Premières actions syndicales contre Bigard
Début novembre, la Fédération Nationale Bovine a procédé à une opération de stickage en grande surface contre les produits de marque Charal et Bigard.
« Bigard et Charal font mourir les éleveurs ». Le 5 novembre, une trentaine d'éleveurs de la Fédération nationale bovine (FNB) ont investi le magasin Carrefour à Bercy 2 à Charenton-le-Pont, en région parisienne. « Les éleveurs en colère » ont procédé au stickage des barquettes de viande de marque Charal et Bigard dans le rayon boucherie, avant de vider les viandes dans un caddy. « Jean-Paul Bigard bafoue les producteurs », lance Pierre Vaugarny, le secrétaire général de la FNB, avant de poursuivre : « C'est un géant de la viande qui manipule tout et considère les producteurs comme des fournisseurs de minerai, ignorant le travail des producteurs et les attentes des consommateurs ». Joseph Daul, vice-président de la FNB renchérit : « le consommateur se fait arnaquer et les éleveurs trinquent ! On demande au consommateur de boycotter les produits du groupe Bigard ». Et de demander aux enseignes de la distribution de prendre leurs responsabilités. « J'ai entendu vos revendications. Je ferai remonter le message et transmettrai vos souhaits », a assuré le directeur du magasin Thierry Excoffier, qui a reçu une délégation de producteurs pendant quelques instants. Sans s'engager davantage.
En région parisienne, les producteurs de la FNB ont commencé à concrétiser leurs menaces de représailles vis-à-vis du groupe Bigard qu'ils avaient annoncées, après le refus du groupe de s'engager dans une démarche de revalorisation progressive des prix lors de la table ronde du 17 juin dernier. D'autres actions contre l'entreprise devraient suivre en France dans les jours qui viennent, ont promis les éleveurs. Les prix à la production qui avaient pris quelques centime/kg au début de l'été sont retombés à leur niveau antérieur.
Lors de la table-ronde organisée par le ministre de l'Agriculture le 17 juin dernier, les représentants des entreprises industrielles et de la grande distribution avaient reconnu la situation économique catastrophique des éleveurs, conséquence de la course aux prix toujours les plus bas. Pour mettre fin à cette situation pouvant altérer la pérennité-même de nombreuses exploitations, l'augmentation des prix à la production était apparue à tous comme la première urgence.
Quatre mois et demi après, le prix moyen pondéré des bovins est inférieur à son niveau de la mi-juin, date de la table-ronde !
Pourtant, les distributeurs ont consenti des hausses sur les viandes piécées et hachées mais les éleveurs ne les ont pas vu traduites dans leurs prix de vente.
De fait, les producteurs sont de plus en plus absents de la définition du prix, tâche qui a été totalement confisquée par l'industrie. La FNB revendique que soit établi un lien entre la valorisation commerciale du produit et le prix payé aux éleveurs. La « boite noire » que constitue l'industrie doit faire place à des mécanismes plus transparents (indicateurs...).