pour consolider l’élevage et maintenir son ancrage durable dans les territoires.

«La société française attend de son agriculture qu’elle remplisse ses missions fondamentales : produire plus pour nourrir, produire mieux et préserver l’équilibre des territoires » tel est le message formulé par le ministre de l’Agriculture aux éleveurs bovins français réunis en congrès les 13 et 14 février à Clermont –Ferrand. Devant un parterre de producteurs inquiets, Michel Barnier a déclaré vouloir profiter du bilan de santé de la PAC et de la présidence française de l’Union pour consolider l’élevage en France. « Ces deux évènements sont pour nous l’opportunité de faire bouger les lignes sur le politique agricole commune et de regarder dès à présent l’après 2013 afin d’éviter que la PAC ne soit la variable d’ajustement des discussions budgétaires. Ne pas anticiper sur l’après 2013 serait irresponsable » a-t-il déclaré. Le ministre souhaite que la PAC réponde à deux défis essentiels :  premièrement sécuriser l’approvisionnement alimentaire de l’Europe et gérer les risques ; deuxièmement, maintenir une activité d’élevage rémunératrice dans les territoires.

« Pas d’accord à l’OMC, vaut mieux qu’un mauvais accord »

Sur la sécurité de l’approvisionnement alimentaire, il préconise de renouveler le concept de préférence européenne en l’élargissant aux exigences sanitaires et environnementales. « C’est la condition de notre indépendance alimentaire et du maintien de notre activité agricole en Europe ». « Nul part il est écrit que les céréales doivent être américaines, les biocarburants brésiliens, la viande argentine et la facture européenne ! » « Nous ne baisserons pas les bras devant l’OMC ! a-t-il lancé. Et la France sera d’autant plus vigilante que l’absence d’accord reste toujours préférable à un mauvais accord ». Michel Barnier fait aussi valoir la nécessité de préserver des instruments de stabilisation des marchés au niveau européen. Il se refuse au « démantèlement de ces outils sans contre partie » et propose d’inscrire dans le bilan de la Pac des moyens permettant de couvrir les risques climatiques et sanitaires. Sur ce denier point, il prône la création d’un fonds spécifique permettant de mobiliser des fonds nationaux et communautaires en cofinancement de fonds professionnels.

« Bâtir un politique de l’herbe »

Enfin, sur le maintien de l’élevage dans les territoires, le ministre veut en faire une priorité du bilan de santé. « Entre couplage, découplage et régionalisation, toutes les options doivent être posées ; aucune hypothèse n’est exclue à priori ». Le ministre a toutefois souligné « l’importance de maintenir le lien entre la production et certaines primes animales,  notamment la prime au maintien du troupeau vaches allaitantes ou la prime à la brebis ». Il confirme également l’importance de « bâtir une vraie politique cohérente de l’herbe », de « mettre sur la table l’ensemble des soutiens : PMTVA, DPU, PHAE » et « de réorienter les aides du 1er pilier en utilisant plus largement l’article 69 ». « Rien n’est décidé aujourd’hui » a conclu Michel Barnier avant d’indiquer qu’il s’en remettra aux propositions des départements et aux négociations avec les syndicats avant « de discuter avec les autres Etats membres et tenter de faire bouger la Commission ». C.Rolle

Ils ont dit 

Après son intervention au congrès de la FNB, le ministre de l’agriculture a rencontré les responsables professionnels du Massif central à la préfecture de région.

L’occasion d’aborder, d’une manière constructive, les sujets du moment.

Pierre Chevalier, président de la FNB : « La FNB a décidé de poser le débat du rééquilibrage des revenus. Par une claire réorientation des soutiens vers l’élevage, dans le cadre du premier pilier de façon à faire face à une situation structurellement déséquilibrée entre les grandes cultures et l’élevage. Ces évolutions de soutien doivent bien entendu être réversibles si le contexte de marché s’inversait ».

Hervé Guyomard, directeur de recherche à l’INRA : « Avec le maintien à un niveau relativement haut de la demande alimentaire et non alimentaire sur le marché des céréales et des stocks mondiaux faibles, le prix mondiaux devraient être élevés jusqu’en 2015-2020, mais ils seront probablement beaucoup plus volatiles ».

Xavier Beulin, vice-président de la FNSEA : « La question posée sur l’herbe n’est pas illégitime. Néanmoins, la revendication de porter à 300 euros un soutien à l’herbe sur le premier pilier, est vraiment irraisonnable. La grande difficulté est qu’actuellement, nous n’avons pas un budget qui offre une flexibilité. Il nous faut discuter entre nous de l’intégration de l’herbe dans le premier pilier et du niveau d’acceptabilité ». S.G

« Nous n’avons pas en tête le découplage de la PMTVA »

« Le bilan de santé de la PAC n’a pas vocation à évoquer les questions budgétaires. En France, on mélange souvent le bilan de santé et les perspectives de l’après 2013 ». Le chef de cabinet adjoint de la Commissaire européenne à l’agriculture, Klaus-Dieter Borchardt a souhaité d’entrée recadrer le débat. Il a toutefois évoqué « la nécessaire simplification des régimes de paiement unique », reconnu « la difficile justification de l’historique, comme base de calcul des DPU » et acté le principe « d’un nettoyage du champs d’application de la conditionnalité ». Sans détour, il a affirmé que la Commission européenne souhaitait aller vers plus de découplage, l’objectif final étant la régionalisation des aides, tout en précisant « nous n’avons pas en tête le découplage de la PMTVA ». Enfin, à propos des instruments de régulation de marché, le chef de cabinet a expliqué « nous voulons les convertir dans un filet de sécurité ». Un filet qui n’aura pas pour mission de stabiliser les prix, « mais qui pourra être utilisé en cas de crise ».

S.Giraud

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