Prévention contre les mouches : agir maintenant en respectant les bases
La gestion des mouches en élevage passe par une bonne connaissance de ces insectes et de leur cycle, et, une fois les facteurs de risque identifiés, la mise en place de mesures préventives.
Pour mettre en œuvre des mesures efficaces, l’idéal est d’intervenir en amont afin de bloquer le développement des larves sur votre élevage.
Les diptères, un impact important en élevage
Comme nous l’avons vu dans l’article précédent (cf. Insectes vecteurs), les mouches ont un pouvoir pathogène par leurs larves (myase) et, avec d’autres diptères, exposent votre élevage à de nombreuses maladies. En cas d’infestation importante, notamment de mouches, le quotidien des animaux, au pré ou en bâtiment, peut devenir « invivable ». Les conséquences sont multiples : baisse de la production de lait liée à l’agitation des vaches, traites mouvementées, baisse du GMQ, agressivité des animaux,… Ce désagrément touche également l’éleveur, notamment si la maison est à proximité des animaux, mais également le voisinage au sens large, générant des tensions avec les riverains. La mise en œuvre de mesures préventives permet de limiter l’évolution des populations de mouches.
Les mouches et moucherons : différentes espèces à connaître…
Les espèces de mouches les plus fréquemment rencontrées sont la mouche domestique (Musca domestica), la mouche d’automne (Musca automnalis), la mouche de la tête (Hydrotaea irritans), la mouche piqueuse des étables (Stomoxys calcitrans) et la mouche des cornes (Haematobia irritans). Les trois premières espèces sont des mouches « lécheuses », omnivores, qui se nourrissent sur les animaux (déchets de peau, liquides organiques…) et de matière organique en décomposition. Les autres sont des mouches « piqueuses » qui se nourrissent exclusivement de sang, ce qui en fait des espèces très agressives, particulièrement par temps orageux. Les taons et les moucherons piqueurs (simulies, culicoïdes) sont présents dans les biotopes humides, notamment les prairies proches des ruisseaux, les zones boueuses et en lisière des bois. Les mesures préventives à mettre en œuvre contre ces insectes sont de ce fait beaucoup plus limitées.
… et un développement des larves sur de la matière organique
Pendant la période hivernale, les mouches se cachent dans des anfractuosités en attendant le retour de températures favorables. Dès les mois de février/mars, elles peuvent reprendre une activité (notamment les stomoxes). Elles aiment l’humidité, la matière organique et les animaux. Le cycle de reproduction est très simple, une mouche vit 20 jours en moyenne en période estivale et pond plusieurs centaines d’œufs à la fois, soit plus de mille œufs dans sa vie. Ils vont éclore, donnant naissance à des larves (« asticots ») qui se nourrissent et se développent dans la matière organique puis se transforment en pupe avant l’émergence de la mouche adulte. Plus de 80 % de la population globale est constituée de larves et pupes et 90 % des mouches présentes dans un élevage sont nées dans cet élevage. Cela confirme la nécessité de maîtriser les supports de reproduction dans la gestion globale de ces insectes.
Agir dès le printemps, avec la gestion des effluents, …
La réussite du plan de gestion contre les mouches dépend de sa précocité et de l’application de mesures de biosécurité. Les mouches se nourrissant sur les animaux, elles s’éloignent peu des troupeaux, y compris pour pondre. L’objectif de l’éleveur sera donc de laisser le moins de matière organique possible à proximité. Cela passe par une bonne hygiène des locaux, avec curage et nettoyage régulier des bâtiments et des niches à veaux, entretien des litières et évacuation des jus, l’éloignement des fosses à lisier ou des fumières (minimum 200 mètres, idéalement plus de 500 mètres), le nettoyage des outils d’épandage (épandeur, godet…) et une gestion rigoureuse des cadavres et des placentas (bac équarrissage, cloche à cadavre). Au niveau des tas de fumier, la pratique du compostage, avec dégagement plus important de chaleur, bloque le développement des larves. Le brassage des fosses à lisier permet également de limiter les pontes.
… des ressources alimentaires …
Pour limiter les sites de reproduction, on restera vigilant sur les zones autour des abreuvoirs, les litières humides ou la présence d’eau stagnante. Les fourrages humides comme les ensilages d’herbe ou de maïs ou les déchets de distribution peuvent constituer d’excellents supports de ponte. Il faut être rigoureux dans la propreté des abords des silos d’ensilage et d’aliments. La présence de résidus de lait (nurserie, transformation fromagère…) favorise la présence des mouches lécheuses. Au pré, la distribution de seaux à l’ail a démontré une action répulsive sur plusieurs espèces de mouches, dont Wohlfahrtia magnifica.
… et de l’aménagement du bâtiment
Lorsque c’est possible, gardez les bâtiments fermés ou installez des lanières anti-mouches. Dans les bâtiments ouverts, les mouches n’aiment pas les courants d’air, une bonne ventilation de toutes les zones d’élevage freine leur implantation. Dans les locaux techniques, les caillebotis, grilles d’évacuation et autres recoins sont d’excellents gîtes de ponte, il faut les nettoyer très régulièrement.
Une nécessaire gestion sanitaire globale
L’objectif pour chaque éleveur est de mettre en œuvre des mesures qui permettent de maintenir un niveau de population de mouches acceptable. À proximité des bâtiments, cela demande d’intervenir avant de voir les adultes en nombre pour éviter de se laisser dépasser. Au pré, la présence de bosquets ombragés permet aux animaux de s’abriter et de se frotter pour chasser les indésirables. Dans notre prochain article, nous aborderons les différents moyens de lutte à disposition pour compléter ces mesures préventives.
Température ambiante (°C) | Durée ponte-éclosion | Durée stade larvaire | Durée stade pupe | Durée moyenne ponte-envol |
16 | 2 jours | 11-26 jours | 11-26 jours | 40-49 jours |
20 | 1 jour | 8-10 jours | 8-10 jours | 17-21 jours |
30 | 0,5 jour | 5-6 jours | 5-6 jours | 10-11 jours |
La durée du cycle est étroitement liée à la température ambiante, plus il fait chaud, plus la dynamique de contamination s’accélère.